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Tifai, un symbole de solidité et d'unité vu par Hitireva


"Tifai est le thème qui m'a été proposé par mon auteur, je prends ce qu'il me donne et j'y trouve toujours mon compte c’est-à-dire que moi aussi j'apprends autre chose", confie Kehaulani
"Tifai est le thème qui m'a été proposé par mon auteur, je prends ce qu'il me donne et j'y trouve toujours mon compte c’est-à-dire que moi aussi j'apprends autre chose", confie Kehaulani
Papeete le 07/07/2016 - Au Heiva i Tahiti cette année, le groupe de danse Hitireva mené par Kehaulani Chanquy retracera l'histoire de la couture dans la société polynésienne d'antan. Une activité voire une coutume qui se dégrade petit à petit depuis l'arrivée d'un navire transportant à son bord du tissu ou encore du coton. Mais rien n'est tout à fait perdu selon la chef du groupe.

Inscrit en catégorie Hura Tau (professionnel), la troupe Hitireva dansera sur le thème de "tifai", "c'est le fait de coudre, de lier, de rapiécer" explique la chef du groupe de danse Kehaulani Chanquy.

Coudre était une pratique courante dans la vie polynésienne, autrefois. Pour se rendre sur une autre terre ou sur une autre île, les ancêtres n'avaient que des pirogues comme moyens de transport. Mais attention, pas n'importe lesquelles puisque les pirogues d'antan étaient complètement confectionnées et solidifiées avec du "nape" (cordelettes fabriquées avec des fibres de bourre de coco), pour pouvoir voguer sur l'océan. D'autres éléments naturels étaient également utilisés comme le "tapa".

Beaucoup de choses pouvaient être cousues à l'époque, et l'histoire sur laquelle dansera Hitireva intègrera d'autres façons d'interpréter le thème. "C'est un thème abstrait. Il y a différentes cultures et peuples qui sont rapiécés" avoue Kehaulani.

"Tifai était une pratique qui se faisait déjà autrefois, je parle de nos pirogues toutes confectionnées avec du "nape" tout autour. Les femmes feront leur entrée habillées de "tapa", le "tapa" est un vêtement porté autrefois et qui a fait partie pendant des siècles de la vie du ma'ohi. Nous avons utilisé la couleur blanc-beige ce qui donne un "tapa" revisité. Nos hommes vont rentrer avec un "tiputa" où certains éléments ont été posés, cousus et tressés. On continue avec l'arrivé d''un navire, l'arrivée d'une nouvelle couture et qui va faire perdre tout ce qui est "tapa", tout ce qui est "pe'ue", "tiputa" et même notre manière de naviguer."

Les danseurs et danseuses porteront ce soir-là cinq costumes au total. Un d'entre eux représentera une pirogue avec toutes ses coutures : "tout ce qui est cousu au bord, tout ce qui est cousu pour rapiécer toute cette forme, cette voile, ce "pe'ue". Par exemple, on a des coiffes en "pe'ue" avec une voile".

Pour le grand costume, celui imposé par le jury, les danseurs et danseuses de Hitereva porteront un more "classique" blanc. "Le grand costume rentre parfaitement dans notre thème avec ce mélange de matière de chez nous comme le filet tressé avec une forme un peu différente. Nous utiliserons également des matériaux importés pour représenter le choc culturel".

Le costume végétal sera quant à lui très colorés et très fleuri. Un ensemble qui représentera tout simplement la société polynésienne.

Malgré le choc culturel et l'appropriation d'un autre mode de vie par les ancêtres (avec l'arrivé du navire) Kehaulani ne perd pas espoir : "Nous continuons à transmettre nos coutumes à la nouvelle génération afin qu'elle puisse se l'approprier. Certains diront on aura tout oublié mais moi je dis non. On ne sait pas ce qui se passera demain, c'est à nous de faire en sorte de maintenir nos traditions. C'est ça la morale de l'histoire".

Un message fort et déterminé que vous retrouverez samedi soir place To'ata.

La troupe de Hitireva fin prête pour danser son thème samedi soir à To'ata.
La troupe de Hitireva fin prête pour danser son thème samedi soir à To'ata.

Rédigé par Manava Tepa le Jeudi 7 Juillet 2016 à 18:06 | Lu 6894 fois