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"Stagiaires fictifs" et pilotage à vue du Centre des métiers de la mer


En décembre 2014, le gouvernement annonçait la cessation d'activité de la SAS Avai'a à compter de juillet 2015, amorçant le désengagement du Pays de la filière de la pêche hauturière. Depuis 15 ans, la Polynésie française dispose de navires hauturiers mais pas de personnel qualifié pour les exploiter, notamment de capitaines…
En décembre 2014, le gouvernement annonçait la cessation d'activité de la SAS Avai'a à compter de juillet 2015, amorçant le désengagement du Pays de la filière de la pêche hauturière. Depuis 15 ans, la Polynésie française dispose de navires hauturiers mais pas de personnel qualifié pour les exploiter, notamment de capitaines…
PAPEETE, le 31 mai 2015. La Chambre territoriale des comptes (CTC) a publié, en fin de semaine dernière, un rapport d'observations définitives sur le Centre des métiers de la mer en analysant la gestion de l'établissement de 2010 à 2014. Le rapport pointe du doigt les incohérences entre les formations proposées et les besoins du secteur.
L'ex-Institut de la formation maritime pêche et commerce, devenu Centre des métiers de la mer en 2014, a 35 ans d'existence. On pourrait donc penser qu'il a su s'imposer aux besoins locaux. Mais, à lire les 34 pages du rapport de la CTC on va de surprises en déconvenues.

L'absence de recensement des besoins en formations est pointée du doigt, un manque de prospection "d’autant plus surprenante que tous les armateurs pour la marine marchande ou pour la pêche hauturière sont installés au port de Papeete, soit dans un périmètre restreint par rapport au Centre des métiers de la mer". Depuis juin 2014, l'établissement a pour mission de former à tous les métiers des secteurs maritimes, qu’ils soient exercés en mer ou sur terre. "Or, aucune étude sur les besoins en formations dans ces secteurs n’a été réalisée préalablement à l’élargissement du champ de compétence de l’établissement".

Autre constat alarmant selon ce rapport, "la sous-activité manifeste des formateurs", une observation pourtant récurrente dans les conseils d'administration de l'établissement, au moins depuis trois ans. La CTC a fait les calculs, "le volume annuel moyen de travail des formateurs est à peine équivalent à un mi-temps". Heureusement, les formations sont de bonne qualité et "les échecs constatés aux examens sont plus souvent liés à un niveau de recrutement insuffisant plutôt qu’à une formation déficiente".

Incohérence délicate : la délivrance des brevets du Centre des métiers de la mer "se heurte essentiellement à la difficulté pour les stagiaires de réaliser les temps à la mer" pour la partie pratique de la formation. Même la flottille administrative du Pays ne prend pas de stagiaires à bord !
Au final, la Chambre territoriale des comptes s'interroge : "la formation étant indemnisée pour les personnes à la recherche d’un emploi, de 44 000 à 90 000 Fcfp mensuels selon l’âge et la situation de famille du stagiaire, il n’est pas certain que tous les stagiaires soient réellement motivés par les métiers du secteur maritime".


Pour lire le rapport complet de la CTC, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Dimanche 31 Mai 2015 à 21:46 | Lu 1784 fois