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Tarif triplé pour s'inscrire en Master 2 à l'UPF : les étudiants en colère


PUNAAUIA, le 11/07/2017 - 340 000 francs, voici ce que doivent payer les étudiants en Master 2, et plus particulièrement, celles et ceux qui sont salariés. Un tarif qui a plus que triplé par rapport à leur première année de Master. Mais rassurez-vous, le président de l'Université proposera une mesure de transition au prochain conseil d'administration en septembre, afin de maintenir le même tarif pour l'année scolaire 2017-2018, soit un peu plus de 90 000 francs.

Certains étudiants en Master 2 montent au créneau. Ils ne comprennent pas la nouvelle tarification que leur impose l'Université afin de poursuivre leurs études.

Nous avons rencontré Doris, une étudiante en Master 2 de droit. "Je n'ai pas validé ma deuxième année de Master, du coup, je suis obligée de refaire mon année au mois d'août." Jusque-là, tout allait bien. Mais, "une copine nous a dit qu'elle avait entendu que les frais avaient augmenté et ils seraient dorénavant à 340 000 francs pour les salariés, et 95 000 pour les non-salariés", confie la jeune femme.

"Je ne sais pas pourquoi ils ont augmenté les tarifs, et je ne sais pas non plus si on peut payer en plusieurs fois. Je trouve que c'est un frein dans la poursuite des études", poursuit-elle.

"Le conseil d'administration a voté comme ça, et j'avoue que ça a été plus réfléchi sur le M1 que sur le M2. Donc, je pense qu'au prochain conseil d'administration de septembre, je demanderai de voter des mesures transitoires uniquement pour les étudiants salariés de M2 pour cette année, afin qu'ils puissent payer les anciens droits, soit 90 000 francs. Et on passera à la nouvelle tarification, à la rentrée scolaire de 2018-2019", répond Patrick Capolsini, président de l'Université de la Polynésie.

En attendant, la validation par le conseil d'administration au mois de septembre, "on va les pré-inscrire dans un premier temps."

Et d'autres nouveautés seront applicables pour les étudiants en Master. Ils auront désormais le choix entre une formation initiale ou une formation continue, destinée aux salariés (lire ci-dessous l'interview du président de l'Université).

Cependant, les étudiants salariés peuvent également choisir leur unité d'enseignement. "Un salarié peut dire, ah ben cette année, je n'ai pas le temps de tout suivre. Donc, je ferai les modules 1, 2 et 3. Ensuite l'année prochaine, je me réinscrirai et je ferai le reste. Jusqu'à présent, ils devaient payer 90 000 francs même s'ils ne suivaient qu'un seul module. Maintenant, nous pouvons leur facturer un seul module, en fonction du nombre d'heures", explique Patrick Capolsini.

UNE COMMISSION SÉLECTIONNE LES CANDIDATS EN MASTER

Pour entrer en Master, la tâche est un peu plus compliquée que de s'inscrire en Licence.

En effet, une commission composée de professeurs se charge de sélectionner les candidats aptes à poursuivre en Master. Un choix que beaucoup ne comprennent pas, mais "c'est quand même un BAC+5, un diplôme qui est reconnu et qui doit conserver une vraie valeur. Un exemple, nous avons un Master en commerce international où plus de la moitié des cours vont se faire en anglais. Et un jeune va arriver avec un niveau d'anglais juste limite ou très bas. Eh bien, on lui dit que ce ne sera pas possible parce qu'il ne pourra pas suivre les cours en anglais. On ne fait pas de la sélection pour diminuer le nombre de gens que nous avons. Mais, on essaye de dire aux jeunes : vous n'avez pas le niveau nécessaire pour poursuivre en Master", précise le président de l'Université.

Donc, si vous souhaitez poursuivre vos études, il va falloir redoubler d'efforts pour y arriver. Des sacrifices qui en valent le coup. "Le diplôme n'est pas une garantie d'avoir du travail. Par contre, sans diplôme, c'est une quasi garantie de ne pas en avoir, j'ai envie de dire", assure Patrick Capolsini.

Pour celles et ceux qui souhaiteraient poursuivre leurs études à l'Université, les inscriptions seront ouvertes à compter du 7 août jusqu'au 21 août. "Avec une prise de rendez-vous en ligne, il ne faudra pas venir directement sur place. On ne recevra pas les candidats qui n'auront pas pris de rendez-vous en ligne, sur le site de l'UPF. C'est pour faciliter les démarches et pour éviter les longues attentes", rajoute Patrick Capolsini.


Patrick Capolsini
Président de l'Université


"Il faut conserver la qualité du diplôme"

"Nous avons souhaité ouvrir les Masters de deux façons différentes :
- Soit en formation initiale avec des droits d'inscription à un peu plus de 30 000 francs. Ce qui permettra aux étudiants de payer ces frais, d'avoir une bourse, une aide au logement…
- Et d'un autre côté pour les étudiants qui sont salariés. Les droits d'inscription augmentent de manière importante, mais c'est parce qu'ils sont salariés et l'employeur peut prendre en charge éventuellement le coût de la formation. Nos formations sont éligibles au fonds paritaire, ce qui peut leur permettre d'avoir un financement à travers ce dispositif. On a des modalités de paiement qu'ils peuvent étaler sur 3 à 4 fois.

Il y a des étudiants qui ne sont pas contents parce que leurs droits augmentent fortement. Mais en revanche, il y a beaucoup d'étudiants qui vont être contents parce que leurs droits passent de 95 000 francs à 30 000 francs. Et ils auront droit aux bourses de l'Etat, alors que ce n'était pas le cas auparavant.

On avait des Master 100 % en formation continue. Maintenant, nous avons des Master où on peut être soit en formation continue, soit en formation initiale.
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Autres nouveautés

"On retrouve des nouveautés essentiellement en Master de droit et de management. Le Master de droit se scinde en deux (droit privé et droit public) parce que ça correspond plus à ce qu'on nous demande.

Pareil, au niveau du Master management. Ça fait longtemps maintenant que nous fournissons le marché du travail avec le Master management. Je pense que maintenant, il faut passer à des compétences beaucoup plus pointues sur le commerce international… Les jeunes vivent un peu cela comme une censure. Mais il faut conserver la qualité du diplôme, et puis il faut avoir des diplômes qui permettent de s'insérer au mieux dans le marché du travail.

En doctorat, on en a entre 25-30 ou 40, c'est déjà pas mal pour un petit pays comme le nôtre. Après, il faut savoir qu'en Master nous avons une offre qui est très limitée, nous n'en avons que 6, on aimerait en avoir plus mais nous avons des contraintes budgétaires et au niveau des locaux aussi. De plus, on a des étudiants qui sont en Licence et qui n'ont pas de Master ensuite. Donc, s'ils veulent continuer ils doivent s'expatrier ou prendre des cours à distance.
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le Mardi 11 Juillet 2017 à 15:26 | Lu 13493 fois