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Quand le surf prend la vague du numérique et de l'IA


PHILIPPE LOPEZ / AFP
PHILIPPE LOPEZ / AFP
Hossegor, France | AFP | jeudi 02/08/2023 - Reconnaissance faciale pour vendre des photos de surfeurs en action, casiers connectés pour louer son matériel au plus près des "spots", planches biosourcées conçues sur imprimante 3D : sur la côte basco-landaise, le numérique déferle dans le monde de la glisse.

L'idée de "My Sessions" est venue à Bertrand Delaveau lors d'un voyage au Maroc, en observant un photographe proposer ses clichés aux amateurs d'un surf camp.

"Je me suis dit que ce serait plus simple de vendre directement ses photos sur internet, en évitant de courir après des surfeurs inconnus sur la plage, et ainsi d'élargir sa clientèle potentielle", explique à l'AFP cet ingénieur surfeur, longtemps expatrié dans l'industrie des hydrocarbures au Nigeria, en Irak ou au Qatar.

La solution ? Une plateforme qui, via l'intelligence artificielle (IA), connecte directement et gratuitement les surfeurs - inscrits préalablement par un selfie - et des photographes qui les ont mitraillés depuis la plage. Si les clichés trouvent preneur, la société "My Sessions" perçoit une commission sur la transaction.

C'est aussi "une source de revenus complémentaire pour des photographes --amateurs ou professionnels-- qui peuvent gagner 100 à 200 euros par +shoot+ assez facilement", affirme le fondateur de la start-up.

Lancée initialement à Paris, la société se développe depuis trois ans à Capbreton (Landes) et vient de s'associer à des spécialistes reconnus de l'IA. "Nous devons améliorer le site pour attirer plus de photographes car la demande est très forte du côté des surfeurs", souligne-t-il.

QR code sur la planche

Intelligence artificielle aussi chez Sea Locker qui vient de lancer, mi-juillet, sa toute première station de location de planches de surf en libre-service dans une auberge de jeunesse d'Hossegor (Landes).

"L'idée était de résoudre les problèmes de transport pour les touristes et de permettre à des locaux de tester des nouveaux matériels", explique le fondateur Nicolas Farolfi, lauréat de l'appel à projets innovation 2022 d'Eurosima, l'association européenne des industriels des sports de glisse.

Sur 3,6 mètres de haut et 1,6 m en largeur et profondeur, avec un effet vague dans la structure en bois, des casiers permettent de récupérer sa planche 24h/24 après l'avoir réservée en ligne grâce à une application smartphone. Au moment de la ramener après sa session de surf via un QR code intégré, l'utilisateur doit la prendre en photo sous plusieurs angles, afin que l'IA vérifie son état.

Basé à Hossegor, Sea Locker a noué un partenariat avec le géant du secteur Rip Curl qui l'équipe en planches pour cette première, et la jeune société a prévu une levée de fonds à l'automne.

"Nous avons eu des demandes pour une petite dizaine de stations l'an prochain, de Moliets (Landes) à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). Il y a du potentiel au niveau des mairies, hôtels, campings ou magasins de surf", estime Matthieu Guyonnaud, directeur commercial.

Micro-usines locales

Depuis leur atelier d'Anglet (Pyrénées-Atlantiques), Léo Bouffier et Sylvain Fleuri, originaires de Bretagne et fondateurs de Wyve Surf, conçoivent, eux, des planches translucides, imprimées en 3D, à partir de plastique biosourcé issu de sucre de canne, d'amidon de maïs ou de betterave.

"Grâce à notre algorithme, nous pouvons générer des planches adaptées à chaque typologie de surfeur, en modifiant la structure, la flexibilité, le maillage selon le poids et les capacités de chacun", assure Léo Bouffier.

Le modèle économique de la petite entreprise à la dizaine de salariés qui sortent, à ce jour, 200 à 300 planches par an, s'imagine autour d'un réseau de micro-usines.

"Notre idée est de produire localement, à proximité des communautés de surfeurs, face aux délocalisations en Asie", poursuit-il, projetant une implantation en Californie en 2025.

le Jeudi 3 Août 2023 à 04:21 | Lu 922 fois