Tahiti Infos

Territoriales : les protecteurs de l'environnement interpellent les candidats


PAPEETE, le 9 avril 2018. La Fédération des associations de protection de l'environnement a interpellé les candidats aux territoriales afin que la protection de l'environnement devienne un enjeu dans la course électorale et devienne une priorité pour le futur gouvernement. Te Ora Naho a communiqué une liste de propositions aux partis politiques en lice.


A moins de deux semaines du premier tour des élections territoriales, la Fédération des associations de protection de l'environnement interpelle les candidats et leur demandent de se positionner sur les grands dossiers (complexe aquacole à Hao, Village Tahitien, pêche industrielle aux Marquises, construction d'îles flottantes…) qu'elle juge "préoccupants".

Les mesures à prendre en matière environnementale sont urgentes. "Les bilans environnementaux dressés successivement par la collectivité depuis 1995 indiquent que la biodiversité y est menacée plus qu’ailleurs, que de nombreux lagons subissent la surpêche, que le domaine public maritime et le littoral sont malmenés, et que trop de cours d’eau douce sont pollués. Le territoire polynésien enregistre ainsi le plus grand nombre d’espèces éteintes ou menacées de toutes les collectivités françaises des outre-mer", mettait déjà en garde en octobre dernier la chambre territoriale des comptes après avoir épluché la politique environnemental du Pays.
Te Ora Naho a communiqué une liste de propositions aux partis politiques en lice.

Stop aux sacs et pailles en plastique
La fédération de l'environnement place la question des déchets en premier dans sa liste. Les protecteurs de l'environnement locaux proposent que des objectifs de réduction des déchets ultimes (qui ne sont plus valorisables, ni par recyclage, ni par valorisation énergétique) soient définis et adaptés à chaque archipel. Pour réduire ces déchets, la fédération souhaite aussi encourager le compostage, le recyclage…

Alors qu'aujourd'hui, il n'est pas rare de voir des sacs en plastique flotter dans le lagon ou sur les plages, la fédération propose d'interdire la commercialisation et la distribution des sacs et pailles en plastique et d'instaurer une consigne sur les contenants en plastique. Pour tenter d'enrayer ce fléau qui pollue les paysages et les océans, de nombreux pays ont déjà mis en place cette interdiction.

Energie et transports verts
Alors que l'énergie est majoritairement d'origine thermique, la fédération propose de développer l'énergie solaire et l'énergie thermique des mers plutôt que l'hydroélectricité à Tahiti.
Pour mettre fin au tout-voiture, Te Ora naho souhaiterait que soient construits des parkings relais pour encourager le co-voiturage et les transports en commun et des pistes cyclables et zones piétonnes…

Préserver nos ressources marines
En plein projet de pêche industrielle aux Marquises, la fédération s'inquiète pour les ressources marines polynésiennes. Pour éviter une surexploitation, elle propose de créer "un réseau de réserves marines couvrant 30 % des eaux de Polynésie française pour permettre la régénération des ressources : au niveau côtier avec un rahui dans chaque commune et au large avec des grandes réserves marines". La fédération souhaite aussi que soient favorisées "les aides à la pêche artisanale par rapport à la pêche industrielle" et que les techniques de pêche soient réglementées de manière plus stricte (taille des prises et des filets, période de pêche, quota…).

Attention aux extractions et terrassements
"Terrassement, remblais, extractions sont des modes d'aménagement qui perturbent l'équilibre des écosystèmes", souligne la fédération qui demande donc "d'organiser la transition vers la construction en matériaux issus de ressources renouvelables pour mettre fin aux extractions d'agrégats en rivières" et propose d'exploiter du "bois local issu de forêts durables gérées".
La fédération souhaite aussi "limiter la déforestation et renforcer les berges et les littoraux en mettant en place un programme de reforestation avec des arbres et arbustes indigènes".

Soutenir l'agriculture bio
Le gouvernement a lancé en début d'année la campagne « Manger local » pour promouvoir et valoriser les produits et les filières agricoles et piscicoles. Une démarche encore insuffisante pour la Fédération, qui recommande de "soutenir davantage l'agriculture locale biologique et de développer la permaculture". Celle-ci vise à économiser les investissements en matériels, outils, engrais, travail et eau, tout en maximisant les rendements : choix de semences adaptées, association de culture, couverture du sol, agroécologie...
Te Ora Naho propose aussi de soutenir les circuits courts du producteur au consommateur, par exemple en instaurant des repas locaux et biologiques dans toutes les cantines. Elle souhaite aussi que soit supprimée de "manière planifiée les produits phytosanitaires et les engrais nocifs pour l'environnement terrestre, marin et la santé publique".

Un tourisme durable ?
Le tourisme est la première industrie de Polynésie. "Il reste encore beaucoup à faire pour le rendre véritablement durable", souligne la fédération qui propose donc de "définir un écotourisme de qualité avec un label et des contrôles stricts" et d'encourager "la création de produits touristiques durables (expériences culturelles, volontourisme, écotourisme."

Plus d'espaces verts en ville
Les immeubles poussent, tandis que les jardins se réduisent comme peau de chagrin en ville. La fédération souhaite que la nature retrouve ses droits en ville et aimerait voir se multiplier les "constructions écologiques, les zones piétonnes et cyclables, les jardins publics et partagés, la végétalisation des façades, des murs et des espaces non-bâtis avec des plantes indigènes".

"La politique environnementale polynésienne nécessite un portage politique fort. Pourtant, le ministère de l'Environnement est souvent le dernier dans l'ordre protocole et les sept services qui sont en charge de l'environnement dépendent de plusieurs ministères qui agissent la plupart du temps sans lignes directrices communes"
, note la fédération qui regrette que les "impacts environnementaux" (des grands projets) sont "souvent méconnus ou non maîtrisés".

Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 9 Avril 2018 à 16:00 | Lu 1418 fois