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Taekwondo - Guerre des fédérations : Quels sont les enjeux ?

La liste des disciplines sportives rencontrant des litiges fédéraux s'allonge : après la boxe, le rugby, l'escrime, la pétanque…le taekwondo. L'agrément du Pays a été a été retiré à la mi-mai à la fédération tahitienne de taekwondo qui l'avait depuis une vingtaine d'années. Les championnats d'Océanie de taekwondo, qui doivent se tenir en août à Tahiti, seront-ils maintenus ?


Le taekwondo polynésien est divisé en trois entités
Le taekwondo polynésien est divisé en trois entités
La liste des disciplines qui connaissent des litiges fédéraux s’allonge. Après la boxe, le rugby, la pétanque, l’escrime…le taekwondo. L’agrément du Pays été retiré à la fédération tahitienne de taekwondo, en place depuis 1975. La délégation de service public (DSP), délivrée par le Pays, permet à la fédération qui l’obtient d’organiser des championnats de Polynésie, de constituer des sélections pour représenter la Polynésie à l’international, elle permet également de bénéficier de subventions.
 
Pour certains, le Pays s’immisce dans le sport alors que ce n’est pas son rôle, pour d’autres, il s’agit de mettre fin à des pratiques « du passé » et de se s’assurer que les fonds publics sont utilisés à bon escient, les DSP sont délivrées en fonction de critères précis : rigueur administrative, haut niveau, formations, sport pour tous etc…Certaines fédérations obtiennent de bons résultats sportifs mais de moins bons résultats au niveau administratif. Pour d’autres, c’est le contraire.
 
« L’union fait la force », mais dans la pratique égos, culte du chef, querelles de personnes et luttes de pouvoir font rage, au détriment des sportifs. Le milieu sportif est un milieu associatif, les enjeux n’en restent pas moins importants, ces associations, grâce aux subventions, disposent de moyens financiers permettant de voyager.
 
Nous avons pu avoir quelques éléments de compréhension avec un membre de la FTTDA ayant souhaité conserver son anonymat. Ce dernier est pour la modernisation et l’accompagnement de la fédération en place, la FTTDA, les dissidences de 2012 et 2018 ne font, selon lui, qu’affaiblir la discipline. Il y aurait selon lui « divers exemples en Polynésie où des équipes en place depuis des années perdent des élections mais ne l’acceptent pas, en s’accrochant au pouvoir sans se soucier de l’intérêt général. »
 
« La FTTDA a perdu l’agrément pour raisons purement administratives. Les deux autres entités en profitent pour s’agiter pour récupérer l’agrément. La nouvelle équipe, en place que depuis mai 2017, s’est désormais mise en conformité, nous espérons donc pouvoir récupérer l’agrément très rapidement, surtout que nous sommes les seuls à avoir travaillé à la préparation des Océania à venir. » SB

Les contraintes administratives ne sont plus ce qu'elles étaient par le passé
Les contraintes administratives ne sont plus ce qu'elles étaient par le passé
Il y a eu deux dissidences, en 2012 et 2018 ?
 
« Oui la fédération tahitienne (FTTDA), qui existe depuis 1975 et 1996 sous sa forme actuelle, a la DSP depuis sa création. La Ligue de Taekwondo a été créée en 2012 après une défaite aux élections contestée au tribunal mais entérinée par le juge. Cette création a eu pour conséquence l’arrêt de la convention entre la fédération française et la fédération tahitienne pour « fonctionnement non démocratique », malgré le jugement rendu à Tahiti. »
 
« En janvier 2018, la fédération de Tahiti Nui (FTNDA) a été créée autour de M. Gatien, l’ancien président évincé de la tête de la FTTDA pour « fautes graves » comme délivrance de grades sans passage, refus de tenir des commissions disciplinaires pour fautes graves des sportifs, coachs ou dirigeants, refus de travail avec l’Oceania Taekwondo Union (OTU)...Chacune des trois entités compte environ une quinzaine de clubs ou assimilés et 500 adhérents. »
 
Pourquoi ne parvient-on pas à s’entendre ?
 
« Il y a des enjeux politiques. La Ligue souhaite rester sous le couvert de la fédération française pour accéder à un statut comme celui de la réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Nouvelle Calédonie et St Pierre et Miquelon, ce qui serait pour moi une perte d’autonomie. »
 
« La FTNTDA souhaiterait déposséder la FTTDA de son statut international (OTU et WT) pour prendre sa place. Du fait de sa position dominante à l’international depuis 1975, le FTTDA souhaite être l’entité sous laquelle la réunification pourrait voir le jour sauf que la Ligue ne souhaite pas quitter son statut vis à-vis de la fédération française. Le rapprochement avec la France pourrait être possible en remettant en service la convention FTTDA-FFTDA que la Ligue avait fait suspendre en 2012. »
 
« Un autre point de blocage réside dans le contentieux entre la FTNTDA et la FTTDA. La FTNTDA a intenté trois actions en justice visant le nouveau bureau de la FTTDA pour détournement, usage de faux etc…Elle vient d’être déboutée de sa dernière action. »
 
Il y a également un enjeu sportif ?
« Chaque entité veut pouvoir faire accéder ses athlètes aux prochains championnats d’Océanie prévus à Tahiti en août. Mais jusqu’à aujourd’hui, seule la FTTDA en tant que porteuse de projet, construit humainement et financièrement cet objectif. Les deux autres entités se raccrochent à la création d’un comité ad hoc par le président du territoire. »
« Cette solution n’est pas sans difficulté : faire un comité de sélection en moins d’un mois et demi qui propose un chemin de sélection et un projet de préparation ne va pas être évident, répartir équitablement les charges financières entre les entités et réunir un comité de pilotage des Océania tripartite, dont la tête serait obligatoirement un membre de la FTTDA - seul organisme habilité par l’OTU -, non plus. »

Pourquoi l’agrément a-t-il été retiré ?

« Lors de la révocation du conseil fédéral avec monsieur GATIEN à sa présidence en mai 2017, la DJS alors représentée, a émis des réserves sur le décompte des voix. Elle a averti la nouvelle gouvernance que s’ils ne refaisaient pas cette révocation, la DSP pourrait être retirée. »

« Monsieur Tufariua, le nouveau président, a attendu le contrôle de licences demandées par ses soins à la DJS pour pouvoir mettre en place de nouvelles élections. Cette procédure a été plus longue que prévue (fin 2017). De plus, il attendait que les différentes procédures judiciaires à l’encontre de certains membres de son conseil fédéral arrivent à leur terme. En janvier, alors que les élections devaient se refaire, certains clubs ont fait sécession en suivant monsieur Gatien qui a créé la FTNTDA, sûrs qu’on allait leur donner la DSP (peut être des bruits de couloirs DJS dont son fils était le numéro 3). »

« Finalement, c’est courant mars que le processus de révocation a débuté, il vient de se terminer ce samedi 26 mai par une dernière AG élective, conformément aux directives de la DJS. Dès la parution au JO, le nouveau bureau redemandera, en vertu des recommandations du ministère, à récupérer la DSP. » Propos recueillis par SB

Rédigé par SB le Jeudi 31 Mai 2018 à 16:36 | Lu 2640 fois