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Réouverture des frontières : Avant la date, le Medef demande le protocole sanitaire


Tahiti, le 12 mai 2021 – Le président du Medef de Polynésie, Frédéric Dock, fait part des “inquiétudes” des entreprises polynésiennes après le manque de garanties autour de l'annonce d'une réouverture des frontières au 1er mai. Avant toute date, le patron des patrons demande que soit fixé un “plan” avec l'établissement d'un protocole sanitaire d'entrée au fenua.
 
Une semaine après l'annonce du président Édouard Fritch d'une possible réouverture des frontières polynésiennes au 1er mai prochain, le président du Medef de Polynésie, Frédéric Dock, ne cache pas ses inquiétudes. “Ce que peut dire le Medef aujourd'hui, c'est que l'heure n'est plus aux annonces. L'heure est à l'élaboration d'un plan”, avance gravement le patron des patrons. “Un plan, ça veut dire un protocole sanitaire et des dates. Les dates qui sont annoncées, si elles ne reposent pas sur un plan et des garanties de sécurité sanitaire en particulier, elles n'ont pas beaucoup d'intérêt.”
 
“Des dates quelles qu'elles soient”
 
Le président du Medef regrette le manque de garanties et de précisions autour de l'annonce de cette date probable de réouverture, qui ne permet pas aujourd'hui aux professionnels –notamment du tourisme– de s'organiser sur la façon de reprendre leur activité. “Je vois aujourd'hui des entreprises qui ne sont pas en possession des informations totales et nécessaires qui leur permettent de rassurer leurs employés. Donc oui, on a des inquiétudes.” En effet, si les professionnels du tourisme ou du transport peuvent indiquer à leurs clients qu'une réouverture des vols internationaux est annoncée pour le 1er mai, difficile en revanche de les renseigner par exemple sur une éventuelle obligation vaccinale… “Il faut le faire dans le bon sens. C'est la manière dont on fixe un cadre et des conditions d'entrée sur le Pays qui va permettre de fixer la date. Et non pas l'inverse”, exhorte le patron du Medef.
 
Pour le président de l'organisation patronale, l'établissement de conditions d'entrée au fenua importe aujourd'hui même davantage que l'imminence d'une date de reprise des vols internationaux sans motifs impérieux. “Le monde économique comprend parfaitement qu'il y a des conditions préalables à la réouverture. Que ce soit une immunité naturelle, une immunité acquise ou la vaccination”, assure Frédéric Dock. “Mais par contre, ce que doivent fixer les autorités, c'est la cohérence des moyens avec les objectifs recherchés. Et que derrière ce plan, on ait des dates. Qu'elles soient début mai, courant mai ou même au mois de juin. Le Medef n'a jamais imposé une date. Il demande un cap et c'est au gouvernement, ensuite, de fixer sa date.”
 
“Bilan positif des sept mois d'ouverture”
 
La crainte, c'est que la précipitation ne desserve la destination polynésienne où la situation sanitaire est aujourd'hui sous contrôle. “Ce qui est en ligne de mire aujourd'hui, c'est l'ouverture potentielle de la Californie avec la Polynésie. Et c'est l'ouverture de la métropole avec la Polynésie, peut-être à un autre moment en fonction de la situation sanitaire de la destination.” La Californie ayant prévu une réouverture totale le 15 juin et la métropole n'ayant aucune visibilité sur une levée du confinement imposé depuis le 2 avril dernier. “Mais en tous cas ce qui est certain, c'est qu'on a derrière nous un bilan positif des sept mois d'ouverture de juillet 2020 à février 2021”, affirme le patron du Medef. “Il serait catastrophique pour la suite que, du jour au lendemain, on ait une recrudescence du virus et une image de la destination qui ne soit pas conforme à tout ce que l'on a capitalisé ces derniers mois.”
 

​Quand le Medef demandait la levée des “motifs impérieux”

Le 15 mars dernier, alors que 425 acteurs du tourisme demandaient à l'État d'annoncer une date de réouverture des frontières, le Medef Polynésie adressait un courrier au haut-commissaire pour lui demander la levée des conditions d'entrée au titre du “motif impérieux”. Le patronat estimant, vue la situation épidémique au fenua, que l'adaptation des protocoles sanitaires imposés par le Pays suffisait à assurer la protection sanitaire du fenua.
 
“Vous semblez parfaitement convenir que la gestion sanitaire par le Pays des voyageurs entrants a été une véritable réussite tout au long de ces douze mois d’extrêmes incertitudes”, écrivait à l'époque l'organisation patronale. “Étant donné que le gouvernement de la Polynésie Française, comme le Président du Pays l’a lui-même démontré, continue à faire évoluer ses protocoles en fonction de la réalité sanitaire, nous ne pouvons que relever la contradiction de maintenir les conditions d’entrée au titre du motif impérieux. Une contrainte qui parait purement administrative voire contreproductive en institutionnalisant une peur avec laquelle nous avons compris depuis fort longtemps qu’il faudrait vivre. Le caractère d’urgence nous paraissant ainsi totalement dépassé.” Le courrier se concluant par une demande “très solennelle” de fixer la date de levée du motif impérieux “dans le but de donner le maximum de visibilité possible à nos entreprises et au monde économique en général”.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 13 Avril 2021 à 06:43 | Lu 3874 fois