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Remblais pour le Mahana Beach : des mesures à prendre pour protéger l'environnement


"TNAD, ayant repris le dossier, a décidé d'anticiper a minima et de stocker des matériaux issus de terrassement de chantier avoisinants afin de préparer au mieux la Polynésie française a un chantier qui demandera la production de grandes quantités de matériaux dans des délais rapides" car c'est une "situation non soutenable dans des conditions normales", explique l'étude d'impact.
"TNAD, ayant repris le dossier, a décidé d'anticiper a minima et de stocker des matériaux issus de terrassement de chantier avoisinants afin de préparer au mieux la Polynésie française a un chantier qui demandera la production de grandes quantités de matériaux dans des délais rapides" car c'est une "situation non soutenable dans des conditions normales", explique l'étude d'impact.
PAPEETE, le 26 janvier 2016. Pour niveler le site qui accueillera le futur Mahana Beach et stocker des matériaux en prévision des aménagements, TNAD a stocké au total près de 110 000 m3 sur le site de Bel Air et à l'emplacement de l'ancien Sofitel. "L'absence de dispositif de rétention des eaux chargées" est "nocif pour le lagon et la volonté de préservation affichée de la zone de pêche protégée de la commune de Faa'a", souligne une étude d'impact.

Pas moins de 66 000 m3 de remblais ont déjà été déposés sur la partie Maeva Beach et 45 000 m3 sur la partie Bel Air pour niveler le terrain qui devra accueillir le futur Mahana Beach. "Les dépôts de terres sont faits par des entreprises privées à qui TNAD donne son accord pour déposer des matériaux sur le site", décrit l'étude. "Ces matériaux doivent au préalable être contrôlés pour la présence ou non de petites fourmis de feu." Mais, "les entreprises n'ont pas de cahier des charges" définissant les modalités techniques de dépôt.

L'étude d'impact sur l'environnement des remblais à l'emplacement de l'ancien hôtel Sofitel Maeva Beach est consultable aux mairies de Punaauia et de Faa'a et au service de l'urbanisme. Une étude d'impact qui arrive après que les remblais ont été faits…

Cette étude est publique depuis le 17 décembre dernier. En ces périodes de fête et de début d'année, elle n'a pas déplacé les foules à Punaauia. Les quelques remarques concernent plus la question de la consultation des populations avant les remblais et sur le projet Tahiti Mahana Beach que sur les conséquences environnementales du dépôt de ces terres.

"LE CONTRÔLE DES APPORTS EN TERRE N'EST PAS ASSURE"
Cette parcelle est en bord de lagon et bordée d'une rivière. Elle est également à côté de la pointe Taata, d'un grand hôtel et d'une zone naturelle. L'étude rappelle que les enjeux sont "le maintien du caractère paysager calme et verdoyant du site, la protection du littoral et la lutte contre les espèces invasives".
La société Ha'aviti, spécialisée dans les domaines de l’eau, les déchets ou la protection des milieux industriels et naturels, a constaté que la "faune et la flore n'est pas maîtrisée", que "le contrôle des apports en terre n'est pas assuré", et qu'il y a donc le "risque de voir apparaître et se développer des nuisibles envahissants comme la petite fourmi de feu, le miconia, les acacias, les rats…"
Les monticules qui font plusieurs mètres de haut inquiètent également la société qui a réalisé cette étude. Elle note que ces monticules ne sont "pas stabilisés versus les risques de grosses pluies ou pour une éventuelle montée des eaux". Elle ajoute donc que "compte tenu de l'absence de dispositif de rétention des eaux chargées, des risques de fortes précipitations habituelles en Polynésie, de montée des eaux quasi chaque semestre, des départs de polluants vers le réseau des eaux pluviales, puis vers le lagon en aval, sont prévisibles avec des conséquences évidentes potentielles : pollution terrigène des terres mises à nue, augmentation de la turbidité du lagon, diminution de la qualité de l'eau et des zones touristiques alentours". La société résume : "Ceci est nocif pour le lagon et la volonté de préservation affichée de la zone de pêche protégée de la commune de Faa'a. L'impact est important."

CONSULTABLE JUSQU'AU 18 FÉVRIER
L'étude liste une série de propositions pour limiter l'impact de ces remblais (lire aussi en encadré).
Pour limiter l'impact sur le lagon, la société préconise notamment de "reprendre les formes de pentes de terres déposées côté rivière et lagon" et de "mettre en place un dispositif de rétention des eaux de ruissellement". Elle insiste sur le fait de ne pas effectuer de "travaux et de dépôts en période pluvieuse pour préserver la qualité d'eau de baignade".
Pour lutter contre les espèces invasives sur le site, elle recommande d'arracher celles qui s'y trouvent puis de veiller à ce qu'elles ne reviennent pas.
L'étude rendue publique en décembre précisait que le maître d'ouvrage envisageait alors de "gardienner le site, mettre en place des poubelles, assurer l'entretien trimestriel du site, gérer l'espace en libérant l'assise foncière des constructions illégitimes, rendre l'accès public au front de mer, assurer un début de travaux de la zone complète au plus tôt" et de"créer des équipements de gestion d'eaux pluviales avec système de décantation avant rejet à la mer."
L'étude est consultable jusqu'au 18 février inclus. La période a été prolongée d'un mois.

Les solutions proposées par l'étude d'impact

Cette étude d'impact concerne la partie située à l'emplacement de l'ancien hôtel Sofitel Maeva Beach, qui a été détruit en août 2014.
Cette étude d'impact concerne la partie située à l'emplacement de l'ancien hôtel Sofitel Maeva Beach, qui a été détruit en août 2014.
- Reprendre les formes de pentes de terres déposées côté rivière et lagon
- Arracher les plantes invasives sur le site
- Veiller à lutter contre le retour des espèces invasives végétales
- Effectuer des tests de détection de la petite fourmi de feu chaque mois
- Mettre en place un dispositif de rétention des eaux de ruissellement
- Valider les risques d'inondation et de montée des eaux du lagon par un prestataire spécialisé
- Faire suivre les dépôts par un géotechnicien et organiser les dépôts en fonction des risques et préconisations liées aux risques de montée des eaux et d'inondations.
- Protéger les pans des talus par des matériaux permettant la rétention des fines et des éboulements potentiels
- Pas de travaux et de dépôts en période pluvieuse pour préserver la qualité d'eau de baignade

Le Tahiti Mahana Beach, prévu pour 2022

Le protocole d’accord pour la réalisation du Mahana Beach a été signé le 19 décembre dernier avec un groupement chinois composé de Recas Glogal Limited, China Railway international et R&F Properties. Ce projet de complexe touristique qualifié de "gigantesque" est évalué à 270 milliards Fcfp et pourrait entrer en phase d’exploitation dès 2022 à Punaauia.

La signature du contrat définitif devrait avoir lieu avant le 30 juin prochain "au plus tard", espérait alors Edouard Fritch.

Ce contrat définitif sera alors signé pour une durée de 70 ans. Le titulaire devra recourir prioritairement à la main d’œuvre locale, en période de construction de même qu’en phase d’exploitation. Le financement du projet devra être assuré exclusivement par le titulaire, qui concevra, construira et exploitera le complexe pour son compte. L’achèvement et l’ouverture au public du complexe devra intervenir au plus tard six ans après la signature du contrat définitif c’est-à-dire, selon le calendrier exposé samedi, courant 2022.

Au cours de ce premier semestre, le titulaire devra réaliser un avant-projet sommaire en accord avec le cahier des charges fixé par TNAD et inspiré des esquisses réalisées par l’architecte hawaiien Group 70 qu’avait validé le gouvernement en juillet 2014.


Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 26 Janvier 2016 à 15:32 | Lu 1460 fois