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Ramer en draguant les déchets: course hongroise en mode écolo


Zahony, Hongrie | AFP | jeudi 13/08/2020 - Bouteilles en plastique, pneus et boîtes de conserve: la Hongrie organise chaque année au mois d'août une course avec des bateaux construits à partir des déchets ramassés dans le lit d'une rivière, alliant défi sportif et geste écologique. 

Ce été, environs 150 participants se sont donnés rendez-vous sur les rives du deuxième cours d'eau de ce pays d'Europe centrale, la Tisza (nord-est), à la frontière ukrainienne. Leur équipement de compétition: gants de protection, bottes en caoutchouc et cabas XXL.

On leur a demandé de récupérer ce qui traîne au fond de l'eau, sur les rives et dans les forêts de la plaine inondable aux alentours. Pots d'échappement, porte de frigo, parasols déchirés... tout peut servir.

Reste ensuite le plus dur: assembler ingénieusement la récolte pour en faire une embarcation capable de flotter pendant neuf jours jusqu'à la ligne d'arrivée située en aval. 

Les bouteilles en plastique sont les plus recherchées: rassemblées dans des immenses filets, elles servent de flotteurs. 

Le but est de finir au sec avec le plus gros volume de déchets collectés.

"Tous les ans depuis 2013, on recommence là où on avait arrêté la saison précédente", affirme auprès de l'AFP Attila Molnar, l'inventeur de cette compétition pas comme les autres nommée "coupe PET", pour "Polytéréphtalate d'éthylène", la principale composante des emballages alimentaires. 

La flotte, écolo et bon enfant, est en général composée d'une douzaine de radeaux. Elle part d'un petit embarcadère, lui-même bâti grâce aux encombrants repêchés, et drague sur un tronçon de 80 km cet affluent du Danube, à raison de 10 ou 20 km par jour.

"Tonnes de déchets"

La distance est "énorme", selon Laszlo Helmeczi, le maire de Zahony, l'une des petites villes riveraines. "C'est surhumain comme effort", explique-t-il, très enthousiaste. Sous un soleil de plomb, les coureurs participent également à des programmes de sensibilisation auprès des habitants, concernant la sauvegarde de l'environnement. 

La culture s'invite alors aussi sous les saules, royaume "des moustiques et des araignées", selon Dalma Farkas, une autre participante, avec des conférences sur la faune et la flore, l'histoire de la région - où serait mort Attila le Hun - et sa richesse patrimoniale.

D'ailleurs, bon nombre des participants sont actifs le reste de l'année dans les milieux environnementaux. "On est des hommes de l'eau", dit Viktor Kocsis, 40 ans, dont l'éphémère voilier a été baptisé "Saperlipopette". Il a relevé le défi avec un groupe d'amis et vient ici depuis sept ans.

Cette année, plus de huit tonnes de détritus ont ainsi été sortis de la nature, soit presque autant qu'en 2019, alors qu'il y avait deux fois moins de participants en raison de la pandémie de coronavirus.

"Je pense qu'en tout, on a extrait entre 50 et 60 tonnes de déchets ces huit dernières années", calcule Istvan Palko, un coureur de 52 ans, content d'avoir contribué à cet exploit.

Si bien que le gouvernement hongrois reconnaît désormais l'utilité publique de l'initiative, parrainée par le président de la République Janos Ader. Il la sponsorise en espérant qu'elle fasse tâche d'huile. 

Reste le défi de maintenir propres les tronçons nettoyés. La régie des eaux est chargée d'y veiller, notamment grâce à un système d'écluses permettant d’amasser et de bloquer les déchets en amont.

le Jeudi 13 Août 2020 à 06:00 | Lu 169 fois