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Théâtre bilingue : Tihoni en marche vers le petit théâtre !


Théâtre bilingue : Tihoni en marche vers le petit théâtre !
La troupe de théâtre de RAFIO a rencontré la presse, ce mercredi 21 novembre dans la grande salle de médiathèque de l'établissement. Salués et félicités par le directeur du conservatoire, Fabien Dinard, encouragés par leur enseignant de 'Orero, Rafio, chaque comédien, chanteur, chorégraphe et musicien a expliqué le pourquoi de sa présence dans une aventure qui part du cours de 'orero, unité de valeur nécessaire pour acquérir le diplôme de haut niveau. Le petit théâtre de la Maison de la culture, qui co produit cette pièce bilingue, accueillera les réflexions philosophiques de Tihoni les 21 et 22 décembre prochains. Le spectacle promet, puisqu'à côté des répliques sont invités tous les arts, de la danse à la musique en passant par le chant et, bien évidemment, le 'Orero. "J'y viens pour compléter ma formation", déclare David Teriirere, qui joue le rôle de Maui dans la pièce en quatre actes. "Et pour rechercher mes racines". Tihoni raconte en fait l'histoire d'un homme qui s'interroge sur l'évolution sociale et culturelle de son Fenua. Il partage ses interrogations avec un groupe de jeunes...

Une pièce bilingue en quatre actes

Présentation de la Pièce
Tihoni, un personnage imaginaire en Polynésie connu pour ses farces et sa formule légendaire « Aita e peapea, pas de problèmes » est préoccupé et travaillé par l’évolution, trop rapide à son goût, de la société polynésienne. Il décide alors d’adresser une lettre ouverte à la jeune génération quant à ses observations.
Pour sonder la portée de sa démarche, il consulte l’avis de ses amis, Hina et Maui. Bien entendu, connaissant le personnage, ils n’accordent aucun crédit à son projet de lettre. Mais Manu, un jeune homme d’une vingtaine d’années, étant témoin des propos de Tihoni, a clairement manifesté son opposition. Et au cours d’une répétition, il fait part à ses amis, tous passionnés par la danse traditionnelle, sa colère et ses intentions.

Regard sur le personnage principal
Le Tihoni d’hier a fait son chemin et a traversé nos esprits et notre époque. Il était le compagnon de la détente, du relâchement et de la rencontre. Ou tout le monde, autour d’un feu par exemple, aimait à se retrouver pour conter ses prouesses.
Le nouveau personnage de Tihoni, tout en gardant son côté humoristique, n’est plus dans l’imaginaire. Le théâtre lui donne vie pour exprimer son point de vue sur des sujets d’actualités. Il s’adapte et s’insère dans une nouvelle société polynésienne qui vit pleinement son époque, avec des hauts et des bas. Un monde aux multiples vérités contradictoires. Ou le marasme économique, la pauvreté, le chômage, la vie chère font partie du quotidien des maohi les plus démunis.
Pour sa première apparition sur scène, Tihoni place la perte de vitesse du reo maohi au même niveau de dangerosité que la pauvreté et le chômage que traverse le fenua au jour d’aujourd’hui.
Arrivera-t-il à convaincre ses amis, Hina et Maui du bienfondé de sa démarche ? Autant que Manu auprès des siens dans son opposition à Tihoni ?

Artistes en herbe…
La troupe est formée de douze éléments. Ils sont jeunes et composés de 7 filles et 5 garçons. Ils sont tous majeurs et élèves au Conservatoire Artistique de la Polynésie. Tous passionnés par la culture, l’art oratoire et la danse en particulier. Certains ont fréquentés la maison depuis de longues années et sont en mesure de passer le diplôme supérieur d’Etude Traditionnel.
Pour tout le monde, c’est une première dans le domaine du théâtre. Un chalenge et une nouvelle expérience à mettre à leur compte. Des artistes en herbe très motivés. A cet effet, la chorégraphie et la mise en scène de l’acte 2 de la pièce sont l’œuvre des intéressés.
Ils sont à la fois chorégraphes, acteurs, danseurs chanteurs. Ils sont talentueux et prometteurs. Beaucoup seront surpris par leurs prestations et leurs parfaites maitrises artistiques. C’est une relève de qualité à encourager à tout prix.

La problématique de fond, selon Rafio

« Malgré une forte promotion dans les médias et des acteurs de talent, le public polynésien semble pour l’instant, montrer un intérêt tout relatif pour le théâtre en langue française.
D’un autre côté, le succès incontestable et l’engouement du public, sous l’effet de Mama RORO, une œuvre théâtrale en reo maohi de Maco TEVANE, reprogrammée par Te Fare Tauhiti Nui 30 années plus tard, sont des signes solides et bien enracinés qui permettent de dire que le Polynésien a sa perception du sujet et n’a guère perdu le sens de l’humour, malgré les aléas de la vie. Je citerai aussi l’œuvre EITA IA de John MAIRAI qui a reçu par le passé un triomphe et la reconnaissance du public maohi. Si la transmission orale, a été le socle et le support de l’enseignement des connaissances et des savoirs dans la société maohi d’antan, il est évident et regrettable de constater que le pays à un lourd déficit en matière d’auteurs-écrivains, ce qui explique la quasi-inexistence du sujet en reo maohi.
Bien heureusement, la danse, le orero, la percussion, le himene, la sculpture sont reconnus et enseignés dans les Etablissements publics. Ce n’est pas le cas du théâtre en reo maohi. Et le FareUpa Rau, soucieux de son développement, dispose de l’équipement adéquat pour accueillir la discipline.
Tout en étant conscient de l’importance de la carence et du défi à relever, le concept de la fusion de l’art dramatique à l’art oratoire est l’idée de projet accepté d’un commun accord entre Monsieur Fabien DINARD Directeur de l’Etablissement et moi-même au titre d’enseignant itinérant
. »

Intervention du Directeur du CAPF: Fabien DINARD

« Ia Ora Na à vous tous et bienvenus à Te Fare Upa Rau. Vous êtes toujours les bienvenus au conservatoire;
Ce projet, cette pièce de théâtre bilingue, Te Hi’o Na Tihoni,baigne dans la douce lumière de Matarii, le lever des pléiades. Il évoque donc l’abondance, l’abondance d’un jardin, d’une terre, de notre culture. Où l’on peut puiser à volonté, tant que l’on puise avec le respect dû à la terre et à l’environnement.
-Nous avons eu la chance, avec RAFIO, de compter sur un professeur de Orero qui tout d’abord a bien voulu relever le défi de remonter la classe, puis qui a souhaité aller plus loin.
-Plus loin, c’est-à-dire, de l’art déclamatoire, qui est une constante historique, rituelle et sacrée, d’une certaine manière, au théâtre, art plus populaire, art où l’on peut dire les choses avec plus de liberté, dans un cadre qui reste pédagogique puisqu’ici, nous sommes au conservatoire et qu’il est question d’apprendre, et de véhiculer cette connaissance.
-Je rends ainsi et tout d’abord hommage aux élèves de notre établissement, comédiens, danseurs, chorégraphes et musiciens, qui ont accepté de relever ce défi.
-Ce sont des élèves du département des arts traditionnels, ils viennent d’arts différents mais ils se lancent. Et je félicite ceux qui ont rejoint le projet, et qui je l’espère rejoindront l’établissement un jour.
-Je ne serai pas long. Je vous rappellerai qu’au conservatoire, dès l’âge de quatre ans, nos jeunes apprentis danseurs et danseuses, sont élevés dans l’amour du reo tahiti, parce que la danse les invite à nommer ce qu’ils voient, ce qu’ils touchent.
-Cela continue tout au long de leur cursus, d’une durée de 11 ans, et l’art oratoire vient consacrer cette pratique.
-Je profite de cette occasion pour vous inviter à notre grande journée « Portes ouvertes », qui se tient cette année le mercredi 12 décembre à partir de 15H dans l’espace du quartier BROCHE, notre ancienne présidence. Nous engageons 500 élèves qui feront le show en ‘ori tahiti, percussions, ukulele, himene et guitare traditionnelle et … théâtre, en avant-première.
-Je souhaite donc pleine réussite à cette jeune troupe de 15 artistes, et j’espère du fond du cœur que nous arriverons, en nous lançant ainsi, à créer une réelle dynamique, et à aller, l’année prochaine, vers un festival qui regrouperait plusieurs metteurs en scène, chorégraphes et auteurs. Afin de faire fructifier cette première petite graine.

Merci de votre attention
»



Rédigé par CAPF le Vendredi 23 Novembre 2012 à 09:55 | Lu 888 fois