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Sylviculture: la forêt cultivée, toujours plus high-tech et connectée


Crédits : www.forexpo.fr
Crédits : www.forexpo.fr

Mécanisation démultipliée, outils connectés, logiciels et capteurs high-tech, génie génétique: loin de mettre à genoux la filière forestière, les tempêtes qui ont ravagé le massif des Landes de Gascogne ont paradoxalement poussé les exploitants à miser sur l'innovation et le numérique pour faire vivre la forêt de demain.

"On est déjà dans la sylviculture de précision, désormais très loin de l'image traditionnelle du bûcheron avec sa hache", résume Christian Pinaudeau, directeur du GIE Forexpo, le salon européen de la sylviculture organisé à Mimizan (Landes) du 15 au 17 juin.

Après les tempêtes de 1999, le nombre de machines a triplé en deux ou trois ans. Et celle de 2009 a contribué à un important renouvellement des engins, renchérit Cyril Monneyron, commissaire général du salon.

Une nécessité pour venir à bout du plus grand chantier de reboisement d'Europe: sur plus de 220.000 hectares de pins ravagés par Klaus en 2009 (20 fois la surface de Paris), "95% seront reboisés d'ici deux ans", souligne M. Pinaudeau, également responsable du syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest. Au total, plus de 500 millions d'euros de crédits publics (465 M EUR de l'Etat français et 60 M EUR de l'Union européenne) ont alimenté le "plan chablis" d'aide au nettoyage et à la reconstitution des forêts sinistrées, qui arrive à échéance cette année.

Dans le domaine forestier, seule la plantation restait encore essentiellement manuelle. La société landaise Sylvinov fait le pari de la mécaniser avec sa planteuse brevetée capable, derrière un simple tracteur, de creuser un sillon, d'y déposer les jeunes pins et de le refermer en un seul passage. De quoi planter 5 à 7 hectares par jour, contre 1,5 à 2 ha quotidiens avec un plantage manuel.

 

- Plus droits, plus vite -

 

Dans les allées de Forexpo, qui accueillent près de 400 exposants sur plus de trois kilomètres en pleine forêt, l'innovation est partout. Des abatteuses géantes coupent, en un tour de bras mécanique, un arbre à son tronc avant de l'incliner et le débiter en tronçons. Les moteurs nouvelle génération sont plus puissants mais promettent aussi d'être plus économes en carburant. Les engins hydrauliques - domaine où les forestiers sont précurseurs - associent de l'informatique embarquée et des solutions logicielles censées améliorer la prise de décision des utilisateurs.

Les systèmes de partage d'informations et de géo-information via les satellites, drones et capteurs au sol, envahissent aussi la forêt: la DFCI (Défense de la forêt contre les incendies) est ainsi en train de déployer une application numérique, destinée notamment aux mairies et aux pompiers, pour cartographier précisément les impacts de foudre et mieux anticiper les départs de feu.

Les smartphones et tablettes ouvrent également de nouvelles possibilités aux simples particuliers: la start-up MaForêt propose par exemple une application pour mieux connaître ses parcelles et obtenir des conseils personnalisés pour valoriser le bois. Car certains propriétaires ont hérité de forêts sans rien y connaître et sont nombreux à "préférer ne rien en faire plutôt que de mal faire", selon son créateur Olivier Forsans.

Forexpo présente aussi des nouveautés en matière de génétique, avec la 3e génération de variété de pin maritime améliorée. La "VF3" permet d'atteindre, à terme, une productivité de l'ordre de 15 m3 de bois par hectare et par an, contre 12 m3 aujourd'hui, et seulement 4 m3 voici cinquante ans. En attendant le programme Pinaster du Groupement d'intérêt scientifique (GIS) "Pin maritime du futur", pour lequel oeuvre l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), qui projette de faire pousser les arbres encore plus droits et plus vite.

avec AFP


Rédigé par RB le Vendredi 17 Juin 2016 à 04:55 | Lu 379 fois