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Projet d'élevage porcin : Taiarapu Est se prononcera en conseil municipal


TARAVAO, le 13 juillet 2018. Le collectif contre l'élevage porcin a rencontré vendredi les maires de Taiarapu Est et Ouest. A l'issue de la rencontre, tous étaient d'accord pour demander que la consultation de l'étude d'impact sur l'environnement soit prolongée et soit disponible sur Taiarapu Ouest. Anthony Jamet demande qu'une rencontre soit organisée entre les porteurs du projet et le collectif.

Pendant plus d'une heure et demie, les représentants du collectif contre le projet d'élevage porcin ont rencontré vendredi matin le maire de Taiarapu Est. Ses membres ont discuté avec Anthony Jamet, rejoint en cours de réunion par le tavana de Taiarapu Ouest.

Le collectif, composé d'habitants de la zone proche du futur élevage, s'est constitué le 9 juillet dernier. "Cet élevage va créer des nuisances olfactives et sonores et va polluer les nappes phréatiques. D'ici quelques années, cela risque de polluer le lagon à Toahotu", craint James Yuteng, porte-parole du collectif.

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A la sortie de leur entrevue, une représentante du collectif ne cache pas sa déception. "Le maire de Taiarapu Est ne s'est pas prononcé contre ou pour ce projet. Il veut réunir le conseil municipal avant", souligne Martine, qui a ouvert une pension de famille sur le plateau de Taravao après avoir "investi 25 millions". " On nous dit de développer le tourisme mais ensuite on nous met une porcherie industrielle. Cela ne va pas être possible. J'attendais une réponse claire. Pour moi, un maire doit soutenir sa population. Pour l'instant, ce n'est pas le cas."

Un projet de 1844 cochons

Jusqu'au 19 juillet, le public peut consulter l'étude d'impact sur l’environnement sur la réalisation d'un élevage porcin sur le domaine Hiupe. Cet élevage sera situé sur le plateau de Taravao.

La société civile d'exploitation agricole SCEA Polycultures, dirigée par Bruno Wan, qui a déjà un élevage de bovins notamment, a pour projet de réaliser des travaux de terrassement et de viabilisation de deux plates-formes avec un volume de terrassement supérieur à 10 000 m³.

L'élevage comptera à terme 1844 animaux, ce qui le placera parmi les gros élevages porcins de la Polynésie française. « La production de viande porcine visée est d'environ 170 tonnes par an, soit environ 2000 carcasses par an », peut-on lire dans l'étude d'impact, qui est consultable à la mairie de Taiarapu Est ainsi qu'au service de l'urbanisme de Taravao.
Le site disposera de deux plates-formes. La première de 1000m2 accueillera le quai d’embarquement et le local du personnel et de réception. La seconde de 6400m2 accueillera les deux bâtiments d’élevage, le stockage de lisier et le stockage d'eau.

"Il ressort de cette rencontre qu'une commune, Taiarapu Ouest, a été un peu oubliée dans la démarche de l'enquête. Celle-ci devait s'arrêter le 19 juillet. On demande de repousser l'échéance de la consultation de l'étude d'impact sur l'environnement pour permettre d'étendre cette enquête à la population de Taiarapu Ouest et que chacun ait le temps d'émettre son avis aussi à Taiarapu Est", souligne Anthony Jamet, maire de Tairapu Est. "On a demandé au collectif de rencontrer les promoteurs et d'engager un débat contradictoire car il y a des interrogations assez fortes sur la faisabilité du projet." Concernant sa position vis-à-vis du projet, le maire affirme : " C'est le conseil municipal qui se prononcera sur ce projet après l'avoir étudié."

Taiarapu Ouest contre le projet

Le conseil municipal de Taiarapu Ouest, lui, n'a pas attendu pour donner sa position. Après avoir difficilement atteint le quorum, le conseil municipal s'est prononcé par treize contre le projet d'élevage. Trois élus se sont abstenus. "La commune de Taiarapu Ouest sera la première concernée par cet élevage porcin", a regretté Wilfred Tavaearii, qui a regretté aussi "un manque de communication".

Les responsables du projet Pig Polynésie ont adressé ce vendredi matin un courrier au maire de Taiarapu Est pour répondre aux interrogations des riverains opposés au projet d'élevage porcin à Taravao, qui se sont regroupés au sein d'un collectif.

"Ce projet d'élevage porcin a été initié en janvier 2018 pour donner suite à la baisse continue de la production porcine locale, qui a des conséquences lourdes sur l'ensemble de la filière élevage y compris l'abattoir, et sur l'autonomie alimentaire du Pays (50 % de viandes importés de porcs). Ce projet est situé en zone agricole protégée suivant le projet de Plan général d'aménagement de la commune de Taiarapu Est. ll permettra la création de deux postes (24h/24, 7 j/7) soit cinq emplois directs créés sur la presqu'île, ainsi que 10 à 15 emplois indirects créés (abattoir, livreurs, maintenance, distribution ...)", expliquent les porteurs du projet.

Concernant le risque sanitaire mis en avant par les détracteurs du projet, Pig Polynésie indique que "Le site et les bâtiments sont protégés pour garantir un haut niveau sanitaire et éviter toute contamination du cheptel. (…) La gestion du lisier est organisée avec des zones de stockage sous les bâtiments (900 m3) et une fosse de pompage (90 m3) qui seront étanchéifiées avec un béton spécifique pour éviter toutes infiltrations".

Concernant les odeurs et les bruits, les habitations ne seront pas "impactées" "compte tenu de l'éloignement, de l'encaissement des bâtiments", assurent les futurs porchers.
Le collectif contre le projet d'élevage porcin organise une manifestation mercredi matin à la mairie de Taiarapu Est.

Le lisier, " un fertilisant naturel"

Les détracteurs du projet d'élevage craignent une pollution de l'eau par le lisier. "C'est un fertilisant naturel des sols indispensable en agriculture raisonnée ", met en avant Pig Polynésie dans son courrier au maire de Taiarapu Est. "Cette démarche s'inscrit dans une volonté d'agriculture respectueuse et responsable de l'environnement, cadrée par un plan d'épandage conforme à la réglementation nationale et qui sera suivi par les pouvoirs publics", indique le courrier de la SCEA Polycultures. "Il faut rappeler que I'azote et le phosphore apporté par Ie lisier seront entièrement consommés par les cultures et pour la croissance des plantes. Enfin, les distances entre les zones d'épandages et les habitations, captages, talwegs seront supérieures aux distances imposées par les réglementations européennes et françaises).


Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 13 Juillet 2018 à 16:37 | Lu 2611 fois