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Taunoa : le couple se réveille face à un cambrioleur cagoulé


Prudence et Florent étaient assoupis devant leur téléviseur lorsqu'ils ont surpris un individu cagoulé dans leur salon, vendredi soir.
Prudence et Florent étaient assoupis devant leur téléviseur lorsqu'ils ont surpris un individu cagoulé dans leur salon, vendredi soir.
PAPEETE, 2 juillet 2018 - Un couple de Taunoa a été victime d’un cambriolage perpétré par un individu cagoulé, vendredi soir, sous leurs yeux. Partagés entre un grand sentiment d’insécurité et la volonté de se faire justice, Prudence et Florent songent sérieusement à déménager.

Installés depuis février dernier, c’est la deuxième fois qu’ils ont à subir une violation de leur domicile en moins d’un mois. Mais, après l'épisode de ce week-end, c’est l’audace du voleur qui laisse aujourd’hui Prudence et son compagnon dans un grand sentiment d’insécurité. Si le préjudice lié à ce cambriolage-éclair est estimé à 25000 Fcfp par les victimes, en plus de complications administratives en perspective, lorsqu'il s'agira de refaire des papiers d’identité dérobés avec un portefeuille, "ce qui nous fait peur aujourd’hui, c’est qu’ils n’hésitent pas à entrer complètement dans la maison alors que nous sommes là. On dirait qu'ils ne craignent rien", annonce Prudence, visiblement encore sous le choc, trois jours après.

Les faits se sont déroulés dans la soirée de vendredi dernier, en bord de route côté mer, boulevard Hititai à Patutoa, Papeete.

Prudence et Florent étaient assoupis devant leur télévision. Le portail de la maison de location où ils résident était fermé ; mais la pièce principale était portes et fenêtres ouvertes. "C’est normal. Il faisait chaud", se souvient Prudence. Et, c'est donc somnolente que vers 21 h 30 : "J’entends un bruit. On a l’habitude que les chats de la voisine viennent fouiller nos poubelles. Je lève les yeux. Et là, je vois un gars, devant moi, cagoulé sous une capuche, vêtu d’un pantalon, en train de débrancher l’enceinte posée sur le comptoir de la cuisine", explique-t-elle sous le regard de son compagnon, Florent, un militaire de carrière. "Je me suis levée en criant ‘eure ! Il a pris la fuite sans rien faire tomber. Pourtant, le passage est étroit", explique-t-elle en indiquant la porte de la cuisine qui communique avec l’extérieur, et le repose-vaisselle placé en bordure, juste à l’entrée. Il était encombré, vendredi soir : "Quand il a vu qu’on se réveillait, il a pris la fuite avec agilité. Un complice attendait dans le jardin. L'autre était en short, avec une cagoule aussi. On les a vus sauter par-dessus le portail et s’enfuir", confirme Florent.

"Quand tu vois ça, tu te demandes vraiment où tu es"

L’épisode aura duré un peu moins d’une minute. Reste aujourd’hui, pour ce jeune couple, un choc émotionnel persistant, suite à cette violation de domicile. "Comment on fait maintenant ? On ne peut plus rester tranquille chez soi ? Il faut s’enfermer ?", questionne Prudence, agacée.

"La dernière fois, on s’est fait voler le vélo qui était juste là", explique son compagnon en désignant un emplacement, sur la coursive extérieure à l’entrée de la cuisine. C’était le mois dernier. "J’avais l’habitude de l’attacher pour la nuit. Mais ce soir-là, vers 18 heures je me rends compte qu’il a disparu... On avait rien entendu".

"Ce sont des jeunes", estiment ces deux victimes. "Au niveau de la corpulence, le gars dehors avait l’air plus âgé que celui qui est entré".

Mais pour prudence, l'accoutrement de ces deux voleurs ajoute au choc qu'elle a eu à subir : "Le fait de les voir cagoulé… J’ai pensé qu’on allait se faire agresser physiquement. J’ai eu peur. On était habillé pour être à la maison. Quand tu vois ça, tu te demandes vraiment où tu es".

Florent a déposé plainte lundi matin pour vol dans un local d’habitation. Vendredi soir, le couple aurait essayé de signaler l’intrusion à plusieurs reprises, en tentant de contacter la Direction de la sécurité publique (DSP). Ils ne seraient parvenus à obtenir un interlocuteur qu’à la quatrième tentative, sans que cela ne donne lieu à une intervention de police. Les deux victimes ont aujourd’hui le sentiment d’avoir été négligés par les forces de l’ordre.

Négligence ou pas, contacté lundi matin, à la DSP on nous explique que cette information est étonnante. "Je comprends qu’ils soient traumatisés", convient volontiers un cadre de la police. Il admet aussi que "malheureusement, ce genre d’intrusion est assez fréquent" en zone urbaine : "C’est un vol d’opportunité. Les gens gardent les fenêtres ouvertes parce qu’il fait chaud. Les voleurs en profitent pour entrer". Pour ce cadre de la DSP, sept fois sur dix, ce type de dossier de plaintes fait l’objet d’une transmission en vaine recherche. "Là, encore, on a très peu d’éléments : il faut être honnête".

Du côté de Taunoa, de guerre lasse, Florent et Prudence songent sérieusement à déménager, aujourd'hui. Le week-end dernier, une de leurs voisines s’est fait voler des bouquets de fleurs à son domicile.

Militaire, Florent est régulièrement appelé à s’absenter pour des périodes de une à deux semaines. "Si j’avais été toute seule, comment j’aurais fait ? Je me serais fait tabasser ?", interpelle Prudence. "Ma seule solution, le dernier recours, c’est mon grand frère…", lance-t-elle. "Il connait bien le quartier. Il va se renseigner. A Mahina, mon père est fou de rage depuis que je lui ai raconté tout ça. Je ne préfère pas qu'il s'en mêle, parce que si ça continue, il risque d'y avoir un mort..."


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 2 Juillet 2018 à 13:05 | Lu 25050 fois