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Surf de Gros–Nazaré : Tikanui Smith a surfé le monstre, le récit


Un surf trip qui commence par un incendie
Un surf trip qui commence par un incendie

Tikanui Smith est un des rares sportifs polynésiens qui tente de vivre de son sport, le big wave riding. Originaire de Moorea, il parcours le monde pour surfer des spots aussi réputés que dangereux. Après Teahupo'o et les vagues Tahitiennes, il s'était attaqué en 2016 à Peahi, à Maui. Cette fois-ci, il franchit une nouvelle étape en surfant Nazaré, même si le swell s'est montré quelque peu « capricieux ».

 

Son rêve ? Intégrer le Big Wave Tour proposé par la world surf league (WSL), le même organisme qui organise le championnat du monde où évolue Michel Bourez. Mais y accéder est compliqué, il y a beaucoup de concurrence, notre « petit » Tahitien, plutôt grand par le gabarit, doit continuer à se faire un nom. Après avoir été une des stars de la Nuit de la Glisse, après avoir surfé Teahupo'o puis Peahi, Tikanui s'est rapproché un peu plus de son rêve en surfant Nazaré. SB


Peu d'images de Tika à Nazaré (screen shot)
Peu d'images de Tika à Nazaré (screen shot)

Pourquoi avoir choisi Nazaré au Portugal ?

 

« Pour prétendre être un surfeur de grosses vagues, un « big wave rider », Nazaré est une étape incontournable. C'est la destination d'excellence des vagues géantes puisque Nazaré est aussi la vague du record du monde, le record de la plus grosse vague jamais surfée. Après Maui, à Hawai'i, c'était un rêve de longue date que de surfer cette fameuse vague.  »

 

Au niveau organisation, logistique ?

 

« J'ai eu l'aide d'Alex Laurel, un cameraman métropolitain, qui m'a mis en contact avec Eric Ribière. Eric est un ancien surfeur professionnel, il est un des pionniers du surf de gros à Nazaré. J'ai pu voir avec lui pour qu'il me tracte à Nazaré et pour qu'il assure ma sécurité sur le spot. Ensuite, j'ai contacté Lino qui loue des jet ski sur place, j'ai eu un « gun » que Joan Duru m'a prêté et l'aide de Nico Brieda pour la planche de tow in. »

 

« Ensuite, on s'est déplacés avec Greg Ménager et Etienne deux cameraman métropolitains, on a fait 10 heures de route mais une heure avant d'arriver on a été bloqués par les incendies au Portugal ! On a du faire un détour de 7 heures car tout était bloqué, une vision d'enfer... »

 

Une fois sur le spot ?

 

« On a pu se reposer avant que la houle ne monte. On a fait une première sortie vers 10h30 du matin. Le temps de préparer le jet ski, les planches, le temps d'écouter les conseils d'Eric, on a décidé ensuite de partir au large...C'était pas énorme, il y avait des séries d'à peine 3,50-4 mètres qui cassaient sur le shore break...J'ai pas eu envie d'utiliser le gun de 10 pieds pour surfer cette taille de vague. On s'est donc baladés en jetski sur le spot pour mieux le connaître et on est rentrés »

 

Vous êtes revenus plus tard ?

 

« Vers 16h, après manger, on est revenus checker de la falaise et là c'était juste énorme. La houle était montée, il y avais des séries de 8 à 10 mètres. On est retournés au large et là cela n'a pas arrêté jusqu'à la nuit. »


Tikanui Smith, originaire de moorea comme Malik Joyeux
Tikanui Smith, originaire de moorea comme Malik Joyeux

La différence avec Teahupo'o ou Jaws ?

 

« Déjà la température de l'eau. C'est glacial là bas. Ensuite, l'eau est noire, il pleuvait beaucoup car la houle était arrivée avec une dépression. Il y a aussi beaucoup de clapot sur la vague, quand tu la surfe, tu dois rester concentré sur ta trajectoire et amortir chaque clapot. »

 

La gestion des risques ?

 

« Il y a le jet ski et le choix de celui qui le conduit. Tu dois lui faire confiance en mettant ta vie entre ses mains . Ensuite il y a le gilet Quiksilver. En tirant sur les goupilles, cela enclenche une bonbonne de CO2 qui gonfle le gilet. Il faut aussi et surtout avoir un minimum de confiance en soi par rapport au physique, il faut bien se préparer tout au long de l'année pour ça. »

 

Le bilan de cette session ?

 

« Super satisfait de cette première expérience là bas. J'ai vraiment envie d'y retourner malgré le fait que chez nous c'est beaucoup plus beau et plus chaud. (rires). En tous cas super surf trip, surtout après notre aventures pour y arriver...L'évolution du swell aura été très capricieuse. Après plusieurs moments d'hésitation, on a quand même réussi à avoir de bonnes vagues... Beaucoup de « mana » à Nazaré, et tu le ressens vraiment. C'est un autre type d'excitation dans le surf de gros et j'ai déjà hâte d'y retourner. »

 

Un dernier mot, un remerciement ?

 

« Je remercie ma famille qui croit en moi et qui me laisse partir pour surfer ces vagues dangereuses. Ma mère n'est pas super tranquille quand je pars comme ça mais tant que je reviens, je la remercie d'avoir choisi Moorea pour y vivre, je la remercie de nous avoir laissé faire ce qui nous plait le plus. Je remercie aussi mes sponsors, notamment Quiksilver qui m'aide pour les déplacements et la logistique sur place. Merci aussi à ma copine qui m'a aidé sur ce dernier déplacement et sans qui cela n'aurait pas été possible. » Propos recueillis par SB


Rédigé par SB le Mardi 31 Octobre 2017 à 23:31 | Lu 5604 fois