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Surveillance géo-mécanique de Moruroa : bientôt de nouveaux équipements


L'atoll de Moruroa (AFP).
L'atoll de Moruroa (AFP).
PAPEETE, mardi 10 septembre 2013. En début d’année 2013, le commandement supérieur des forces armées en Polynésie française (Com Sup) l’annonçait : le système de surveillance géo-mécanique mis en place sur l’atoll de Moruroa depuis 1980 avait besoin d’être modernisé. Cet équipement de capteurs en surface et en profondeur, baptisé TELSITE avait été installé après un incident survenu en 1979 sur l’atoll lors d’un tir d’essai nucléaire. Les vibrations générées par le tir souterrain avaient provoqué la chute d’un bloc de falaise corallienne (de l’ordre de plusieurs dizaines de millions de m3). Même si les tirs nucléaires ont cessé depuis 1996, la surveillance géo-mécanique est restée en place sur l’atoll car «sous l’effet naturel de la gravité, la plupart des atolls de Polynésie française montrent des fractures bordières créées sur la pente externe du récif» et que, de plus «à Moruroa, en particulier en zone nord, ces fractures ont pu être réactivées par les sollicitations mécaniques générées par les vibrations engendrées par les essais nucléaires souterrains».

En surveillant l’éventuel glissement de blocs de falaise corallienne, c’est le risque de tsunami que les scientifiques cherchent depuis à mesurer dans ce secteur. Il en va de la protection des militaires qui continuent de surveiller l’ancien site des essais nucléaires (ils sont encore une trentaine) et des populations qui vivent sur l’atoll de Tureia, à plus de 100 km au nord de Moruroa.
Car deux hypothèses existent : le glissement de blocs, relativement limité en volume et dont le risque est jugé très faible par les scientifiques depuis la cessation des tirs, pourrait créer une vague de 5 mètres à Moruroa avec une inondation de l’ordre de 1 m sur la piste d’aviation, un peu moins en zone de vie. Les capteurs et système d’alerte TELSITE permettaient de prévenir immédiatement les militaires qui disposeraient alors d’une minute pour se placer sur un point haut.

L’autre hypothèse envisagée par les spécialistes -mais dont le niveau de risque est qualifié de nul depuis la fin des essais- est infiniment plus grave : il s’agirait alors d’un effondrement massif (des loupes) avec des volumes dépassant cette fois les 700 millions de m3. Au nord-est de Moruroa trois zones contiguës sont ainsi sous surveillance depuis le début des années 1980 en raison «d’un mouvement lent des masses de calcaires –les loupes- vers l’océan». Si le risque est jugé nul, il reste néanmoins sous la surveillance constante des équipements du système TELSITE.

Car, l’effondrement de ces loupes pourrait générer une vague pouvant atteindre les 20 mètres sur l’atoll de Moruroa, avec 2 à 5 mètres d’eau dans les zones de vie. Enfin, la zone sud de l’atoll de Tureia serait atteinte 10 minutes plus tard d’un train de houles dont les vagues pourraient atteindre, au maximum entre 1,5 et 2 mètres. Heureusement, selon les spécialistes, avant que l’effondrement des loupes ne se produise, des mouvements de terrain précurseurs seraient détectés par le système TELSITE mesurant en autres l’activité micro-sismique de la zone «quelques jours à plusieurs semaines avant l’évènement». Les indicateurs des instruments de mesure, traduits en niveau de risque sur une échelle de 0 à 4, «permettant de définir un délai de préavis en cas de déstabilisation de grande ampleur». Une évacuation des militaires serait alors organisée et les populations de Tureai prévenues bien en amont.

On comprend mieux avec ces hypothèses de risques –même si elles sont jugées faibles ou nulles-, la nécessité de maintenir les équipements du système TELSITE en bon état de marche. La maintenance technique des dispositifs installés depuis les années 1980 est assurée par des spécialistes du CEA (Centre d’énergie atomique) qui sont basés en Polynésie et en métropole. «La modernisation du système TELSITE est ainsi aujourd’hui nécessaire afin d’assurer un niveau de vigilance optimal et pérenne (…) Il s’agira d’un chantier long et complexe. Il va nécessiter des moyens importants et c’est l’État qui assurera son financement. Il est encore dans sa phase de définition. Toutes les modalités techniques et calendaires ne sont pas encore arrêtées : les montants engagés, la répartition des responsabilités ainsi que le nombre d’entreprises et de personnes concernées seront évalués précisément quand les contractants auront été choisis» précise le communiqué de presse de ce mardi publié par le Com Sup. Un appel d’offres a été publié le 5 juin 2013 au Bulletin officiel des annonces des marchés publics.


Pour lire le communiqué complet du Commandement supérieur des forces armées, cliquer ici

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 10 Septembre 2013 à 15:59 | Lu 1323 fois