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Retraites : "nous prenons le temps d’une réflexion profonde" (Bouissou)


PAPEETE, 7 février 2018 - Le projet de loi réformant le système de retraites n’est pas à l’ordre du jour de la session extraordinaire convoquée à Tarahoi à partir du 15 février prochain.

Le projet de loi pour la réforme du système de retraites polynésien n’est toujours pas transmis à l’assemblée de la Polynésie française. Le texte n’est pas non plus à l’ordre du jour prévisionnel de la session extraordinaire qui s’ouvre jeudi 15 février prochain pour un mois. Plus précisément, au titre de son cheminement institutionnel, ce projet de loi n’a pas encore été présenté en Conseil des ministres depuis l’avis négatif dont l’a crédité le Conseil économique social et culturel (CESC), le 18 janvier dernier. La raison invoquée mercredi pour justifier cette non-présentation au CM du jour est l’absence du ministre de la santé, actuellement en mission à Paris. Tout est remis à la semaine prochaine. Une fois transmis à Tarahoi, le projet de loi devra encore être visé en commission législative avant sa possible inscription à l’ordre du jour d’une séance plénière. Nouveau délai de deux semaines. Tout cela nous mène tranquillement début mars, au plus tôt.

En novembre dernier, Jacques Raynal assurait pourtant que ce projet de loi visant à réformer le système polynésien de retraites par répartition serait présenté au plus vite, pour entrer en application dès janvier 2019, après avoir purgé les éventuels recours en annulation devant le Conseil d’Etat. Mais la question se pose aujourd’hui : ce texte sera-t-il débattu par les élus polynésiens avant les Territoriales d’avril ?

"On ne peut pas continuer à mettre de côté un dossier que les gouvernements précédents ont feint de traiter. Cela abouti aujourd’hui sur des déficits en milliards de francs", a dans ce contexte reconnu mercredi le porte-parole du gouvernement. Gouvernement où, selon Jean-Christophe Bouissou "on espère bien" que le texte sera voté avant la mi-mars.

Pour l’instant, "nous prenons le temps d’une réflexion profonde, au sein du gouvernement, avant que ce texte ne fasse l’objet d’une étude par l’assemblée", a-t-il expliqué. Mais "il arrive un moment où il revient aux gouvernants, et en l’occurrence au Conseil des ministres, d’arrêter une position sur l’ensemble des mesures, pour que nous ayons un système de couverture sur le plan de la retraite qui fonctionne et qui offre une visibilité par rapport à l’avenir".

Mardi, une intersyndicale de travailleurs ultra-représentative a conclu à un appel à la grève générale à partir du 15 février prochain, pour demander le retrait pur et simple du projet de loi de réforme des retraites. À la place, les syndicats sont prêts à engager une discussion avec le gouvernement pour une réforme globale du système de protection sociale généralisée(PSG), où selon eux près de 4,5 milliards de francs d'économies à réaliser dans le secteur de la santé permettraient de combler le déficit des retraites sans bouger les curseurs du système d’assurance vieillesse. Dans les grandes lignes, le projet de loi porté par le gouvernement prévoit de son côté d’augmenter les taux de cotisation, de reporter l’âge légal de la retraite de deux ans pour tout le monde, tout en révisant à la baisse le mode de calcul des pensions.

Jean-Christophe Bouissou a reconnu mercredi que "ces mesures ne seront pas forcément applaudies". Mais le gouvernement a-t-il seulement l’intention de courir le risque d’un mouvement social d’envergure à quelques semaines des élections territoriales. Jeudi prochain, l’intersyndicale souhaite réunir 10000 manifestants à Tarahoi. Une forte mobilisation ce jour-là pourrait bien requalifier provisoirement de degré d’urgence de ce dossier des retraites.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 7 Février 2018 à 15:28 | Lu 1974 fois