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Tahiti Pearl Regatta : Bonheur sur mer et sur terre


Raiatea, le 15 mai 2021 - La deuxième journée de compétition de la Tahiti Pearl Regatta s’est terminée ce vendredi. Elle a été à la hauteur des attentes à la fois sur mer comme sur terre. Reportage.
 
Des grains de pluie et un vent rafaleux pour le début de cette deuxième journée de la Tahiti Pearl Regatta. Sous un ciel nuageux, le comité d’organisation a donné le départ à 9h pour les 24 équipages du parcours banane dans la baie de Haamene. 24 et non 25 comme la veille suite au forfait d’un des concurrents pour un problème de voiles. Mais, le spectacle n’en était pas moins beau. Monocoques, multicoques, voiles légères, tous se sont challengés sur ce parcours sportif laissant quelques accidentés derrière lui. C’est le cas du trimaran Weta qui a démâté et n’a pas pu finir la course. Une course de 4,9 milles nautique (9km) où, très vite, la grisaille du ciel polynésien a laissé apparaître quelques rayons de soleil révélant aux spectateurs la beauté des reliefs de l’île vanille. Grâce à un vent établi de 15 nœuds avec des rafales à 25 nœuds, les bateaux en course ont pu dérouler leur talent et savoir-faire. 
 
Le bonheur sur l’eau
 
Le monocoque Arearea démontre depuis hier qu’il est prêt à en découdre. Après une première journée de course réussie, il a réitéré aujourd’hui avec une belle victoire sur le parcours banane en division 1. "Mon barreur aime naviguer sur le parcours banane. Nous, on a plus l’habitude en raid mais on était tous contents de pouvoir y participer et faire des manœuvres", explique Jean-Pierre Basse, le skipper du voilier. Avec ses 6 co-équipiers, ce passionné de voile, qui participe à sa 12e TPR, a terminé le parcours en 45 mn. L’affaire était en revanche tout autre pour le deuxième parcours de la journée. Une course de 30 miles nautiques (54km) et plus de 4h de navigation avec une remontée vers le nord de Taha’a, une sortie de passe de Tiva, une entrée de passe Rautoanui puis un final devant Mahaea. Et un parcours de 24 miles nautique (35km) pour les multicoques voiles légères. Là aussi, il y a eu quelques accrochages avec deux nacra qui ont dessalé. Il faut dire que les bateaux et les concurrents ont été privés de compétition depuis plus d’un an suite à la crise sanitaire. "Avec le covid, on a eu beaucoup de soucis : le manque de navigation, des problèmes d’entretien du bateau et pas de compétition. Si la TPR n’existait pas cette année, il n’y aurait plus d’évènement local", analyse Jean-Pierre Basse de Arearea. 
 
L’impact économique de la TPR 
 
Si la TPR est une compétition dont la réputation n’est plus à faire, elle est aussi un vecteur économique pour les îles des Raromatai. L’événement porte un budget de 15 millions de Fcfp dont la moitié est dépensé localement à Raiatea et Tahaa. "Avec le covid et l’absence de touristes internationaux depuis presque un an, c’est une grosse bouffée d’oxygène explique Poerani Dhalluin, gérante du motu Mahaea où le camps de base des participants à la TPR a été installé. Ça nous fait beaucoup de bien économiquement car on vient de passer une année blanche". Bateaux suiveurs, locations de catamaran, magasins emplis de visiteurs, ce type d’événement a clairement une répercussion sur l’économie des deux îles. Moehau Tetauira a été engagée par l’organisation comme hôtesse à bord d’un catamaran. Depuis le début de la compétition, la trentenaire gère tour à tour la cuisine, les cabines et aide le skipper, elle est surtout aux petits soins des clients venus spécialement pour la TPR. "Après des mois sans rien, ça me fait vraiment du bien. Sans la compétition, je n’aurai pas de travail en ce moment. Et humainement, on fait des rencontres", confie cette mère de deux enfants. Si la Tahiti Pearl Regatta n’a pas l’ambition des années précédentes, contraintes sanitaires obligent, elle est un bol d’air pour les navigateurs et les locaux, qui attendaient tous avec impatience ce premier gros évènement de l’année. 
 
Zoom sur les plus jeunes participantes de la TPR 2021 
 
Elles sont quatre et ne dépassent pas les 17 ans. Louison, Ariane, Amandine et Lou ont fait le pari de participer à leur première Tahiti Pearl Regatta. Deux équipes de jeunes filles pour deux Nacra. Ensemble, elles ont étudié les cartes avant leur départ de Tahiti pour l’île vanille. Une rigueur qu’elles n’ont pas lâchée depuis le début de la compétition. Si elles sont encore des adolescentes, elles n’en sont pas moins expérimentées. Toutes ont participé au moins une fois à des championnats de France, d’Europe ou du monde. "On a beaucoup débriefé en amont. On était quand même un peu stressée par le parcours car il y avait des balises sur le plan d’eau qu’on avait jamais vues. Mais au final, c’est passé assez vite", confie Ariane, 16 ans, aux côtés de ses amies et co-équipières. Si elles sont les plus jeunes de la compétitions, le quatuor n’a pas à rougir de ses performance. Aujourd’hui, elles ont fait preuve d’un courage impressionnant alors que leurs deux bateaux ont dessalé. "On a dessalé à un endroit où il y avait du vent. Ça été très difficile pour ressaler (ndlr : redresser le bateau) car il y avait beaucoup de rafales", analyse Louison, la plus jeune de l’équipe, qui au passage remercie le Yatch club de Tahiti de les avoir soutenues. Des expériences difficiles et uniques mais pas de quoi dégoûter ces jeunes filles qui depuis deux jours vivent de grands moments d’émotions. "Depuis le début, on passe par tout : du stress à la peur, à la frustration mais aussi à de grands moments de joie", précise Ariane regardant ses comparses qui, d’un signe de tête, confirment ses dires. Si demain est un autre jour de compétition, ce quatuor retiendra déjà de ces deux jours une aventure enrichissante dont elles en sortiront grandies et changées. C’est aussi ça la TPR. 
 


Rédigé par Grégory Boissy le Samedi 15 Mai 2021 à 10:11 | Lu 673 fois