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Taharu’u : les travaux vont reprendre


Le bassin dégraveur, un piège à matériaux (cailloux, sable) qui sont régulièrement enlevés, va être revu dans les prochains travaux.
Le bassin dégraveur, un piège à matériaux (cailloux, sable) qui sont régulièrement enlevés, va être revu dans les prochains travaux.
PAPARA, le 23 janvier 2019. Les travaux d’aménagement de la Taharu’u vont reprendre pour réaliser les trois derniers tronçons. Le Pays prévoit d’acquérir une parcelle rive droite pour stocker les matériaux qui seront récupérés dans le bassin dégraveur. Le montant total des travaux d’aménagement de cette rivière de Papara est estimé à 1,765 milliard de Fcfp.


Depuis le 21 janvier et jusqu’au 8 février, deux enquêtes sont ouvertes au service urbanisme de la mairie de Papara. La première est une enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique pour l’aménagement de la rivière Taharu’u. La seconde est une enquête parcellaire en vue de délimiter exactement la parcelle de terre nécessaire à cette opération. Pour faire simple, les travaux sur la rivière de la Taharu’u vont reprendre et le Pays a besoin d’un terrain pour entreposer les matériaux qui seront retirés de la rivière. « Les travaux d'aménagement envisagés permettront de diminuer le risque d'inondations dans un objectif de mise en sécurité des biens et des personnes », peut-on lire dans le dossier qui présente les prochains travaux prévus sur la rivière Taharu’u.

En 2014, le ministre de l'Équipement, Albert Solia, était venu sur les rives de la Taharu'u pour détailler son plan d'aménagement de cette rivière de Papara qui devait préfigurer un travail plus général sur les cours d'eau de Tahiti. Trois tronçons de travaux ont déjà été réalisés et trois autres tronçons restent à faire. Le montant total des travaux d’aménagement de la rivière Taharu’u (hors foncier) est estimé à 1,765 milliard de Fcfp.

Taharu’u : les travaux vont reprendre
Les documents consultables à la mairie permettent d’en savoir plus sur les prochains travaux. Le bassin dégraveur, un piège à matériaux (cailloux, sable) qui sont régulièrement enlevés, va notamment être revu. Seront ainsi mis en place des « seuils à créneau (présentant trois ouvertures de 8 mètres de large) ». Ils auront pour « objectif de maintenir les zones d’écoulements secondaires à l’amont qui sont favorables au développement des espèces naturelles », précise le document. Les matériaux retirés seront ensuite stockés en rive droite de la rivière sur un terrain.

L’association Ia ora Taharuu s’inquiète de l’impact de ces prochains aménagements. «Dès la première crue, une partie du bassin dégraveur a cédé », rappelle Maire Grandin, trésorière de l’association. « On voit qu’ils ont prévu dans le nouveau projet d’aménagement une amélioration de l’implantation du bassin dégraveur pour qu’il soit plus solide mais ce qui nous inquiète, ce sont les quantités énormes qui sont prévues d’être prélevées. C’est cela qui dérègle la rivière et qui crée l’érosion sur les berges ou le fond du lit. Et c’est ça qui met en danger les riverains. Si leur priorité était la sécurité des riverains, on trouverait un moyen plus sain et respectueux pour la rivière. »

Les observations sur ces deux enquêtes seront reçues par le commissaire enquêteur à la mairie de Papara les 6, 7 et 8 février, juste avant la fermeture de ces deux enquêtes. Le maire après avoir entendu toutes les personnes susceptibles de l’éclairer sur le projet, devra faire parvenir l’ensemble des pièces avec son avis sur le projet au président de la Polynésie française avant le 8 mars.

L’association Ia Ora Taharuu va suivre avec attention les travaux lorsqu’ils débuteront. « On veut notamment s’assurer que toutes les mesures de précaution et de surveillance de la plage seront prises car des riverains ont noté un rétrécissement de la plage à certains endroits lors des travaux de 2015 et 2016 », note Maire Grandin. « On voudrait surveiller cela de très près et qu’il n’y ait pas trop d‘extraction pour éviter une érosion dès qu’il y aura une crue. »

Maire Grandin, trésorière de Ia ora Taharuu

« On voudrait préserver au maximum le processus naturel de freinage de la rivière »

Pouvez-vous expliquer pourquoi, selon vous, l’extraction des gravats rend plus dangereuse la rivière ?
La rivière cherche avant tout à dissiper sa vitesse. Quand il y a de fortes pluies, l’écoulement est d’autant plus important et la rivière cherche à se freiner. C’est pour cela souvent qu’elle sort de son lit et s’étend. Avec l’urbanisation, on a cherché de plus en plus à canaliser les rivières ce qui a augmenté la vitesse des rivières. En effet, quand la rivière s’étend, elle réduit sa vitesse.
Quand on lui prend les gros cailloux, notamment pour nos besoins en agrégat, ces matériaux lui manquent pour freiner sa vitesse. Pour compenser ce manque, elle s’attaque aux berges ou au fond de son lit. Elle essaye de gratter au maximum dans l’espace qui lui est imparti pour pouvoir réduire sa vitesse. C’est sa priorité absolue : dissiper sa vitesse.
Quand on lui met des enrochements bétonnés, qu’on lui prend des cailloux et qu’elle ne peut plus freiner sa vitesse, elle attaque alors le fond de son lit ou la première berge non protégée. C’est ce qui déclenche le processus d’érosion.
Plus on va laisser la rivière divaguer, plus il y aura de cailloux qui vont rouler et freiner sa vitesse, plus il y aura de végétaux qui vont la freiner moins l’érosion va s’attaquer aux berges et donc les fragiliser. On voudrait préserver au maximum le processus naturel de freinage de la rivière qui est anéanti à partir du moment où on veut canaliser la rivière, qu’on veut bétonner et enlever les cailloux. »


Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 23 Janvier 2019 à 16:45 | Lu 2174 fois