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Sept cents belles plantes mises à nu


PAPEETE, le 9 mars 2016 - L’ingénieur de recherche Gildas Gâteblé signe un ouvrage intitulé "Flore ornementale de Nouvelle-Calédonie". Co-édité par l’Institut agronomique calédonien et Au vent des îles, il présente, explique, raconte les fleurs ornementales du Caillou. Cette bible, à destination des botanistes amateurs et professionnels calédoniens, résonne en Polynésie. Certaines "belles plantes" vivant sur les deux territoires.

L’ouvrage "Flore ornementale de Nouvelle-Calédonie" c’est, en chiffres, 624 pages, 355 fiches qui décrivent près de 700 plantes, 1 700 illustrations en couleur, 800 références bibliographiques, 1 500 noms et 1 250 synonymes. Autant d’informations qui peuvent intéresser les jardiniers, fleuristes, pépiniéristes, paysagistes, naturalistes, les amateurs comme les professionnels.

En plus des connaissances générales sur la flore indigène, l’auteur Gildas Gâteblé y parle de l‘histoire, de la culture, de l’usage et de l’économie des végétaux qu’il a classé en quatre catégories : les incontournables, les espoirs, les incertaines et les recalées. Les incontournables sont "les plantes d’intérêt économique et ornemental éprouvés", les espoirs celles dont "le potentiel n’est pas reconnu et pour lequel il manque un peu de recul". Les incertaines correspond à la catégorie des "plantes d’intérêt ornemental pour lesquelles il manque encore trop de données". Enfin, les recalées sont "les plantes d’intérêt ornemental dont la complexité de multiplication et/ou la difficulté de culture et/ou la vitesse de croissance sont incompatibles avec une filière d’intérêt économique".

Une plante ornementale est une belle plante. Mais la beauté, relativement subjective, n’a pas été le seul critère de sélection pour Gildas Gâteblé. Les élues, celles qui figurent dans l’ouvrage, devaient être aussi "facilement utilisables. J’ai retenu en priorité celles que l’on pouvait multiplier et faire pousser facilement". Quelques recalées sont toutefois passées à travers les mailles du filet car elles "ravissent les promeneurs et photographes en milieu naturel, voire font la fierté de quelques pépiniéristes ou jardiniers éclairés".

Des roses à la flore indigène de Nouvelle-Calédonie

Mais d’où vient cette idée d’ouvrage à la fois pratique et théorie sur ce sujet si particulier ? Unique même dans le monde francophone. Elle vient d’un homme en particulier, Gildas Gâteblé, ingénieur de recherche à l’Institut agronomique néo-calédonien (ICA). "Je suis arrivé en Nouvelle-Calédonie en 1998 en tant que volontaire à l’aide technique", se rappelle-t-il. "Je travaillais pour ce qui était en passe de devenir l’Institut agronomique néo-calédonien." Sa mission ? "Adapter des cultures de roses, fleurs coupées,…sur l’île", répond-il.

En arrivant, il s’est concentré sur sa tâche. Très vite, il a pris un peu de hauteur et a posé le regard au-delà de son terrain d’étude. La flore endémique l’a séduit et, petit à petit, en parallèle de ses travaux, il a cherché des moyens de la valoriser. Pendant des mois, il s’est familiarisé avec son nouvel environnement, il a testé, validé, développé des méthodes de culture. Des années ont passé. Des données se sont accumulées. Plus précisément, dix années de labeurs se sont écoulées. "Je me suis dit, pourquoi ne pas transmettre tout cela au grand public ? D’autant que l’ICA a l’ambition de se lancer dans l’autoédition. Mais ne sachant pas pour l’instant comme procéder, j’ai contacté Au vent des îles pour une co-édition." Et c’est ainsi que l’ouvrage est né.

Gildas Gâteblé a été joint via Skype pendant la conférence de presse organisée mercredi matin dans les locaux de Au vent des îles. Il est ingénieur de recherche à l’Institut agronomique néo-calédonien et l’auteur de "Flore ornementale de Nouvelle-Calédonie".
Gildas Gâteblé a été joint via Skype pendant la conférence de presse organisée mercredi matin dans les locaux de Au vent des îles. Il est ingénieur de recherche à l’Institut agronomique néo-calédonien et l’auteur de "Flore ornementale de Nouvelle-Calédonie".
Amborella trichopoda, la "Lucy" des plantes à fleurs

L’ouvrage annonce la description de "trésors floristiques aussi surprenants qu’originaux", en quoi sont-ils surprenants et originaux ?

"Leur floraison est extrêmement variée, les couleurs et formes sont très riches. Certaines fleurs poussent par exemple directement sur les troncs ! Autre originalité, nous avons ce qu’on pourrait appeler la "Lucy" des plantes. Je m’explique. Lucy1 est le nom donné au squelette d’australopithèque, elle est considérée comme la mère de l’humanité. C’est l’ancêtre de l’homme. En Nouvelle-Calédonie, sur la Grande Terre, pousse une plante appelée Amborella trichopoda qui est un arbuste endémique et qui est l’ancêtre des plantes à fleurs."

En arrivant en Nouvelle-Calédonie vous travailliez sur des plantes importées, peut-on imaginer que votre ouvrage serve en retour à des professionnels en Europe ?

"Oui. Le problème, en dehors des contraintes phytosanitaires, serait de savoir comment protéger les ressources locales. Tout est à faire."

En quoi un ouvrage sur la flore calédonienne peut-elle parler au lecteur polynésien ?

"Parmi toutes les plantes présentées dans l’ouvrage, une soixantaine pousse en Polynésie française, je pense par exemple au tamanu ou au bois de rose. Mais ce n’est pas tout. Il y a aussi des plantes de même genre – Pour bien comprendre ceci, il faut savoir que tous les êtres vivants sont classés en fonction de leur lien de parenté. Il y a d’abord le règne : végétal, animal,... Le règne compte plusieurs embranchements qui comptent eux-mêmes des classes, qui comptent elles-mêmes des ordres. Au sein des ordres il y a des familles et au sein des familles, des genres et des espèces. Des plantes de même genre sont des cousins très proches, cela signifie qu’elles ont les mêmes besoins, intolérances, sensibilités,… (ndlr) – De ce fait, le livre parle donc aussi aux Polynésiens."


1 Lucy, découverte en 1974, reste considérée comme la mère de l’humanité. Mais l’hypothèse est de plus en plus contestée. Des ossements retrouvés à quelques kilomètres de ceux de Lucy en mars 2011, appartiendraient à une espèce différente de celle de Lucy. Laquelle ne serait plus, donc, l’unique ancêtre de l’homme.




Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 9 Mars 2016 à 16:10 | Lu 1488 fois