Tahiti Infos

Reprise de motifs traditionnels océaniens : Nike retire sa ligne de maillots de bain


les motifs utilisés par Nike sur la collection « Tattoo Tech » de maillots de bain féminins sont, selon la tradition samoane, exclusivement réservés aux hommes
les motifs utilisés par Nike sur la collection « Tattoo Tech » de maillots de bain féminins sont, selon la tradition samoane, exclusivement réservés aux hommes
SUVA, vendredi 16 août 2013 (Flash d’Océanie) – L’équipementier multinational américain Nike a été forcé en milieu de semaine de présenter ses plates excuses et de retirer de la vente une nouvelle ligne de maillots de bains, qui reprenaient des motifs traditionnels de tatouages, considérés comme sacrés dans leurs îles d’origine.
Cette nouvelle ligne de maillots de bains pour femmes avait été lancée fin juillet 2013 en édition limitée.
La firme présentait alors ces nouveaux motifs comme inspirés de motifs traditionnels samoans, fidjiens et Maori de Nouvelle-Zélande.
Argument sous-jacent : ces vêtements aquatiques « tatoués » en mode tribal avaient, plus que jamais, vocation à devenir une seconde peau.
Mais très rapidement, les réactions se sont multipliées, notamment sur les réseaux sociaux, surtout au sein des communautés océaniennes et samoanes expatriées.

Reprise de motifs traditionnels océaniens : Nike retire sa ligne de maillots de bain
Selon cette diaspora, l’utilisation de tels motifs (y compris le tatouage connu traditionnellement sous le nom de « Pe’a » et réservé à des chefs de haut rang) représentait une injure aux traditions ancestrales, car ils sont sacrés et correspondent à des situations extrêmement codifiées.
Par ailleurs, les motifs utilisés sur cette ligne « Tattoo Tech » de maillots de bain féminins sont, selon la tradition samoane, exclusivement réservés aux hommes.
Une pétition en ligne, lancée en début de semaine sur les réseaux sociaux, avait aussi commencé à cristalliser un mouvement d’indignation.
La multinationale américaine a elle aussi rapidement réagi, via une porte-parole qui a reconnu que les motifs étaient effectivement inspirés par des tatouages océaniens.
« Nous présentons nos excuses à quiconque ait pu considérer ces motifs comme irrespectueux à toute culture spécifique. Il n’était pas dans notre intention d’offenser qui que ce soit », a-t-elle brièvement déclaré mercredi en précisant que la collection au centre de la polémique était désormais retirée de la vente.


La robe « aztèque » : un copié-collé de motifs fidjiens

Reprise de motifs traditionnels océaniens : Nike retire sa ligne de maillots de bain
Au chapitre de la propriété intellectuelle, toujours en Océanie, Fidji n’a pas non plus été en reste ces derniers jours : une robe présentée par une créatrice de mode new-yorkaise, Nanette Lepore, a été présentée comme « aztèque » et affichée à la vente pour près de 400 dollars US l’unité.
http://www.nanettelepore.com/just-in/aztec-dres.html

Depuis, à Fidji, ainsi que sur les réseaux sociaux, les réactions indignées se multiplient, se basant sur le fait que les motifs « aztèques » sont en fait une reproduction à l’identique de motifs traditionnels fidjiens utilisés sur des tapas (surface végétale réalisée à partir de l’écorce de mûrier) pour des occasions là aussi extrêmement codifiées.

Le Conseil des Arts de Fidji (Fiji Arts Council), en fin de semaine, lançait un appel pour que tous les créateurs de l’archipel se mobilisent afin de déposer le plus souvent possible leurs motifs et ainsi d’empêcher que ce genre de pillage culturel se reproduise.
La créatrice de la robe « aztèque » s’est elle aussi, depuis, fendue d’un message, dans lequel elle se déclare « désolée d’avoir nommé à tort cette robe ‘aztèque ‘ »
« Je respecte les artistes locaux et je présente mes excuses pour toute offense que cela a pu causer », a-t-elle écrit sur le réseau Facebook.

pad

Rédigé par PAD le Vendredi 16 Août 2013 à 06:13 | Lu 3430 fois