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Sandra Levy-Agamy : "En pleine crise économique, le Mammouth social ne fonctionne plus !"


Sandra Levy-Agamy : "En pleine crise économique, le Mammouth social ne fonctionne plus !"
Alertée par les problèmes croissants et récurrents que rencontrent de nombreuses familles en Polynésie pour obtenir leurs aides alimentaires, Sandra Levy-Agamy a réuni la presse ce matin pour sensibiliser la population sur les dysfonctionnements qu'il existe au sein même de l'organisation des dispositifs en charge de la délivrance de ces aides. Depuis le début de son mandat, Sandra Levy-Agamy a expliqué qu'elle était régulièrement sollicitée par des familles qui ne parviennent pas à obtenir leurs bons alimentaires. Soucieuse de cette situatrion l'élue a donc décidé de comprendre "ce qui n'allait pas dans le système." ?. Très vite elle a constaté que deux ministères se partageaient la responsabilité des familles:
- Chantal Tahiata en charge de la culture et de la solidarité ("elle s'occupe des familles qui vont bien", explique Sandra, Levy- Agamy)
-Charles Tetaraia, ministre de la santé et des affaires sociales ( "il s'occupe des familles qui vont mal" selon SLA)

Pour Sandra Levy Agamy, "il y a dejà un problème, à ce niveau là, cette organisation à deux têtes alourdit dores et déjà le système!."
Mais c'est dans les services des affaires sociales que le problème s'amplifie vraiment selon la représentante de l'assemblée: "J'ai constaté que sur 10 agents sociaux ( éducateurs spécialisés, assistantes sociales), le nombre des dossiers traités par an est considérablement insuffisant! lorsque j'ai interrogé le ministre il m'a expliqué que les budgets étaient là; il y a de l'argent, mais ensuite dans le traitement des dossiers, on s’aperçoit que dans certains cas, un agent ne traite que 3 dossiers dans l'année, pour 69 000 francs d'aide sociale! Il y a un problème de management, de traitement des dossiers, et derrière tout cela des familles qui n'ont pas de quoi manger!" s'insurge Sandra Levy Agamy!

Communiqué de Sandra Levy-Agamy:

"Le Constat :
Il y a quelques mois, alors que bon nombre de chefs de famille se retrouvaient sans emploi, la distribution des bons alimentaires par le service des affaires sociales du Pays est devenue vitale pour un grand nombre de ces familles.
Alertée de problèmes récurrents liés à la distribution de ces bons par des habitants de PAEA, j’avais posé en décembre dernier la question orale suivante au Ministre en charge des familles en difficulté: « Monsieur le Ministre, savez-vous qu’à Paea des familles en grande difficulté qui vivent de la pêche des « vana » ont droit à un seul bon alimentaire par an ? Où est passé le budget voté pour les bons alimentaires ? Comment est-il réparti auprès des services sociaux des communes ? Est-il suffisant ? Qu’envisagez-vous pour le budget 2012 ?
Ces situations m’inquiètent au plus haut point, car nous votons des moyens importants dans le cadre du budget de fonctionnement du Pays, et avons le droit de savoir ce qu’en fait le gouvernement et s’ils sont suffisants pour accompagner les familles les plus vulnérables.
Alors même que les polynésiens ne ménagent pas leurs efforts pour nourrir leurs familles, nous nous devons de faire notre part de travail » (extrait).
Non convaincue par sa réponse fébrile et face au désarroi grandissant de cette population vulnérable j’ai cherché à comprendre pourquoi en dépit des moyens votés par l’Assemblée pour accompagner les familles en difficulté au quotidien, ces mêmes familles m’informent qu’elles sont peu, voire pas du tout aidées.
Les documents que je vous soumets aujourd’hui apportent un éclairage saisissant sur les origines du problème. J’ai focalisé mon analyse sur les deux principales villes de Polynésie française : Papeete et Faa’a
L’analyse des documents:
. Circonscription des affaires sociales de Papeete :
En 2009, sur 10 éducateurs spécialisés,
 1 agent a pour l’année aidé 3 ayants droits (individus ou familles) pour un budget total engagé de 69 000 F
 1 autre agent plus consciencieux, lui, a aidé 74 ayants droits (individus ou familles) pour un budget total de 5 075 000 F
Quand on analyse les chiffres, on s’aperçoit que sur ces 10 éducateurs spécialisés, seulement 3 d’entre eux sont effectivement intervenus pour plus de 60 ayant droit pour d’année. Pour la circonscription de Papeete, ils sont donc 7 éducateurs spécialisés à avoir aidé moins de 5 ayants droits par mois (70%).
. Circonscription des affaires sociales de Faa’a :
En 2009, sur 12 travailleurs sociaux,
 1 agent a pour l’année aidé 2 ayants droits (individus ou familles) pour un budget total engagé de 42 000 F
 1 autre agent plus consciencieux, lui, a aidé 104 ayants droits (individus ou familles) pour un budget total de 8 145 000 F
Quand on regarde les chiffres de plus prêt, on s’aperçoit que ces 12 agents sociaux, seulement 3 d’entre eux sont effectivement intervenus pour plus de 60 ayant droit pour d’année. Pour la circonscription de Faa’a, ils sont donc 9 assistants sociaux et éducateurs spécialisés à avoir aidé moins de 5 ayants droits par mois (75%).


Je tiens à déclarer que je félicite les agents sociaux du Pays qui font leur travail, mais que je condamne le comportement laxiste des agents et des responsables sociaux qui ne font pas honneur à l’administration sociale.
L’aide sociale est devenue une question de survie pour beaucoup de foyers qui vivent en milieu urbain, sans emploi et sans possibilité de se nourrir du fruit de l’agriculture ou de leur pêche.
Le Mammouth social doit se réveiller !"


Rédigé par () le Jeudi 16 Février 2012 à 11:32 | Lu 1897 fois