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Projet "Tahiti Nui 2034" : à la rencontre des hommes du SAGE


Projet "Tahiti Nui 2034" : à la rencontre des hommes du SAGE
Au cours des 24 prochains mois, l’élaboration du Schéma d'aménagement général (SAGE) doit mobiliser les représentants du Pays, des institutions de Polynésie française, de l’Etat, de la société civile et des chambres consulaires (CCISM et Chambre d'agriculture).

Le SAGE, c’est la feuille de route définissant à l’échelle du Pays, en les mettant en perspective sur les vingt prochaines années, l’organisation des transports, l’intégration du développement de l’activité économique, la répartition de l’habitat et des équipements structurants en tenant compte de la probable évolution démographique. Une réflexion sur la place de la Polynésie dans son cadre régional qui doit aussi inclure les notions de changement climatique et d’adaptation aux conséquences probables.

L’idée en somme est de définir un document juridique prescriptif, opposable aux PGA, définissant le cadre général de manière à investir habilement dans des équipements structurants, avec une vision d’ensemble, et durablement. Le terrain est préparé, au plan juridique, par une loi du Pays Portant modification du Code de l'aménagement votée à l’unanimité le 13 août 2012. Reste à échafauder le cadre général de ce schéma d'aménagement.

Un bureau de consultants a été retenu par appel d'offres pour réaliser, au cours des 24 prochains moins, le document préliminaire du SAGE : l'agence IP2M. Ce document sera soumis courant 2015 à l’avis de l’Assemblée de Polynésie française. Alors qu'un diagnostic est actuellement en cours d'élaboration pour être remis en juin au ministère de l'Aménagement, maître d'ouvrage, nous avons rencontré Michel Protsenko, architecte urbaniste, chef de projet du SAGE, directeur d’UP2M. Interview :

Vous avez réalisé la plupart des Schémas d'aménagement régionaux (SAR) dans les outre-mer, cela vous donne-t-il une expertise particulière pour appréhender la réalité polynésienne ?

Michel Protsenko : On procède également à 34 Scot (Schéma de cohérence territoriale, NDLR) en métropole. Cette expérience nous a montré une palette de problématiques. Il y a évidement des particularités d’une collectivité à l’autre, notamment dans les outre-mer. Pour schématiser, en Polynésie il y a trois particularités : d’abord le SAGE, ici, va être extrêmement opérationnel, déboucher sur des documents d’urbanisme et des projets pour chaque commune ; le SAGE s’accompagnera d’une programmation de projets ; enfin, troisième particularité, c’est que l’élaboration du SAGE en Polynésie française, s’appuie sur un dispositif de consultations extrêmement développé. Nous allons rencontrer les élus locaux, les chambres consulaires, les représentants de la société civile, toutes les forces vives du Pays.
Nous souhaitons innover dans la manière d’échanger et de travailler ensemble. Nous sommes arrivés et avons découvert une masse d’étude très importante. La difficulté c’est qu’à chaque fois que l’on se saisi d’un dossier, il est dépassé. Beaucoup se fondent sur des données scientifiques et techniques, chiffrées, statistiques. Là, on a de quoi faire. Mais on a l’impression que, prendre l’angle d’un cabinet d’experts qui arrive, qui propose sa manière d’organiser cette réflexion à travers quelque chose de scientifique, ça peut ne pas fonctionner. On s'est donc plus orienté d'emblée sur une dynamique d’échange de terrain, qui nous donne plus d’éléments d’information : notre richesse est fondée sur cet échange. C’est vrai que le SAGE est un document de stratégie globale. Mais en même temps, il a une volonté d’action. C’est un peu la difficulté de l’exercice. Une vision globale de la Polynésie connectée à la vision d’un élu local.


Qui peut garantir que ce SAGE ne connaîtra pas le même sort que les deux précédents déjà réalisés en Polynésie en 1991 et 1997, qui dorment aujourd’hui au fond d’un tiroir ?

Michel Protsenko : Les deux précédentes études ont été réalisées par des experts, déconnectés du terrain. Dans notre démarche, l’implication des forces vives locales apporte une certaine garantie de bonne fin. Celui qui prend le risque d’interrompre cette étude, prend un risque politique, parce que l’on fait naître une attente. Certes, le SAGE est commandé par le gouvernement actuel, et c’est le ministère de l’Aménagement et du Logement qui en assure la maîtrise d’ouvrage, mais il s’appuie sur une loi de Pays votée en 2012 qui impose la réalisation de ce document.
(…) Autre particularité de ce SAGE, il sera opposable aux Plan généraux d’aménagement. Ce sera un document juridique qui va agir en termes de prescription.


(...) Aujourd’hui, cette vision de projet manque en Polynésie, alors que tout le monde s’accorde sur le diagnostic. Des petits projets existent par ci par là, mais que veulent-ils dire dans une logique globale de développement du territoire ? Une vision globale du territoire est nécessaire.
On a besoin d’un schéma général parce qu’il y a le besoin de mettre en cohérence et de relier tous les efforts pensés séparément dans l’agriculture, les transports, l’industrie, etc, et de les mettre en cohérence avec un projet politique.


Le SAGE ambitionne d’encadrer le développement de la Polynésie française, pour les 20 prochaines années. Comment va se dérouler la phase d’analyse prospective ?

Michel Protsenko : Nous allons faire un diagnostic, en recueillant ce qui existe. Ce constat doit être partagé. C’est à cela que nous travaillons aujourd’hui. Nous le rendrons dans le courant du mois de juin prochain. Une deuxième partie est de définir le projet. Dans ce cadre-là nous serons effectivement amenés à utiliser des méthodes d’analyses prospectives, qui devra tenir compte du projet politique qui sera arrêté alors, puisque les élections Territoriales se seront déroulées entre-temps. Ce projet sera enfin matérialisé sous forme d’un schéma, une carte très concrète agrémentée d’une liste de projets. C’est la particularité de ce SAGE : il est très concret.

Tous ces projets se fonderont sur une analyse de ce que pourra être la Polynésie dans l’avenir, de manière à harmoniser les efforts.

Michel Protsenko : On regarde à 2035, parce qu’il faut tenter de voir loin ; mais le SAGE est destiné à être revu tous les 10 ans. Il s’agit de donner une direction générale, mais aussi de s’adapter. Ce document doit être pragmatique : il ne s’agit pas de se lier les mains pour les 20 ans à venir ; et puis il doit s’appuyer sur le projet politique. Ce document est conçu pour être suffisamment concerté et coproduit afin résister aux alternances politiques.
(...) Partout, on a besoin de prendre de la hauteur pour régler les problèmes du quotidien. Cette vision d’ouverture vers le futur est nécessaire. La réflexion doit se porter sur une cohérence globale et, à partir de là, avoir une vision sectorielle à l’échelle des archipels, des groupes de communes, ou simplement communale.
Le SAGE permettra de figer un planning sur dix à vingt ans. C’est un document technique et réglementaire. Est-ce un projet de société ? Non, ça c’est le politique définit les priorités. En revanche, notre rôle, en lien avec les choix politiques, est de définir l’impact sur l’espace. Notre rôle est de rationaliser la gestion de l’espace.
"le pool des prestataires du SAGE - (gauche à droite) Olivier Lebrun, directeur de Creocean Pacifique (aménagement du littoral et environnement) - Lina Huan, LHProduction (communication et opérationnel) - Michel Protsenko, directeur UP2M (chef de projet - agence d'urbanisme et d'architecture) - Bruno Johannes (expertise économique)
"le pool des prestataires du SAGE - (gauche à droite) Olivier Lebrun, directeur de Creocean Pacifique (aménagement du littoral et environnement) - Lina Huan, LHProduction (communication et opérationnel) - Michel Protsenko, directeur UP2M (chef de projet - agence d'urbanisme et d'architecture) - Bruno Johannes (expertise économique)

A la rencontre des archipels : ateliers thématiques

Le programme des rencontres avec les élus locaux, dans le cadre de l'élaboration du SAGE.

Mercredi 6 mars - Tuamotu - Gambier
Mardi 12 mars - Australes

ATELIER 1 - Qualité de vie
ATELIER 2 - Activités et sources de revenus
ATELIER 3 - Foncier, aménagement et logement
ATELIER 4 -Moyens de transport et de desserte
ATELIER 5 - Environnement
ATELIER 6 -Les services publics
PLÉNIÈRE

Lundi 11 mars - IDV
ATELIER 1 - Agglomération-capitale
ATELIER 2 - Tahiti Rural
ATELIER 3 - Moorea
ATELIER 4 - Équilibre habitat/emploi
ATELIER 5 - Gouvernance des projets urbains
ATELIER 6 - Iles du Vent : destination touristique


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 12 Mars 2013 à 14:11 | Lu 1832 fois