Tahiti Infos

Resipol veut accompagner l'innovation polynésienne


Jérémy Grangé, chef du projet Polynnov- Nāhiti à l'UPF.
Jérémy Grangé, chef du projet Polynnov- Nāhiti à l'UPF.
Tahiti, le 18 mai 2022 – Resipol, le consortium de recherche mené par l'université veut accompagner le développement des innovations polynésiennes. Dans le cadre de l'appel à projet du Plan innovation outre-mer, il lance son propre appel à manifestation d'intérêt.


Le consortium Recherche enseignement supérieur innovation pour la Polynésie (Resipol), fondé en 2019, avec l'Université de la Polynésie française comme chef de file, regroupe l'ensemble des acteurs de la recherche et de l'innovation en Polynésie. En 2021, le Resipol, allié avec des acteurs de l'innovation du secteur privé, a été lauréat de l'appel à manifestation d'intérêt du Plan Innovation Outre-mer (PIOM) visant à soutenir des projets innovants pour répondre "aux défis spécifiques des outre-mer". Ces projets doivent s'inscrire dans une des six thématiques suivantes : énergie renouvelable, économie circulaire, résilience face aux changements climatiques, préservation et valorisation des ressources naturelles, alimentation saine et durable et valorisation des ressources humaines.
 
Des projets pour un projet
 
Le projet Nouvelles ApprocHes pour l’Innovation et la Technologie dans les Îles de Polynésie française (Nāhiti) avait donc reçu une première enveloppe de 11,6 millions de Fcfp pour mener une phase d'ingénierie préparatoire au deuxième volet du Piom, celui de la proposition concrète de projets proprement dite. "Avant de proposer une réponse, on a dû faire un diagnostic. On a réalisé une centaine d'entretiens et on a identifié un manque de structuration. Il y avait pas mal d'initiatives, des ressources, du potentiel sur le territoire, mais il y avait un manque de coordination sur les politiques d'innovations à l'échelle de la Polynésie", explique Jérémy Grangé, chef du projet Nāhiti à l'UPF. "On a aussi identifié un manque de connaissances qui entrave le développement de nombreux projets", ajoute-t-il.
 
Doté d'une enveloppe globale de 15 millions d'euros (environ 1.78 milliards fcfp), le nouvel appel à projet Piom soutiendra 13 propositions d'innovations issues des outre-mer. Resipol y soumettra le deuxième volet de son projet qui vise donc à "structurer l'écosystème d'innovation polynésien" et à "accompagner et former les porteurs polynésiens de projet d'innovation". C'est dans ce cadre que le consortium et ses alliés lancent à leur tour leur propre appel à manifestation d'intérêt, intitulé Polynnov, à destination des projets locaux.
 
L'innovation, "une solution à un problème"
 
L'innovation, "c'est un mot qui peut interroger", reconnaît  Jérémy Grangé, "ce n'est pas forcément de la technologie de conquête spatiale. Ça n'implique même pas forcément une technologie. Toute personne peut avoir une activité ou une idée innovante." L'innovation est avant tout une manière nouvelle de répondre à un besoin, quel qu'il soit. "Cela peut être une réponse à un besoin d'une population, une manière de recycler un matériel qui était jeté avant, changer une matière non-recyclable par une matière recyclable pour la fabrication d'un produit, ça peut aussi être de la simplification, ou de l'accessibilité", illustre le chef de projet, avant de résumer "l'innovation, c'est toujours une solution à un problème".
 
Pendant la phase d'ingénierie, le consortium mené par l'UPF a déjà identifié une cinquantaine de projets sur le Fenua. "On a demandé à notre réseau de partenaires de remonter des projets. On a vu qu'il y avait une matière très intéressante", explique Jérémy Grangé. Les projets d'innovations déjà repérés sont globalement originaires de trois sources : les innovations issues de la recherche scientifique, celles issues des incubateurs de start-up et celles internes à des entreprises déjà existantes. L'ampleur du problème que ces innovations résolvent est déterminant et pour cette AMI, le consortium recherche des projets ayant un impact "à l'échelle de la Polynésie et même au-delà", selon le chef de projet.
 
Faire passer de l'idée au marché
 
Parmi les projets repérés dans la sphère entrepreneuriale, Jérémy Grangé cite une application d'auto-apprentissage du reo tahiti ou un kit de compostage pour faciliter l'autosuffisance alimentaire des populations insulaires. Parmi les innovations issues de la recherche : "Il y a un projet de développement de collecteur d'huitres perlières en biomatériaux, issu d'un programme de recherche de trois ans. En ce moment, un post doctorant est en train de finaliser des brevets". Mais ce projet a besoin d'être accompagné sur le plan économique. "Les projets de recherche sont souvent avancés du côté des idées, explique Jérémy Grangé, mais ne questionnent pas assez les questions des marchés potentiels. Là on peut l'aider à faire la phase de transfert", c’est-à-dire de faire passer l'idée au stade du prototype voire de l'industrialisation.
 
En effet la démarche de Polynnov, n'est pas de financer directement ces projets, mais bien de les accompagner et de les former à passer "de l'idée au marché". Pour cela, les porteurs des projets sélectionnés bénéficieront d'un programme de formation intensif de deux ans basé sur un socle commun de 10 modules, allant de l'ingénierie financière à l'exploitation de la propriété intellectuelle en passant par une assistance juridique ciblée. Ils bénéficieront aussi de l'expertise et des réseaux des membres et partenaires du consortium.
 
"Des solutions qu'on ne trouve pas ailleurs"
 
Le degré d'avancement du projet n'est pas un critère déterminant pour être sélectionné. Les projets candidats devront, bien sûr, s'inscrire dans les thématiques du Piom. "De toute façon, en Polynésie, les projets qu'on a déjà identifiés s'inscrivent tous dedans. Les spécificités du territoire amènent de toute façon les porteurs de projets à se questionner sur ces thématiques de développement vertueux et préservant la nature", constate Jérémy Grangé. "Tout porteur de projet peut candidater, même si on ne l'a pas encore repéré" assure-t-il.
 
Les candidats ont jusqu'au 30 juin pour déposer leur dossier. Quinze projets seront présélectionnés. Les auditions finales auront lieu à la fin du mois d'août et une dizaine de projets seront retenus puis inclus dans le projet Nāhiti, qui à son tour devra être déposé avant le 30 septembre 2022. S'il remporte l'appel d'offre, l'accompagnement commencera début 2023. "Il y a des vrais bons projets en Polynésie, il y a de quoi être ambitieux" se réjouit le chef du projet Nāhiti, qui ajoute : "beaucoup de ces projets portent l'influence de la culture et des pratiques polynésiennes, le rāhui, par exemple, la langue… Ce n'est pas du folklore, ce sont des connaissances qui ont des implications concrètes et qui apportent des solutions qu'on ne retrouve pas ailleurs."

Pratique :

Pour consulter les informations complètes de l'appel à manifestation d'intérêt, retirer et déposer les dossiers de candidature, consulter la page dédiée :
https://www.upf.pf/fr/actualites/appel-manifestation-dinteret-programme-polynnov-nahiti

 


Rédigé par Antoine Launey le Mercredi 18 Mai 2022 à 21:51 | Lu 1594 fois