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Risque dépressionnaire, les autorités se préparent


Sam Roscol, sapeur-pompier en charge du plan communal de sauvegarde, anticipe les zones à risque en cas de dépression.
Sam Roscol, sapeur-pompier en charge du plan communal de sauvegarde, anticipe les zones à risque en cas de dépression.
Tahiti, le 1er février 2024 – Le haut-commissariat l’a annoncé ce mercredi, une vaste zone à l'ouest de la Polynésie française devient progressivement favorable à la naissance de systèmes dépressionnaires tropicaux. Et si pour l'heure, Météo-France se refuse de tirer la sonnette d'alarme, cette dernière assure tout de même que le risque est réel. Du côté des services de secours , l'annonce est prise très au sérieux.
 
Une saison El Niño annoncée atypique, des ressentis de température en hausse, un vent d'ouest inhabituel pour la saison, une zone géographique à l'ouest déclarée favorable à la naissance de systèmes dépressionnaires tropicaux par le haut-commissariat... Difficile de ne pas imaginer le pire concernant les intempéries attendues pour dimanche et lundi. Mais du côté de Météo-France, si le risque est pris très au sérieux, la nuance est également de mise : “Malgré ce que l'on peut penser, nous n'avons pas battu de records de température ces derniers jours en termes de chaleur”, assure Frédéric Troc, directeur adjoint de Météo-France. “Il faut faire la différence entre les températures réelles et les ressentis de températures. Récemment, ce qui s'est passé, c'est que le taux d'humidité a effectivement augmenté et qu'en plus de ça, il n'y avait pas de vent. D'où ce ressenti chez la population. En revanche, il s'agit d'indices tout à fait attendus et prévisibles durant une année El Niño. Ces périodes sont rares et laissent à penser à une saison au caractère unique. Or, lorsque l'on retrace l'historique des indices, on se rend compte que ces niveaux ont déjà été enregistrés par le passé.”
 
Pour autant, si les signes ne sont pas nécessairement annonciateurs d'une dépression tropicale, Météo-France reconnaît que la situation illustre effectivement une configuration El Niño bien établie : “Au niveau de la mer et des basses couches de l'atmosphère, les conditions étaient déjà favorables à la création de systèmes dépressionnaires. C'est dorénavant dans la haute atmosphère que les conditions sont en train de devenir favorables et où tout se joue actuellement. L'incertitude diminue mais elle reste importante. Demain, elle le sera encore moins. Si, aujourd'hui, il est difficile de dire avec précision à quoi s'attendre, ce qui est sûr, c'est que nous allons assister à une dégradation du temps, avec de fortes pluies, du vent et des rafales”, explique Frédéric Troc, tout en précisant que “le risque cyclonique n'est pas exclu”.
 
Les sapeurs-pompiers sur le qui-vive
 
Du côté des services de secours, le risque est pris très au sérieux. À la caserne des sapeurs-pompiers de Papeete, l'heure est à la préparation : “Notre cellule de veille a également identifié la formation de ce système dépressionnaire en devenir, suite à quoi nous avons décidé de tout préparer et anticiper au cas où ce phénomène nous tombe dessus”, affirme Sam Roscol, sapeur-pompier responsable du Plan communal de sauvegarde. Pompes, lampes, radios, tronçonneuses, tenues, camions… l'ensemble des équipements est passé en revue ce jeudi, à quatre jours d'un potentiel risque dépressionnaire. Et du côté des effectifs, on attend les consignes du haut-commissariat : “En temps normal, il y a une dizaine de sapeurs-pompiers en service, mais en temps de crise, on peut monter jusqu'à presque une quarantaine au sein de la caserne de Papeete”, explique Sam Roscol, conscient de la complexité d'une telle situation : “Toutes les forces vives seront attendues en cas de crise. À titre d'exemple, il nous est déjà arrivé d'avoir 69 interventions à assurer dans une fenêtre de six heures.”
 
Mais si les possibilités d'interventions sont nombreuses, les sapeurs-pompiers bénéficient d'un plan communal de sauvegarde (PCS) bien rodé : “Afin de nous aider dans la gestion de la crise, des référents de quartier ont été désignés pour assurer que certaines consignes soient très vite appliquées et pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables. Des zones de rassemblement sont également mises en place pour la prise en charge de personnes en grande difficulté, ou encore les sans domicile fixe”, expliquent les sapeurs-pompiers de Papeete. D'autant que les zones les plus à risque sont déjà très bien identifiées, ce qui facilite grandement la gestion de la crise. Du côté des mairies, on commence également à anticiper les choses : en témoignent les agents de certaines communes, sur le terrain, missionnés à déboucher et nettoyer les caniveaux en prévision des fortes pluies.

Du côté des équipements, les sapeurs pompiers vérifient également que tout est en ordre afin d'être opérationnel en cas de crise avérée.
Du côté des équipements, les sapeurs pompiers vérifient également que tout est en ordre afin d'être opérationnel en cas de crise avérée.

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 1 Février 2024 à 19:23 | Lu 11310 fois