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TFTN, la rançon de la gloire


La Maison de la culture est saturée et ne peut pas satisfaire les demandes des sociétés de production et d'événementiel qui voudraient se produire au petit ou au grand théâtre. Crédit photo : Archives TI.
La Maison de la culture est saturée et ne peut pas satisfaire les demandes des sociétés de production et d'événementiel qui voudraient se produire au petit ou au grand théâtre. Crédit photo : Archives TI.
Tahiti, le 27 février 2024 - La Maison de la culture est saturée et ne peut plus accueillir l'intégralité de la demande des producteurs et des sociétés d'événementiel qui souhaitent organiser leurs événements et spectacles au petit et au grand théâtre. Avec les prochains créneaux disponibles seulement à partir de 2025, les boîtes de prod' désertent TFTN pour les salles et motu des prestigieux hôtels de Tahiti.
 
Dans le milieu de l'événementiel local, ce n'est plus un secret, la Maison de la culture est saturée. En effet, il est de plus en plus compliqué pour les producteurs et organisateurs de spectacles de réussir à trouver des dates disponibles, que ce soit au petit ou au grand théâtre. À tel point d'ailleurs, que la plupart d'entre eux désertent les locaux de TFTN pour les salles et motu des grands hôtels de Tahiti, faute de pouvoir réserver l'antre de la culture locale. C'est notamment le cas pour les futurs concerts de L.E.J et de M, ou encore du prochain spectacle de Fabien Olicard, dont les performances s'effectueront loin de TFTN.
 
“On se rabat sur les hôtels, car les salles du Pays sont de moins en moins disponibles. Toutes les dates sont prises à la Maison de la culture. Donc la plupart des producteurs privés, comme moi, se rabattent sur les salles des hôtels pour nos spectacles”, nous explique Stéphane Bouthéon, le gérant de Rideau Rouge. “Les prochaines dates disponibles sont fin décembre 2024. Jusqu'alors, tout est complet. Plus les années passent, moins on a de créneaux”, regrette-t-il. Même constat pour Arnaud Bertrand, le gérant de L.A Production, qui reconnaît que ces délais de réservations anormalement longs découragent les boîtes de prod' dans leurs démarches de location des locaux de la Maison de la culture. “On n’arrive jamais à avoir de disponibilité. C'est réservé parfois deux ans en avance”, peste-t-il, avant de mettre en évidence un problème de gestion dans la location. “La grosse problématique, c'est que les réservations peuvent se faire sans acompte. Et ça arrive quelques fois que des spectacles s'annulent une ou deux semaines avant la date de représentation.” La congestion des réservations est d'ailleurs reconnue par Vaitua Tokoragi, le directeur de TFTN, qui admet que le calendrier 2024 est déjà complet. “Pouvoir répondre à la demande de tous les producteurs, c'est justement un de mes objectifs à moyen-long terme”, ajoute-t-il.
 
La rançon de la gloire pour la Maison de la culture, qui ne peut malheureusement pas étendre ses murs, mais qui met en évidence le manque de structures publiques pouvant accueillir des événements culturels, concerts ou spectacles d'humour de la petite dizaine de sociétés de production et d'événementiel présente sur l'île. D'autant que ces événements rencontrent leur public en faisant presque salle pleine à chaque représentation. “En plus, cela a un coût pour nous, puisque les salles d'hôtels sont plus chères à louer que la Maison de la culture”, renchérit Arnaud Bertrand.
 
Pas de gueule de bois à To'ata
 
À quelques pas de la Maison de la culture, du côté de l'esplanade To'ata, le problème n'est pas la saturation des réservations, mais bel et bien l'inverse. Car si To'ata est chaque année le lieu de rendez-vous incontournable des danseurs du Heiva i Tahiti, certains organisateurs de concerts désertent l'esplanade. En cause, l'absence d'autorisation de licence pour vendre de l'alcool sur place, un manquement rédhibitoire pour Florian Sodoyer, le gérant de Studio 87, qui organise notamment le Tiki Fest en avril prochain, au parc Vairai. “Déjà, je trouve que l'emplacement manque de charme. Mais il faut savoir que To'ata est quasiment l'un des seuls lieux de spectacle dans le monde à ne pas avoir de licence de débit de boisson. D'un point de vue financier, surtout avec le genre d'événements que j'organise, c'est impossible de rentrer dans les clous”, nous explique-t-il. “C'est pour ça que beaucoup de monde déserte To'ata pour le parc Vairai notamment.”

Pour Florian Sodoyer, l'impossibilité de pouvoir vendre de l'alcool à To'ata est rédhibitoire. Crédit photo : Archives TI.
Pour Florian Sodoyer, l'impossibilité de pouvoir vendre de l'alcool à To'ata est rédhibitoire. Crédit photo : Archives TI.
La Maison de la culture a cependant changé son fusil d'épaule il y a peu, bien consciente de ce manque à gagner, en autorisant exceptionnellement la vente d'alcool au dernier concert de Francis Cabrel en octobre dernier. Une permission sous contrôle strict, avec un public familial, pour tâter le terrain avant une potentielle ouverture plus permissive des ventes de boissons alcoolisées, jusque-là interdites dans l'enceinte et à l'extérieur de To'ata. “Je ne sais pas pourquoi jusqu'ici c'était interdit”, reconnaît Vaitua Tokoragi, qui a pris ses fonctions en novembre dernier. “Mais sur le principe, à partir du moment où le producteur a les autorisations pour en vendre, et que ça ne trouble pas l'ordre public, je suis d'accord pour renouveler les autorisations.” Cependant, pour les événements organisés par TFTN, comme le Heiva, Vaitua Tokoragi ne compte pas changer de cap, il n’y aura pas de vente d'alcool sur place.
 

Rédigé par Thibault Segalard le Mardi 27 Février 2024 à 19:15 | Lu 3583 fois