Tahiti Infos

Surf pro – Focus sur Marion Philippe, championne de surf

Le surf féminin est en pleine ascension et nos Tahitiennes ont leur carte à jouer. Après le titre de championne du monde WSL junior de Vahine Fierro, la retraite anticipée de Karelle Poppke, voici Marion Philippe, une surfeuse formée sur les vagues tahitiennes moins connue que les deux premières. Agée de 21 ans, elle a terminé l’année 2018 à la 87e place des world qualifying series et ne compte pas s’arrêter là.


Marion Philippe s'est illustrée à Tahiti comme à l'international en 2018
Marion Philippe s'est illustrée à Tahiti comme à l'international en 2018
Le surf féminin professionnel a vu ses dotations financières augmenter ces dernières années et la directrice générale de la world surf league Sophie Goldschmidt a même annoncé en septembre dernier que « les femmes gagneraient autant que les hommes en 2019 ». En 2018, la première du championnat élite, l’Australienne Stéphanie Gilmore, a gagné pas moins de 343 000 dollars US soit environ 35 millions de francs pacifiques, rien qu’en gains sur les dix compétitions du circuit élite. (10 millions pour la dernière du Top 17)

C’est une moyenne de 3,5 millions xpf par compétition qui n’inclut pas les gains obtenus lors des compétitions du circuit des world qualifying series, auxquelles les surfeuses du Top 17 peuvent participer également si elles le souhaitent, ni les gains obtenus à travers les contrats de sponsoring. Ces gains passeront donc à 50 millions par an environ en 2019 pour la première, comme les hommes. On peut donc dire que le surf féminin est actuellement en pleine ascension.

"J'ai choisi le surf parce que j'aime l'océan..."
"J'ai choisi le surf parce que j'aime l'océan..."
Les Tahitiennes ont leur carte à jouer

La discipline sera également présente pour la première fois aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, avec un homme et une femme sélectionnés par comité olympique national. Pour la France, si Michel Bourez est le mieux placé pour gagner sa qualification, chez les femmes la métropolitaine Johanne Defay (5e mondiale en 2018) devrait logiquement se qualifier.

Le surf féminin tahitien a malgré tout son mot à dire au niveau mondial. Il est actuellement représenté par Vahine Fierro qui a remporté début 2018 un résultat historique : le titre de championne du monde junior de la world surf league, la ligue professionnelle. Karelle Poppke, une autre jeune surfeuse au fort potentiel a annoncé fin 2018 mettre un terme à sa carrière de surfeuse professionnelle pour s’engager dans l’armée de l’air.

Vahine Fierro a été la mieux classée des trois en 2018 grâce à sa première participation à une épreuve du championnat élite, elle est 21e du championnat du monde élite 2018. Au classement des world qualifying series, Vahine Fierro fut 51e en 2018, Marion Philippe termine l’année à la 87e place. Moins connue du public polynésien, Marion Philippe est elle aussi une excellente surfeuse formée sur les vagues tahitiennes et aguerrie au monde de la compétition grâce aux nombreuses compétitions proposées depuis des années par la fédération tahitienne de surf. SB

Marion Philippe est actuellement à Bordeaux pour ses études
Marion Philippe est actuellement à Bordeaux pour ses études
Parole à Marion Philippe :

Quelques mots de présentation ?

« Bonjour tout le monde, je m’appelle Marion Philippe, j’aurai 21 dans quelques jours. Je suis née à Papeete et j’y ai vécu toute ma jeunesse, mais j’habite actuellement en France, à Bordeaux, pour mes études. Je suis principalement surfeuse, mais je fais aussi du judo en club et du skate en loisir. »

Tes débuts dans le surf ?

« Je surfe depuis l’âge de 4-5 ans, j’ai commencé la compétition à l’âge de 8 ans, et depuis je n’arrête plus. Je baigne dans l’univers du surf depuis que je suis née. En effet, étant donné que ma mère travaillait le dimanche matin, mon père n’avait pas d’autre choix que de m’emmener avec lui dans le bateau lorsqu’il partait surfer à la presqu’île. J’ai donc très vite appris à nager. De plus, j’habitais à la pointe Vénus, et la houle de nord était parfaite pour apprendre. »

Pourquoi le surf plutôt qu’autre chose ?

« J’ai choisi le surf, parce que j’adore l’océan, il me permet de me ressourcer, d’être en communion avec la nature et d’y puiser la force nécessaire. L’esprit du surf est quelque chose que j’affectionne particulièrement, on partage des sessions entre copains, dans la joie de vivre, le voyage et la liberté… Voilà pourquoi j’ai choisi le surf, je suis tombée dedans quand j’étais petite, et depuis, je ne peux plus m’en passer, c’est devenu mon mode de vie. »

Comment te définirais-tu ?

« Je suis quelqu’un qui aime vivre au jour le jour, sans me prendre la tête, qui profite de l’instant présent et de chaque jour comme si c’était le dernier. Je suis persévérante et je me donne les moyens de réussir ce que j’entreprends. J’aime passer de bons moments entre amies ou en famille et partager des choses, mais j’aime aussi me retrouver seule, lors d’une session ou sur la plage pour me recentrer. Je voyage beaucoup dans des pays tous différents les uns des autres, et toutes ces expériences permettent une grande ouverture d’esprit afin de voir les choses autrement. »

Marion Philippe, une des trois meilleures tahitiennes en compétition en 2018
Marion Philippe, une des trois meilleures tahitiennes en compétition en 2018
Le bilan de l’année 2018 ?

« L’année 2018 a été une très bonne année pour moi. En effet, sur Tahiti, j’ai gagné la Reef Vahine Cup. En France, j’ai gagné les championnats d’Aquitaine universitaires, et j’ai fait mes meilleurs résultats à l’international. Je me suis classée 8ème de la zone Europe et 87ème mondiale, ce qui n’était pas gagné puisque je n’ai participé qu’à 10 compétitions dans l’année dont seulement deux QS 6000. J’ai fait 3ème au QS 1500 à Ténérife, et 5ème à Zarautz. »

Tes objectifs pour 2019 ?

« Mon objectif pour 2019 est de faire encore mieux que l’année précédente, peut être en participant à plus de compétitions ou à plus de QS 6000 et 10000. J’espère également finaliser ma licence puisque je suis en 3ème et dernière année de Staps en Entraînement Sportif. Plus tard, je souhaiterais faire une autre licence en Staps afin de pouvoir être professeur d’EPS sur Tahiti mais aussi pour entraîner les jeunes locaux à atteindre leurs objectifs et ainsi les accompagner dans leurs projets sportifs. »

Au niveau sponsoring tu en es où ?

« En ce qui concerne les sponsors, c’est un peu compliqué puisque je ne consacre pas entièrement ma vie au surf à cause de mes études, je ne peux donc pas faire tout ce qu’ils attendent de moi. En tant qu’athlète de haut niveau, je suis aidée par la Polynésie française, mais mes parents prennent en charge la plupart de mes déplacements. C’est pourquoi je voudrai les remercier du fond du cœur pour la vie qu’ils m’offrent et qu’ils me permettent de vivre. Un grand merci à mon sponsor en planche Somo qui m'aide beaucoup. Je voudrais également remercier toutes les personnes qui m’encouragent et qui me soutiennent au quotidien, avec une mention particulière pour mon grand-père. » Propos recueillis par SB

Rédigé par SB le Vendredi 1 Février 2019 à 16:11 | Lu 1833 fois