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Rétrospective 2020 : L'année Covid au fenua


Tahiti, le 20 décembre 2020 - Pour terminer l'année, Tahiti Infos vous propose deux semaines de rétrospectives 2020 en débutant sur un sujet très spécifique : le bilan d'une année marquée par l'épidémie de Covid-19.
 


Les grandes dates

23 mars : Le gouvernement prend un arrêté interdisant la vente d’alcool à emporter pendant toute la durée du confinement. Une mesure souhaitée notamment par les maires.

 

21 mai : Pas moins de 29 des 30 marins du navire équatorien arrivé au large de Nuku Hiva sont dépistés positifs au coronavirus. Leur navire restera en stationnement au large de Tahiti pour une période d'isolement nécessaire à la surveillance de l'évolution de la maladie.

 

13 août : Cinquante-et-un militaires de l'escadron de gendarmerie mobile de Tarbes ont été testés positif au Covid-19 à leur arrivée en provenance de Polynésie, selon un communiqué officiel de la préfecture des Hautes-Pyrénées. - Une note de service, signée par la directrice du CHPF et co-signée par le président de la commission médicale d'établissement, indique que plusieurs agents du CHPF ont été dépistés positifs au Covid-19.

 

30 septembre : Les nouveaux tests de dépistage "antigéniques" colorimétriques ont été inscrits sur la liste des marchandises exonérées de droits de douane. Une première livraison de 30 000 unités est attendue le mois suivant. Un arrêté adopté par le conseil des ministres assouplit également, jusqu’en mars 2021, les qualifications nécessaires pour pratiquer l'examen de "détection du génome du SARS-CoV-2" par RT-PCR.

 

22 octobre : Le maire de Papeete, Michel Buillard, annonce l'extension de la zone d'obligation du port du masque dans la capitale, la mise en place d'une structure provisoire d'accueil pour les sans-abris et des mesures spécifiques pour le Marché de Papeete ou encore pour l'organisation de la Toussaint.

 

28 octobre : La baisse drastique des réserves de sang, approvisionnées "au jour le jour", oblige le Centre de transfusion sanguine à ouvrir un point de collecte au presbytère de la cathédrale.

 

1er novembre : Priée de libérer la place au Centre hospitalier, la commission médicale des permis de conduire a dû suspendre tous ses rendez-vous jusqu’à la fin de l’année. Pour permettre aux professionnels de continuer à circuler, le conseil des ministres a prolongé la durée de validité de leur papier rose.

 

9 novembre : La Direction de la santé arrive à "une saturation de ses moyens humains". Le président du Pays appelle tous ses ministres à "intervenir sans délais et fermement auprès des chefs de service" pour mettre à disposition des fonctionnaires en "renforts urgents" auprès de la Direction de
la santé.

 

17 novembre : La chaîne Tahiti Nui Télévision (TNTV) annonce la suspension de ses journaux télévisés pendant deux jours "pour la première fois de son histoire" en raison de l'impact de l'épidémie de Covid-19 sur ses effectifs.

 

29 novembre : Douze infirmiers spécialisés en réanimation de la réserve sanitaire de Santé publique France arrivent en renfort, portant à 24 le nombre de réservistes au Centre hospitalier.

 

30 novembre : Huit centres de dépistage rapide du Covid-19 sont installés par les services de santé publique à Tahiti et Moorea. Les tests y sont pratiqués gratuitement sur les personnes symptomatiques, sans ordonnance médicale, ni rendez-vous.

 
7 décembre : Les médecins épidémiologistes de la plateforme Covid en Polynésie française, assistés de leurs collègues de l'OMS, estiment entre 30 000 et 75 000 le nombre de cas réels de Covid-19 au fenua depuis le début de l'épidémie. Une proportion de 10 à 25% de la population, qui constitue un "frein" pour l'épidémie.
 


Du premier cas au confinement

L'annonce d'un premier cas de Covid le 11 mars marque le début d'une accélération des restrictions sanitaires. Le 21 mars, un confinement général est décrété, suivi d'un couvre-feu le 27 mars afin de couper la route au coronavirus.

 

Le 11 mars 2020, la nouvelle tant redoutée arrive. Le président du Pays, Édouard Fritch, annonce l'introduction d'un tout premier cas de coronavirus : la députée Maina Sage a été testée positive trois jours après son retour de métropole. À cet instant, la stratégie consiste à "éviter autant que faire se peut la diffusion du virus à l'ensemble du territoire". La découverte dès le lendemain de deux nouveaux cas marque une accélération des mesures sanitaires, tandis qu'à l'échelle nationale et internationale, les frontières se ferment les unes après les autres.

 

Dans le sillage du discours martial prononcé par le président de la République, le haut-commissaire et le président du Pays annoncent à leur tour les premières mesures. Dès le 17 mars, tous les passagers venant de l’extérieur sont placés en quatorzaine. Afin de "protéger la population des îles", les vols commerciaux inter-îles sont suspendus, les déplacements étant limités "aux seuls motifs familiaux et professionnels". La fermeture des établissements scolaires intervient le lendemain et les rassemblements de plus de 100 personnes sont interdits. La Polynésie se prépare à confiner.

 

Trois jours plus tard, le 20 mars, un confinement est décrété alors que le nombre de cas s'est multiplié par cinq en quelques jours. Le pays bondit au stade 3. Les déplacements sont restreints aux seuls motifs professionnels ou indispensables et chaque déplacement doit justifier d'une attestation. Le 27 mars, les autorités resserrent encore la visse avec un couvre-feu de 20 heures à 5 heures du matin. Les contrevenants s'exposant à une amende de 16 100 Fcfp. L'économie s'arrête, la Polynésie retient son souffle.
 


Le déconfinement, un bol d'air

Rétrospective 2020 : L'année Covid au fenua

La chaîne de transmission est rompue, l'épidémie maîtrisée, le Pays peut donc rouvrir les frontières et permettre à l'économie de repartir.
 

À l'issue d'un confinement de près de deux mois, la nouvelle est accueillie comme une délivrance par les Polynésiens. Le 20 mai, le confinement est levé. Dominique Sorain salue une "victoire contre le virus", bien que les gestes barrières restent de mise. Il s'agit désormais de relancer l'économie, et notamment l'industrie du tourisme au point mort. Plusieurs aides du Pays et de l'État sont déployées.

 

La reprise du trafic aérien programmée le 15 juillet doit permettre de sauver les meubles d'une année désastreuse pour le transport aérien. La Polynésie se prépare donc à accueillir les touristes internationaux sans quarantaine au fenua, mais moyennant un double test obligatoire. C'est que le temps mort du confinement aura au moins permis au Pays de s'équiper en tests de dépistage PCR, en masques et en matériel médical d'oxygénothérapie, affrétés grâce aux vols de continuité territoriale.

 

Un premier vol en provenance des États-Unis se pose donc le 16 juillet avec 212 passagers à bord. Comme prévu par le protocole sanitaire, chaque touristes se voit remettre un kit d'auto-dépistage à retourner sous quatre jours auprès de l'Institut Malardé, via les hôtels ou les structures de santé publique. Les bars, les salles de spectacle et les cinémas rouvrent leurs portes, les compétition sportives reprennent, de même que les offices religieux et que les meetings politiques autorisés "sans restriction de nombre et de fréquence". Dans ce contexte, le second tour des élections municipales peut se tenir normalement, le 28 juin. La vie reprend ainsi son cours, mais pas pour longtemps.


Une vague de contaminations déferle sur le fenua

Une soirée au Piment rouge, brassant 150 à 200 personnes, marque le top départ d'une déferlante Covid qui obligera les autorités à faire marche arrière et resserrer à nouveau la visse.
 

Pas moins de 15 jours après la reprise du trafic, une soirée passablement arrosée au Piment rouge, le 31 juillet, marquera le début d'une déferlante du Covid que personne n'avait vu venir. D'abord parce que le premier cas est identifié une semaine plus tard, favorisant l'éclosion de deux clusters et la confirmation de 50 cas le 10 août. Soit quelques jours avant la rentrée.

 

Les enquêtes du bureau de veille sanitaires s'avèrent bien plus compliquées alors que 150 à 200 personnes sont passées au Piment rouge ce soir-là et que tout ce beau monde, en l'espace d'une semaine, a largement eu le temps de transmettre le Covid aux quatre coins du fenua.

 

Engagés dans une course contre la montre, les services sanitaires sont vite débordés. Le personnel mobilisé 24 heures sur 24 et sept jours sur sept montre des signes de fatigues. Le Pays doit donc se résoudre à appeler des renforts. Dès le 26 août, il faut se rendre à l'évidence, "la circulation du virus est active" reconnaît Jacques Raynal, ministre de la Santé. En parallèle, les autorités de l'État et du Pays font machine arrière toute. Petit à petit, les mesures sanitaires reviennent, sans pour autant se résoudre à un deuxième confinement, ni même un deuxième couvre-feu. Pas encore.

 
Soumis à une augmentation brutale de son activité dès la mi-octobre, c'est au tour du CHPF d'alerter sur le risque de saturation trop rapide des lits de réanimation. "Il y aura des morts", prévient le 10 septembre Lam Nguyen, épidémiologiste de l'ILM, lors d'un point de situation au Cesec. Le jour même, une première victime succombe au CHPF : une personne âgée de 81 ans. Son conjoint décède quelques heures plus tard.

 


L'épidémie en recul, le vaccin à l'horizon

Rétrospective 2020 : L'année Covid au fenua

Soumise à un deuxième couvre-feu, la Polynésie compte plus de 100 morts. Tous les regards sont désormais tournés vers l'arrivée de 15 000 doses de vaccins.


Depuis le 10 septembre, les morts s'accumulent, atteignant vendredi dernier 103 décès. Le rythme des contaminations en revanche s'inverse. D'un taux d'incidence de 989 pour 100 000 habitants début novembre, soit l'un des "taux d’infection les plus hauts du monde", le fenua passe fin novembre à 422. Le taux de positivité ou le nombre de nouveaux cas confirmés par semaine sont également en baisse.

 

Les autorités sanitaires ont d'ailleurs lancé une étude de séroprévalence pour mesurer le nombre de personnes réellement contaminées. "On a probablement jusqu'à quatre à cinq fois plus de cas réels que de cas confirmés. Ces données vont nous aider à mieux anticiper", explique alors l'épidémiologiste Pierre-Henri Mallet.

 

Le durcissement des mesures sanitaires, dont un couvre-feu intervenu le 24 octobre, commencent à faire leur effet. Depuis, tout déplacement dans l’espace public est interdit à Tahiti et Moorea entre 21 heures et 4 heures du matin. Afin de ne pas risquer d'anéantir tous ces efforts, le couvre-feu est maintenu pendant les fêtes avec une rallonge d'une heure le 24 et le 31 décembre.

 
Aujourd'hui, tous les regards sont tournés vers l'arrivée d'un vaccin. Le 3 décembre, Édouard Fritch annonce la préparation d'un premier programme de vaccination de 130 000 personnes. Une semaine plus tard, le ministre de la Santé confirme l’arrivée attendue en Polynésie de 15 000 doses "dans le courant du mois de janvier, ou début février". La priorité sera donnée aux professionnels de santé et aux personnes vulnérables.
 


Rédigé par Esther Cunéo le Lundi 21 Décembre 2020 à 16:01 | Lu 1358 fois