Quelques heures de grève seulement pour mettre la pression à Air France

PAPEETE, le 6 août 2014. La grève à Air France Polynésie devenue effective ce mercredi à 0h00 a été levée par le SAPAFep à 10 heures. Le syndicat espère désormais ne plus subir de discrimination et d’atteintes au droit du travail. Les conséquences de cette grève éclair ont été très limitées. Le vol d’Air France de ce mercredi matin 8h00 au départ de Papeete n’a été retardé que d’une demi-heure. Sur les 11 membres d’équipage prévus pour cette rotation, deux adhérents du SAPAFep étaient déclarés comme grévistes. Deux heures après, la grève était suspendue. «Nous souhaitions mettre la pression sur la direction régionale sur des points d’application du droit du travail» explique Alain Bonno du syndicat SAPAFep concernant notamment les droits des syndicats. Lors des réunions de négociations, l’Inspection du travail a pointé des irrégularités sur l’application du droit de travail. La direction régionale d’Air France a par exemple remis avec beaucoup de retard, seulement au début 2014, les bilans de l’entreprise pour les années 2010, 2011 et 2012.

Or, l’analyse de ces bilans (financiers et sociaux) aurait pu fournir une expertise différente de la situation de l’entreprise au moment où le plan Transform Papeete 2015 était négocié dans l’urgence en quelques semaines à la fin de l’année 2012. A l’époque, la direction avait mis en avant un déficit de la ligne vers Papeete pour justifier une demande d’économies à réaliser et de postes locaux à supprimer sur l’escale tahitienne. Mais les documents chiffrés qui auraient pu attester de cette situation n’ont pas été transmis au Comité d’entreprise pour qu’il puisse rendre un avis circonstancié sur le plan de restructuration. «On a levé la grève dans l’attente de l’avis des juges» poursuit Alain Bonno.

Ce sera en l’occurrence à l’Inspection du travail de vérifier si les documents remis au syndicat SAPAFep sur injonction de la justice –après une décision du 25 avril 2013- sont conformes à ce que la réglementation exige. Le syndicat espère également par la pression de cette grève éclair que les décisions de justice en sa faveur soient réellement appliquées. «On veut qu’Air France en Polynésie se conforme aux règles du code du travail (…) Il y a un ensemble de discriminations à l’égard de notre syndicat » affirme encore Alain Bonno. La stratégie de la menace d’un conflit social aura-t-elle été suffisante ? En tout cas, elle a permis d’exposer la situation de façon nette devant l’Inspection du travail.

Le plan Transform Papeete : dans l’attente de la justice

Le plan Transform Papeete signé en février 2013 par les syndicats Unsa et A Ti’a i Mua a été dénoncé en justice par le SAPAFep quelques mois plus tard devant le tribunal civil. Jusqu’ici les parties ont remis leurs conclusions aux juges et des reports d’audience n’ont pas encore permis d’aborder le dossier sur le fond. Une prochaine audience est prévue en septembre prochain. Si la justice déclare le Plan Transsform Papeete non conforme, il faudrait rétablir la situation telle qu’elle existait avant la signature de ce plan de restructuration. «Et redémarrer des négociations avec les syndicats, mais cette fois les membres du Comité d’entreprise auraient en main les bilans des années précédentes de la compagnie en Polynésie pour poser réellement un avis» remarque Alain Bonno du SAPAFep.