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Rencontres autour de la culture dans les lycées de Raiatea


Raiatea, le 20 novembre 2023 - Au lycée des îles Sous-le-Vent et au lycée professionnel de Raiatea, des projections, débats et conférences se succèdent depuis le mois d’octobre. Forte de cette dynamique, l’éducation prête aussi ses locaux pour que les élèves comme les personnes extérieures aux établissements puissent profiter de cet élan culturel insufflé par des associations et membres des établissements scolaires.
 
À Raiatea, plusieurs partenariats se sont créés cette année pour faire vivre la culture polynésienne et ses acteurs, sous l’impulsion des personnels des établissements scolaires. La première rencontre a eu lieu le 11 octobre au lycée des îles Sous-le-Vent (LUT), animée par l’association ‘A Nui Taputapuātea, avec Alexia Klingler et Alex Juster, respectivement réalisatrice et ethnologue conseiller technique du documentaire consacré à la reine Pōmare IV, Tahiti, une reine en héritage. Suivie d’un débat, la projection avait enthousiasmé le public et “il était bien difficile de savoir qui du public ou de nous était le plus touché”, confiait Alex Juster.
 
À la suite de ce premier événement culturel, l’établissement a accueilli, vendredi dernier, l’anthropologue professeur d’université Bruno Saura, venu présenter son dernier livre Un poisson nommé Tahiti. Une rencontre à l’initiative de Stéphane Descombaz, professeur d’histoire-géographie au LUT. D’emblée, Bruno Saura explique et questionne la notion de mythe : “Le mythe est un récit fondamental, un récit sur l’origine. C’était la philosophie de l’époque. Mais à quoi sert le mythe ? Est-il une allégorie ? Une métaphore ?” C’est ainsi qu’il a posé les bases de cette présentation qui fait et défait l’histoire de Tahiti, de sa création. Fenua metua, Tahiti ne serait qu’une partie détachée de Raiatea, plaçant de facto Raiatea comme île fondatrice, dominante. Mais durant sa présentation, Bruno Saura n’aura de cesse d’interroger sur la valeur de ce mythe pour faire comprendre au public lycéen venu nombreux que “Tahiti ne se détache pas forcément de Raiatea. D’autres mythes existent plaçant Tahiti comme née du monde sous-marin. Ce mythe a certainement été écrit à une époque où Raiatea voulait réécrire sa domination ; qu’elle soit politique ou religieuse. (…) Allégorie peut-être aussi de la liberté, certains guerriers ou chefs ont peut-être choisi la terre de Tahiti pour s’y implanter, elle qui n’avait a priori ni chef, ni dieux.”
 
Au terme de sa présentation et des questions, Wilfried Sidolle de l’association ‘A nui Taputapuātea, présent dans le public, a remercié avec humour Bruno Saura de sa venue sur la Terre-mère. “Tu es courageux de venir à Raiatea pour nous dire que, peut-être, nous ne sommes pas à l’origine de tout. D’ailleurs, on se sent désormais dominé par Tahiti.”  Ravi de cette rencontre qui s’est ensuite poursuivie en tahitien avec des élèves du lycée professionnel voisin (LEP) venus le rencontrer, Bruno Saura ajoutait en aparté : “Je reviendrai pour la contradiction. Il est important de parler sous le contrôle des gens de Raiatea et de rendre compte de ce qu’on sait à des personnes qui savent aussi beaucoup de choses.”
 
De nouvelles rencontres à venir au LUT et au LEP
 
Toujours sous l’impulsion de Stéphane Descombaz, une visioconférence avec les élèves de l’option histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP) est organisée aujourd’hui avec Matthieu Rey, directeur des études contemporaines à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO) à Beyrouth.
 
Puis le 19 janvier prochain, le professeur organisera au LUT une conférence ouverte au public avec Renaud Meltz, maître de conférences à l’Université de la Polynésie française, co-auteur de deux ouvrages, Des bombes en Polynésie et Mensonges d’État. Puis, une deuxième conférence sera programmée en février-mars avec l’une des doctorantes de Renaud Meltz sur les conséquences spatiales du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) à Tahiti.
 
Du côté du LEP, l’association ‘A nui Taputapuātea projettera le 30 novembre un documentaire du Festival international du film documentaire océanien (Fifo) sur Tupaia en présence de certains de ses descendants. Sera également présent ce jour-là Henri Theureau, traducteur du livre Tupaia, le pilote polynésien du capitaine Cook et d’une bande dessinée retraçant la vie de Tupaia.

Rédigé par Marion Alexandre le Lundi 20 Novembre 2023 à 19:24 | Lu 2336 fois