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The 'Arioi experience : du e-learning pour aider les enfants de Papara


PAPARA, le 23 juin 2017 - Comment financer des activités culturelles à ses enfants quand les moyens financiers ne suivent pas? C'est à cette dure équation que le centre culturel et artistique 'Arioi tente d'apporter une solution depuis plusieurs mois. Grâce à internet et à l'amour de la culture polynésienne des étrangers, une partie du problème devrait être bientôt résolu.

"Une passion, des valeurs, une culture, une famille."
Sur la route qui mène au collège de Papara, à deux pas de la mairie, un grand fare pote a retrouvé des couleurs. L'ancien musée du coquillage s'est transformé. Murs repeints, toiture réparée et jardin arrangé, le bâtiment municipal accueille désormais le centre culturel et artistique 'Arioi, créé en 2016 par Hinatea Colombani.

13 heures tapantes en ce mercredi du mois de juin. Des dizaines de savates jonchent l'entrée. Les enfants patientent à l'intérieur du centre. Leurs rires remplissent l'espace. Les bises claquent. Les accolades sont nombreuses. "'Ia ora na tatie, tu danses avec nous aujourd'hui?" Terangi Bougues, la manager, accueille "ses petits" avec chaleur et douceur. "Aujourd'hui, c'est tatie Tehea et tonton qui s'occupent de vous", répond cette maman de 37 ans. En pareu ou en short, garçons comme filles se placent face au miroir. Leur cours de ori Tahiti va bientôt commencer.

"NOUS NE FAISONS AUCUNE DIFFÉRENCE"

La plateforme en ligne permettra à tout le monde d'accéder à des cours de danse, percussions ou encore de langue tout en permettant à des enfants  de renouer avec leur culture.
La plateforme en ligne permettra à tout le monde d'accéder à des cours de danse, percussions ou encore de langue tout en permettant à des enfants de renouer avec leur culture.
Danse, chant, percussions et dessins sont au programme pour ces jolies têtes brunes de la commune. Le centre culturel et artistique 'Arioi est devenu un endroit incontournable de Papara. Un repère pour la nouvelle génération. Ils s'y retrouvent entre copains ou en famille pour apprendre la culture de leurs matahiapo, parfois oubliée dans un placard. "Nous sommes tous issus de la classe moyenne et nous avons eu tous, plus ou moins, le même parcours. Quand nous étions jeunes, nous n'avons pas eu accès aux arts traditionnels. Mais nous nous sommes rendu compte que nous ne parlions plus avec nos aînés. Alors, nous nous sommes posés la question : "Comment lier les différentes générations? ", explique Terangi Bougues dans un large sourire.

Voilà plus d'un an que le centre a ouvert ses portes. Objectif : renouer avec la tradition, la culture, la langue. Apprendre aux enfants d'où ils viennent pour mieux comprendre qui ils sont et savoir qui ils veulent devenir, tel est le sacerdoce que Hinatea Colombani et son équipe se sont fixés.

'Arioi accueille environ 140 enfants. Chacun y a trouvé sa place. "Nous sommes fiers de les accueillir, toutes les classes sociales se rejoignent ici. Nous ne faisons aucune différence…" Au-delà de l'aspect culturel, le centre se veut aussi porteur de valeurs telles que le respect, l'amour, le partage et la cohésion. Les enfants sont au centre des préoccupations de l'équipe du centre. Une culture et des valeurs pour tous : une ambition qui n'est pas toujours évidente à réaliser pour raisons financières.

3000 FRANCS AU LIEU DE 6000 FRANCS

Les enfants de l'école de danse ont participé au Heiva des écoles.
Les enfants de l'école de danse ont participé au Heiva des écoles.
Les tarifs des activités ont été fixés au plus bas possible. Pour la première fois cette année, le centre devrait être capable de s'autofinancer. Auparavant, c'est l'argent de l'école de danse de Hinatea Colombani, Matehaunui, qui permettait de le développer. Cette année, 'Arioi a obtenu une aide du contrat de ville. La moitié du tarif mensuel des activités a été pris en charge pour les familles qui n'en avaient pas les moyens. "Tout le monde ne peut pas se payer un mois d'activité à 6000 francs. Même 3000 francs, cela demande un effort pour quelques familles, mais elles le font, car elles préfèrent savoir leurs enfants ici qu'à traîner dans le quartier…", souligne Terangi Bugues, la manager.

La subvention a permis aux enfants des quartiers prioritaires de cette commune de la côte ouest d'accéder aux activités. Mais elle ne devrait pas être reconduite cette année. Impossible n'est pas pour Hinatea Colombani, Terangi Bougues et le reste de l'équipe. Ils ont trouvé une solution pour continuer à aider les enfants.

AIDER LES ENFANTS À VIVRE LEUR PASSION

Les vahine ont cours de ori tahiti le mercredi et le vendredi après-midi.
Les vahine ont cours de ori tahiti le mercredi et le vendredi après-midi.
Dès le début du mois de juillet, une plateforme de e-learning sera lancée sur le site du centre culturel. Ori Tahiti, cours de langue, percussions ou encore fiches pratiques pour apprendre les secrets de recettes culinaires ou cosmétiques seront disponibles. "Notre culture plaît. Ici, en métropole, mais aussi à travers le monde: au Japon, aux Etats-Unis et au Mexique. Seulement, tout le monde n'a pas les moyens de venir sur Tahiti pour suivre des cours et ateliers, comme nous allons le faire avec un groupe de danseuses du Japon et de Taiwan en juillet, détaille Terangi Bougues. Donc, nous nous sommes dit qu'il serait intéressant de proposer les cours que nous proposons pendant les stages à distance, via Internet."

Des vidéos et des fiches, traduites dans différentes langues, seront disponibles en ligne. Certains outils seront gratuits et d'autres, en revanche, seront payants. Les fonds récoltés permettront de financer une partie des cours pour les enfants du centre. "Ainsi, nous avons calculé qu'un cours de ori Tahiti payé en ligne va payer deux mois d'activité à un gamin de la commune qui n'en a pas les moyens…" Du sponsoring caritatif en somme.

Les responsables 'Arioi espèrent ainsi faire grossir la cagnotte et permettre un accès à la culture pour tous les enfants qui le désirent, sans regarder leur compte en banque. Cette action devrait permettre de faire résonner encore pour longtemps le slogan du centre : "Une passion, des valeurs, une culture, une famille."

L'équipe

Hinatea Colombani.
Hinatea Colombani.
• Hinatea Colombani, directrice du centre culturel et artistique ‘Arioi et de l’école de danse Matehaunui et professeur de danse tahitienne

- 1985 : naissance à Papeete et premiers pas de danse
- 1998 : intégration de la troupe Toa Reva de Manouche Lehartel
- 2006 : départ pour des études de droit et sciences politiques en métropole
- 2008 : retour au fenua, collaboraiton avec Makau Foster et création de son école de danse Matehaunui.
- Janvier 2016 : naissance du centre culturel et artistique 'Arioi, un projet de longue date et réalisé grâce l'aide des proches de Hinatea.

• Terangi Bougues, manager du centre culturel et artistique ‘Arioi


- 1980 : naissance à Papeete.
- 1997 : entrée à l'Ecole Normale pour devenir professeur des écoles.
- 1999 : " Je réalise que l'enseignement n'est pas ma vocation et je commence alors à voyager et à travailler dans le tourisme. Pendant près de 15 ans j'occupe des postes de manager et directrice de l’hébergement dans l’hôtellerie."
- 2016 : rencontre à nouveau Hinatea et s'engage auprès d'elle et du centre.

• Moeava Meder, agriculteur et professeur de percussions

- 1980 : naissance à Papeete.
- 2002 : rencontre avec Hinatea.
- 2016 : devient professeur de percussions au centre.
- 2017 : décide de créer un fa'a'apu mā'ohi. "Je souhaite que les gens se réapproprie leur culture en redécouvrant la nourriture traditionnelle. "

• Mike Teissier, artisan sculpteur, professeur de chant polyphonique


"Je connais Hinatea depuis quelques années et je souhaite participer, avec elle, à l’essor culturel des futures générations."

• Tehea Faucher, professeur de Reo Tahiti et assistante de ‘Ori tahiti


"C'est durant la première période de ma deuxième année de Master que je rencontre Hinatea Colombani au Centre Culturel et Artistique 'Arioi ou j'effectue un stage d'un mois en rapport avec la problématique de mon mémoire. Depuis je suis restée parce que j'aime le travail que toute l'équipe du centre pour mettre en valeur notre langue, notre culture, notre héritage et nos enfants."

• Neagle Teinaore, professeur de ukulele et de guitare

"A bientôt 40 ans et après avoir exercé plusieurs métiers à responsabilité dans l’industrie, l’hôtellerie et le commerce, je suis fier de pouvoir enseigner mon amour pour la musique au travers de l’approche culturelle qu’offre le Centre Culturel et Artistique ‘Arioi."


• Laura Theron, chargée de développement :

" J’ai rencontré Hinatea, il y a quelques mois, et à l’issue d’une première rencontre (de 5H !), il devient évident que nous partageons la même passion pour la culture de notre pays et pour la diffusion de celle ci. Nous partageons aussi la certitude que la culture doit être accessible à tous et qu’il faut intéresser les jeunes (mais aussi les moins jeunes) à ce qui fonde notre identité culturelle en restant connectés avec la réalité du monde moderne."

Pratique

Le Centre Culturel et Artistique ‘ARIOI est situé au PK 35,800 côté Montagne, dans les locaux de
l’ancien Musée du Coquillage, en face du collège de Papara.
Association Centre Culturel et Artistique ‘Arioi : 87.76.16.23 (Présidente) ou 87.75.29.99 (Coordinatrice) ou 87 76.63.63 (Chargée de communication) ; 87.37.49.09 (Centre) - Courriel : [email protected] ou [email protected]

Facebook : Centre Culturel et Artistique ‘Arioi et Tahitian Culture Workshop – The ‘Arioi Experience.

Des activités culturelles et de l'aide au devoir

Outre les activités culturelles, les responsables du centre ont aussi mis en place des cours de soutien scolaire pour tous les niveaux assurés par des étudiants de l'Université de Polynésie française.

Un fa'a'apu a été mis en place dans le jardin du centre pour que les enfants apprennent à cultiver les produits de leur terre.
Un fa'a'apu a été mis en place dans le jardin du centre pour que les enfants apprennent à cultiver les produits de leur terre.

Rédigé par Amelie David le Vendredi 23 Juin 2017 à 15:19 | Lu 3554 fois