Tahiti Infos

Qui a peur du grand méchant clown ?


TAHITI, le 11 février 2020 - Né il y a une quinzaine d’années, Didier Super est un personnage bête et méchant, qui n’hésite pas à dire "fans à la con s’abstenir". Ce second degré, assumé, permet à son créateur Olivier Haudegond de faire passer des messages bien à lui sur des sujets de société choisis.

Certains spectateurs, en sortant de la salle, résume la représentation de Didier Super par un : “du 12e degré” en ajoutant “mais j’ai adoré”. L’artiste assume ce parti pris, affirmant que “quand il a un papier et un crayon, il ne peut pas écrire autre chose”.

Le concept ? Il fabrique des chansons avec au maximum trois accords et chante volontairement faux, s’autorisant toutes les insanités par le biais d’un cynisme revendiqué. Il se sert de son second degré comme d’une arme contre tous les “bas du front”.

Avant son arrivée, le week-end dernier, il a posté une vidéo d’annonce de sa venue (retirée depuis) qui a suscité une vive polémique. Sur ce sujet, et sur les autres, il s’explique.

Tahiti Infos : Vous proposez un concert sans musique, dites-nous en plus sur le concept.
Olivier Haudegond : “Didier Super est un personnage que je trimballe depuis une quinzaine d’années. Le spectacle est évolutif, son titre rappelle l’époque de mon premier album. J’avais alors des fans post-ados dont je voulais me débarrasser, je me suis dit qu’avec un concert sans musique et donc sans les chansons qu’ils aimaient, je pourrais y arriver !

Tahiti Infos : Vous étiez chanteur au départ ?
Olivier Haudegond : “J’étais prof de chant dans une école. Et puis, il y a 20 ans, je suis parti sur la route. Avec des amis, un été, on a monté un spectacle pour amortir les frais de nos vacances, c’est devenu mon métier l’année suivante.

Tahiti Infos : À quoi ressemblait ce spectacle ?
Olivier Haudegond : “On faisait des démonstrations de BMX, plutôt des acrobaties. On était quatre dont un qui aimait le cirque contemporain. Petit à petit, on s’est retrouvé à deux à vouloir aborder l’humour de mauvais goût. On était en 2001/2002, et puis j’ai fini seul avec mon personnage Didier Super.”

Tahiti Infos : Comment est-il ce personnage ?
Olivier Haudegond : “C’est mon clown méchant.”

Tahiti Infos : Didier Super est donc méchant ?
Olivier Haudegond : “Je dirais plutôt qu’il est bête. J’ai la prétention, moi, de ne pas être bête alors que je joue quelqu’un de bête et c’est ce décalage, cette zone franche qui amuse les gens.

Tahiti Infos : De quoi parle Didier ?
Olivier Haudegond : “Certainement pas de soirée disco, de talons aiguilles ou de téléphone portable. Il aborde des problèmes de société en général. Par exemple, pour la Polynésie –car je tiens toujours compte de l’endroit où je joue– j’ai parlé dans la vidéo de la place du ‘blanc’ dans l’archipel, avec les conséquences que l’on connaît, la polémique qui a suivi.”

Tahiti Infos : Pour vous on peut rire de tout partout ?
Olivier Haudegond : “On devrait pouvoir le faire. Je ne sais pas si je m’avance en disant ça, mais j’ai l’impression, avec ma vidéo, d’avoir mis du sel sur une vieille blessure, à savoir une occupation de plus de deux siècles. Occupation qui n’est pas bien vécue, ce que je peux comprendre.

Tahiti Infos : Vous dites tenir compte de l’endroit où vous jouez, vous allez donc écrire un spectacle spécialement pour Tahiti ?
Olivier Haudegond : “Rien n’est encore écrit, et je ne vais pas m’avancer sur les sujets que je vais traiter, mais oui, il sera particulier. Je vais prendre le temps de découvrir, je vais jouer dans des centres d’accueil et donc pouvoir avoir un aperçu en profondeur de ce qui se passe ici. Et je ne serais pas étonné que tout cela ressorte sur scène.”

Tahiti Infos : Pourquoi montez-vous sur scène ? Pourquoi faites-vous ce métier ?
Olivier Haudegond : “Pour échapper à l’usine, et heureusement, parce que des usines, il n’y en a plus ! En fait la question n’est pas de savoir pourquoi je fais ce métier, mais pourquoi je le fais comme ça. Quand je prends un papier et un crayon, je ne peux pas écrire autre chose, au plus grand désarroi de ma mère d’ailleurs qui aurait préféré que je fasse du Sardou. Je n’ai pas la prétention de vouloir sauver le monde, mais j’ai l’impression que ce que je fais porte, un peu.”

Tahiti Infos : C’est-à-dire ?

Olivier Haudegond : “J’aborde des sujets de société, pour faire réagir. Il y a en a tellement aujourd’hui, l’évolution des sujets de société est d’ailleurs un sujet de société en soi. Parfois, quand tu lis les titres de journaux, tu as l’impression de tenir Le Gorafi entre les mains, que ce n’est pas vrai. Ici, il sera sans doute question de religion, de troisième âge…

Pratique

Le vendredi 21 février au Petit théâtre de la Maison de la culture, à 19 heures.
Le spectacle sera suivi d’un échange avec l’artiste.
Pour réserver, rendze sur le site internet d'Angela R Productions. Les billets sont également en vente chez Smart store centre Vaima et iStore Pacific plaza à Faa’a.
Tarif : 4 100 Fcfp.



Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 11 Février 2020 à 13:30 | Lu 2893 fois