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Sport-santé – ‘Tu’aro no te ora’ à Raiatea : Pour Régis Chang, directeur de la CPS, ‘On peut y arriver’.

La manifestation sport-santé ‘Tu’aro no te ora’ se délocalise vers Raiatea. De nombreuses activités sportives et des stands d’information seront proposées aux habitants. La conférence de presse au siège de la CPS a été l’occasion de faire le point sur ces problématiques de sport-santé avec le directeur de l’établissement, Régis Chang.


Tu'aro no te ora, une manifestation qui se déroulait habituellement à Tahiti
Tu'aro no te ora, une manifestation qui se déroulait habituellement à Tahiti
PAPEETE, le 21 octobre 2015. La 5e édition de l’événement sport-santé ‘Tu’aro no te ora’ organisé par la CPS aura lieu cette année à Raiatea, à l’occasion des 40 ans de l’agence CPS de l’île sacrée. C’était à l’époque la 2e agence de la CPS, créée donc avant celle de Taravao.
 
Cette manifestation aura lieu sur la place Huri Nihi de Uturoa entre 9H et 16H30, en partenariat avec la commune, la direction de la santé, le lycée professionnel d’Uturoa et les associations sportives de l’île. La journée sera dédiée à la promotion de la santé à travers la pratique d’une activité physique, associée à une alimentation saine et équilibrée.
 
Des stands d’information sur les thématiques sport-santé seront à disposition de la population. Les activités proposées gratuitement seront le volley ball, le tamure, le fitness, des activités nautiques comme le kayak ou le paddle, des jeux traditionnels ou encore du aïkido, du tai-chi. Des structures gonflables seront mises à disposition.
 
Les plus petits seront également accueillis et encadrés par des élèves du CAP petite enfance qui ont prévu, avec leur professeur, des activités ludiques et une collation. Les élèves du lycée professionnel de Uturoa remettront à chaque famille un quizz permettant de gagner divers lots par tirage au sort.

De nombreuses activités gratuites seront proposées
De nombreuses activités gratuites seront proposées
Pour la CPS, il s’agit d’alerter l’opinion publique au sujet de pratiques quotidiennes qui apparaissent banales mais qui sont à terme lourdes en conséquences au niveau santé de la population comme au niveau du budget de la collectivité. En 2014, 1 habitant sur 7 est touché par une longue maladie, contre 1 sur 22 en 1995.
 
Le tabagisme, la sédentarité, l’alcoolisme, l’oisiveté, la drogue, la nourriture trop salée ou trop sucrée, sont de véritables fléaux, ils mènent à l’obésité et aux maladies longue durée de manière précoce, c’est à dire vers 40-45 ans, au lieu de 60 ans par exemple en métropole.
 
Régis Chang, le directeur de la CPS, est resté malgré tout optimiste lors de la conférence de presse de ce mercredi matin. Des axes de réflexion ont été évoqués : Plus de produits locaux dans les cantines, comment remédier à l’omniprésence des boissons sucrées dans le paysage, les roulottes de ‘malbouffe’ aux abords des écoles, l’aspect culturel de certaines habitudes alimentaires…
 
La question du rôle des politiques a été également été soulevée, notamment la responsabilités des maires pour tout ce qui concerne les cantines, les autorisations d’exercice des roulottes même si bien évidemment, c’est la population elle même qui choisit ce qu’elle consomme.
 
La CPS veut le faire savoir : Il faut manger le plus équilibré possible, notamment plus de fruits et légumes, et boire de l’eau. Il faut faire du sport, notamment grâce à l’océan qui nous entoure qui permet de multiples activités. Dans l’intérêt de tous.

Vincent Dupont, Régis Chang, Doriane Domingo, Kaha Brown à la conférence de presse de ce matin.
Vincent Dupont, Régis Chang, Doriane Domingo, Kaha Brown à la conférence de presse de ce matin.
Régis Chang directeur de la CPS :
 
Les chiffres annoncés font peur ?
 
« Ils montrent que la population n’appréhende pas l’ampleur du sujet de la protection sociale généralisée. Cela représente 120 milliards de dépenses, une somme qui progresse de 3,9 à 4% chaque année de manière naturelle du fait, entre autres, du vieillissement de la population. La problématique est connue, les travaux sont en cours, les élus à l’assemblée devront prendre des orientations sur ce sujet de manière pluriannuelle. »
 
« La population polynésienne est touchée par la longue maladie à 40-45 ans contre 60 en métropole. L’hypertension et le diabète représentent 50% du nombre des malades et des dépenses, sur ces longues maladies. L’enjeu consiste à retarder l’entrée en longue maladie le plus possible. »
 
Vous évoquiez un facteur culturel ?
 
« Nous avons cet héritage, nous aimons ‘la vie’, la fête, nous sommes plutôt gourmands. Il faut agir sur les comportements alimentaires et avoir une activité sportive régulière. Ce n’est pas propre à la Polynésie. Nous avons la chance d’avoir un pays ouvert sur la mer où l’on peut pratiquer une activité sportive toute l’année, il faut que ce soit la préoccupation de tous. Il faut créer des infrastructures, la famille doit être au centre de ça, les pouvoirs publics et les entreprises doivent investir dans le sport et la prévention des salariés pour qu’on y arrive, c’est un défi. Je pense qu’on peut y arriver. »

Les habitudes alimentaires sont difficile à faire évoluer, mais cela reste possible
Les habitudes alimentaires sont difficile à faire évoluer, mais cela reste possible
Quand on voit une mère donner une boisson gazeuse sucrée à un enfant, voire à un nourrisson, on se demande quelle est la solution ?
 
« C’est un constat en tous cas. Doit-on agir sur le prix en augmentant des taxes qui sont déjà élevées ? De l’éducation à la santé dès le plus jeune âge ? De l’accompagnement des familles ? Il faut travailler pour que tout le monde ait de l’eau potable plutôt que de consommer des produits sucrés. Il y a aussi la réglementation. Il y a plusieurs moyens d’agir sur la consommation de ces produits qui, effectivement, ne sont pas bons pour la santé. »
 
Que faire pour qu’il y ait plus de produits locaux dans les cantines ? Les menus sont parfois trop ‘occidentalisés’ et ne plaisent pas aux enfants qui se nourrissent en dehors ?
 
« Les cantines ne sont pas toutes organisées et gérées de la même façon. Certaines ont des cuisines centrales, d’autres individuelles, d’autres ont externalisé la cantine, dans les îles, c’est encore une autre problématique…Je pense que le problème principal est l’impact économique de l’amélioration des repas. Il faudra y travailler. »
 
« La CPS y participe déjà au travers de la subvention qui est versée aux établissements de 85 fcp par repas à Tahiti et 95 fcp dans les îles. Cela peut paraître insuffisant mais cela représente 500 millions payés par la branche ‘famille’. Investir plus n’est pas exclu. Par contre, il faudra travailler sur le contenu des repas pour que le petit déjeuner et le déjeuner soient pour les enfants une priorité. »

Le tabac est un fléau, on le répétera jamais assez
Le tabac est un fléau, on le répétera jamais assez
Qui contrôle ces cantines, elles font ce qu’elles veulent ?
 
« Non, je ne sais pas qui contrôle les cantines mais il y a une autorité sanitaire qui existe. Je pense qu’elles sont gérées par les parents d’élèves. La préoccupation est partagée par tout le monde. Si on veut améliorer cette qualité, il faut mettre plus d’argent. Quand on met des légumes et que les enfants n’y sont pas habitués, il faut accompagner les familles. On peut aussi agir sur les produits et la fiscalité, si on prend la liste des PPN, si on veut avoir un axe ‘santé’, cette liste mériterait d’être revisitée. »
 
N’y aurait-il pas des décisions politiques courageuses à prendre, quand on sait que ce sont les maires qui délivrent les autorisations de ces roulottes près des écoles ?
 
« Si dans le schéma sanitaire, et le schéma de prévention territorial, cette orientation est partagée et validée par la population au travers de nos dirigeants, effectivement, faire de la lutte contre l’obésité un défi à l’échelle du pays est un enjeu fondamental. A ce moment là, il faudra que cela soit décliné à toutes les échelles, les entreprises, les familles, les communes. Pour agir dans ce sens là, effectivement, cela passera par la réglementation. »
 
« Cela peut être très simple en terme de réglementation, cela peut être de simple arrêtés, des décisions de conseil municipal pour les écoles, mais il faut qu’il y ait une action concertée et non pas sporadique. Il faut également investir dans les infrastructures sportives. La pirogue, par exemple, est un sport d’élite, il manque d’accessibilité au grand public. La mer offre un grand potentiel en général. »
 
 

Les éditions précédentes ont su conquérir les participants
Les éditions précédentes ont su conquérir les participants
Certaines communes commencent à agir au niveau réglementation, comme celle de Teva i uta, en limitant l’accès à l’alcool, en refusant des autorisations de roulottes près des écoles, les communes ont une part d’action et de responsabilité importante ?
 
« Tout à fait. Les communes ont une part très importante dans le dispositif. On devrait pouvoir mesurer les effets de ces règlementations mais, encore une fois, c’est une combinaison d’actions concertées sur le moyen et long terme qui va nous faire inverser la tendance. »
 
Vous restez optimistes malgré tout ? Quand des infrastructures sportives gratuites, comme au stade Willy Bambridge, sont proposées, elles sont plébiscitées ?
 
« Il faut savoir que les régimes ont doté un fonds de prévention, notamment pour accompagner des initiatives locales comme des parcours santé ou des activités autour du sport, la marche, des activités nautiques ou autre chose. Nous faisons un appel à projets pour ce fonds de prévention chaque année, il sera renouvelé à partir de janvier 2016, pour des communes ou des associations qui ont des projets, afin de les accompagner dans leur investissement. C’est effectivement une des clés, pour pouvoir accéder à ces infrastructures en dehors de l’école, pendant les vacances ou en fin de journée. Il y a à ce niveau une marge de progrès très forte. »
 
SB

Rédigé par SB le Mercredi 21 Octobre 2015 à 19:28 | Lu 884 fois