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Tahiti d’antan : Au temps des bonnets d’âne


Classe de garçon à l'école centrale de Papeete vers 1950
Classe de garçon à l'école centrale de Papeete vers 1950
Tahiti Heritage et Vaiheitaria nous entrainent cette semaine sur les bancs des écoles de Tahiti dans les années 1950.

Ding ding, la cloche sonne ! Comme chaque matin les élèves se mettent en rang devant la classe en attendant l’ordre de rentrer. A Notre-Dame des Anges, les filles ont toutes revêtu l’uniforme obligatoire, une jupe arrivant à hauteur des genoux de tissu écossais avec une blouse blanche et un béret. « Nous sommes punie si on ne met pas son béret ! ». Le pantalon est, bien sûr, strictement interdit et le short réservé pour le sport. Les garçons de l’école des Frères sont en short beige et chemise blanche. A l’école publique, les garçons s’habillent très simplement, d’un short et d’un tricot sans aucune marque apparente.
Les écoles ne sont pas mixtes, les garçons sont dans une école, les filles dans une autre.


Courtoisie et tutoiement de rigueur

L’institutrice rentre dans la classe, les élèves se lèvent toutes ensemble et attendent immobiles l’ordre de se s’asseoir. Les règles de courtoisie ou de respect, comme le dit l’institutrice, sont strictes. Il faut dire « Bonjour » le matin, « Au revoir » le soir et à chaque fois « Merci ». Lorsque l’on a une punition, on s’abstient toutefois de remercier.
Tout le monde se tutoie, comme de coutume au fenua, Les enseignants tutoient leurs élèves et les élèves de même lorsqu’ils parlent à un instituteur. On appelle les instituteurs par leur prénom, sans toutefois oublier de dire « Monsieur » ou « Madame », « Frère » ou « Sœur » devant leur prénom.
A l’école normale, avant de commencer le cours, les garçons doivent chacun leur tour réciter le chapelet, mais comme cela devient vite monotone, le Frère n’écoute que d’une oreille et certains élèves ne chantonnent que l’air sans qu’il s’en aperçoit.
La langue tahitienne bannie

Il faut connaître l’alphabet, avoir une bonne prononciation et surtout réciter par cœur les tables de multiplication. Lors des exercices d’écriture les élèves doivent écrire en cursive avec les pleins et des déliés, sur le cahier d’écriture avec un porte-plume que l’on trempe dans l’encrier. Avant les cahiers avaient des feuilles toutes blanches et il fallait que l’on trace nous même des lignes au crayon, mais maintenant sur les nouveaux cahiers les lignes sont déjà imprimés. Nous avons aussi une ardoise qui est notre cahier de brouillon.
Il faut absolument écrire de la main droite. Les instituteurs déchirent les cahiers de ceux qui écrivent de la main gauche. Certains élèves gauchers rusent en écrivant avec ses deux mains avec un porte-plume dans chaque main, ou en retournant leur cahier.
Il est interdit de parler en tahitien, ceux qui l’oublient doivent noircir des dizaines de pages en écrivant : « il est interdit de parler le tahitien » ou ont des points en moins. Les filles qui ne parlent que le tahitien en famille, ont bien du mal à respecter cette règle et sont souvent punies.

Histoire de la Gaule, mais pas celle du fenua.

Les autres matières enseignées sont l’histoire de la Gaule, la géographie de la France et l’histoire des rois de France, mais rien sur notre fenua. Nous apprendrons l’histoire de nos îles après le certificat d’étude, nous dit-on, c’est pourtant ce qui nous intéresserait le plus.
Il y a également des cours de jardinage et de menuiserie pour les garçons et d’enseignement ménager pour les filles. Les garçons font pousser des légumes, apprennent à greffer les plantes et à marier la vanille. Les filles apprennent à préparer les repas, à repasser et à gérer un budget familial.
A la récréation, les filles s’amusent sur les balançoires ou à monter sur les drums. A l’Ecole des Frères, le jeu préféré des garçons est de grimper avec ou sans les pieds aux cordes qui sont accrochées dans les manguiers.

Les punitions
La punition la plus courante est les coups de règle sur les doigts, puis vient les coups de bâton ou de courroie, puis le fouet. Pour les internes, la punition la plus dure est la privation de sortie. Les mauvais élèves récoltent le bonnet d’âne et doivent aller au coin. A l’école des frères, un Frère assez coléreux a la mauvaise manie de taper sur la tête des élèves avec un livre. Peut-être qu’il pense ainsi nous enfoncer le contenu du livre dans le cerveau ?

Mais ça, c’était avant !


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Rédigé par Olivier Babin le Vendredi 14 Août 2015 à 16:51 | Lu 2493 fois