Paris, France | AFP | samedi 22/08/2020 - Depuis plusieurs semaines, les indicateurs témoignent d'une circulation accrue du coronavirus en France, tandis que la situation reste relativement stable dans les hôpitaux. Comment expliquer ce paradoxe? Est-on pour autant à l'abri d'un nouvel emballement de l'épidémie de Covid-19?
- Le point sur la situation
Plus de 4.500 nouveaux cas positifs au coronavirus ont été détectés quotidiennement jeudi et vendredi, des chiffres inédits depuis mai, selon Santé publique France (SpF).
Depuis plusieurs semaines, cet indicateur est en augmentation régulière (+43% la semaine dernière, +39% la précédente), alors que le taux de dépistage est "stable", observe l'agence sanitaire, qui fait état dans son dernier bulletin d'un doublement des cas tous les 17 jours.
Autres marqueurs de la "forte progression de la circulation du virus": le nombre de nouveaux foyers de cas groupés ("clusters") est "toujours en augmentation" et le taux de reproduction (dit "R") se situe autour de 1,3 depuis fin juillet.
Ce chiffre désigne le nombre moyen de personnes infectées par chaque porteur du virus. Lorsqu'il est au-dessus de "1", l'épidémie se développe.
Résultat: sept départements sont désormais considérés en "vulnérabilité élevée" face à l'épidémie et 31 en vulnérabilité "modérée".
- Les raisons de ne pas dramatiser
Le nombre de cas détectés la semaine dernière (environ 16.800) est supérieur à ce qu'il était mi-mars, au début du confinement. Difficile pourtant de comparer: on effectuait alors peu de tests, et principalement sur des patients atteints de formes graves, alors qu'on en réalise aujourd'hui près de 700.000 par semaine et que plus de la moitié des tests positifs concerne des personnes sans aucun symptôme.
Autre argument des optimistes: le nombre de nouvelles contaminations augmente depuis plusieurs semaines mais on n'observe pas d'évolution notable du nombre des personnes hospitalisées ou en réanimation.
Depuis le pic atteint le 8 avril, avec 7.148 patients en réanimation, ce chiffre n'a cessé de baisser jusqu'à fin juillet et évolue peu depuis (379 en cette fin de semaine).
Pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, c'est bien là l'essentiel. "On n'a pas d'augmentation des hospitalisations ou de décès, qui serait un signal d'alarme beaucoup plus inquiétant".
"On bénéficie d'un formidable répit estival en Europe de l'Ouest", ajoute-t-il auprès de l'AFP, alors que ce n'est pas le cas ailleurs (Israël, Afrique du Sud ou Australie).
Plus de cas positifs détectés mais pas d'impact majeur sur les hôpitaux: le virus "semble circuler préférentiellement pour l'instant dans des populations peu fragiles, peu sensibles aux formes graves de l'infection: des populations jeunes ou des gens qui n'ont pas de facteur de risque", estimait récemment le virologue Vincent Maréchal sur France 2.
Peut-être parce que les moins de 65 ans ont davantage repris leurs interactions sociales que leurs aînés, avec un moindre respect des gestes barrières (saluer sans s'embrasser, distance physique, lavage des mains, etc.), selon les dernières enquêtes des autorités sanitaires.
"Les changements de comportement tels qu'une meilleure hygiène" des mains et "la distanciation physique" font que les personnes contaminées le sont avec "une dose virale plus faible que dans la période avant le confinement, ce qui se traduit par une forme moins sévère de la maladie", avance également Brendan Wren, professeur à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
Un article publié récemment dans la revue Cell a par ailleurs relancé l'hypothèse d'une mutation du virus qui l'aurait rendu plus contagieux mais moins mortel.
Mais de nombreux commentateurs soulignent que cette souche du virus porteuse de la mutation a été identifiée depuis avril et circulait en Europe lors de la première vague. Ils jugent donc peu crédible qu'elle soit à l'origine du moindre taux de mortalité actuellement observé.
- Les points qui inquiètent
"La situation est préoccupante", juge cependant Renaud Piarroux, chef de service à La Pitié-Salpêtrière (AP-HP). Plus le nombre de nouveaux cas progresse, "plus les besoins en tests, en préleveurs en laboratoire, en traçage augmentent", et "plus le risque est grand d'être dans une situation où on aura du mal à repérer tous les cas" et où l'on perdra la main sur le virus, explique-t-il à l'AFP.
Pour d'autres médecins, la diffusion vers les populations à risque (âgées ou présentant un facteur de fragilité tels que le diabète ou l'obésité) de l'augmentation de la circulation du virus n'est qu'une question de temps.
"Une augmentation" de la proportion de nouveaux cas, certes moins forte que dans d'autres classes d'âge, est déjà "observée chez les personnes âgées de plus de 65 ans", souligne SpF.
Et même si les chiffres dans les hôpitaux n'ont rien à voir avec ce qu'ils étaient au printemps, il y a bien une "tendance à la hausse des nouvelles hospitalisations et admissions en réanimation", avertit l'agence sanitaire.
Les nouvelles hospitalisations de patients atteints de Covid-19 ont franchi la barre des 1.000 la semaine dernière contre 780 la semaine précédente, en augmentation depuis quatre semaines, et les nouvelles admissions en réanimation sont passées à 128, contre 122 début août et 105 fin juillet.
Alors qu'il entrait en moyenne 10 patients par jour en réanimation mi juin-début juillet, "on a atteint une vingtaine" actuellement, souligne l'épidémiologiste Catherine Hill. "L'épidémie repart, ça c'est une chose à peu près certaine". Elle déplore une politique de tests encore trop centrée sur les personnes présentant des symptômes et leurs cas contacts.
- Le point sur la situation
Plus de 4.500 nouveaux cas positifs au coronavirus ont été détectés quotidiennement jeudi et vendredi, des chiffres inédits depuis mai, selon Santé publique France (SpF).
Depuis plusieurs semaines, cet indicateur est en augmentation régulière (+43% la semaine dernière, +39% la précédente), alors que le taux de dépistage est "stable", observe l'agence sanitaire, qui fait état dans son dernier bulletin d'un doublement des cas tous les 17 jours.
Autres marqueurs de la "forte progression de la circulation du virus": le nombre de nouveaux foyers de cas groupés ("clusters") est "toujours en augmentation" et le taux de reproduction (dit "R") se situe autour de 1,3 depuis fin juillet.
Ce chiffre désigne le nombre moyen de personnes infectées par chaque porteur du virus. Lorsqu'il est au-dessus de "1", l'épidémie se développe.
Résultat: sept départements sont désormais considérés en "vulnérabilité élevée" face à l'épidémie et 31 en vulnérabilité "modérée".
- Les raisons de ne pas dramatiser
Le nombre de cas détectés la semaine dernière (environ 16.800) est supérieur à ce qu'il était mi-mars, au début du confinement. Difficile pourtant de comparer: on effectuait alors peu de tests, et principalement sur des patients atteints de formes graves, alors qu'on en réalise aujourd'hui près de 700.000 par semaine et que plus de la moitié des tests positifs concerne des personnes sans aucun symptôme.
Autre argument des optimistes: le nombre de nouvelles contaminations augmente depuis plusieurs semaines mais on n'observe pas d'évolution notable du nombre des personnes hospitalisées ou en réanimation.
Depuis le pic atteint le 8 avril, avec 7.148 patients en réanimation, ce chiffre n'a cessé de baisser jusqu'à fin juillet et évolue peu depuis (379 en cette fin de semaine).
Pour l'épidémiologiste Antoine Flahault, c'est bien là l'essentiel. "On n'a pas d'augmentation des hospitalisations ou de décès, qui serait un signal d'alarme beaucoup plus inquiétant".
"On bénéficie d'un formidable répit estival en Europe de l'Ouest", ajoute-t-il auprès de l'AFP, alors que ce n'est pas le cas ailleurs (Israël, Afrique du Sud ou Australie).
Plus de cas positifs détectés mais pas d'impact majeur sur les hôpitaux: le virus "semble circuler préférentiellement pour l'instant dans des populations peu fragiles, peu sensibles aux formes graves de l'infection: des populations jeunes ou des gens qui n'ont pas de facteur de risque", estimait récemment le virologue Vincent Maréchal sur France 2.
Peut-être parce que les moins de 65 ans ont davantage repris leurs interactions sociales que leurs aînés, avec un moindre respect des gestes barrières (saluer sans s'embrasser, distance physique, lavage des mains, etc.), selon les dernières enquêtes des autorités sanitaires.
"Les changements de comportement tels qu'une meilleure hygiène" des mains et "la distanciation physique" font que les personnes contaminées le sont avec "une dose virale plus faible que dans la période avant le confinement, ce qui se traduit par une forme moins sévère de la maladie", avance également Brendan Wren, professeur à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
Un article publié récemment dans la revue Cell a par ailleurs relancé l'hypothèse d'une mutation du virus qui l'aurait rendu plus contagieux mais moins mortel.
Mais de nombreux commentateurs soulignent que cette souche du virus porteuse de la mutation a été identifiée depuis avril et circulait en Europe lors de la première vague. Ils jugent donc peu crédible qu'elle soit à l'origine du moindre taux de mortalité actuellement observé.
- Les points qui inquiètent
"La situation est préoccupante", juge cependant Renaud Piarroux, chef de service à La Pitié-Salpêtrière (AP-HP). Plus le nombre de nouveaux cas progresse, "plus les besoins en tests, en préleveurs en laboratoire, en traçage augmentent", et "plus le risque est grand d'être dans une situation où on aura du mal à repérer tous les cas" et où l'on perdra la main sur le virus, explique-t-il à l'AFP.
Pour d'autres médecins, la diffusion vers les populations à risque (âgées ou présentant un facteur de fragilité tels que le diabète ou l'obésité) de l'augmentation de la circulation du virus n'est qu'une question de temps.
"Une augmentation" de la proportion de nouveaux cas, certes moins forte que dans d'autres classes d'âge, est déjà "observée chez les personnes âgées de plus de 65 ans", souligne SpF.
Et même si les chiffres dans les hôpitaux n'ont rien à voir avec ce qu'ils étaient au printemps, il y a bien une "tendance à la hausse des nouvelles hospitalisations et admissions en réanimation", avertit l'agence sanitaire.
Les nouvelles hospitalisations de patients atteints de Covid-19 ont franchi la barre des 1.000 la semaine dernière contre 780 la semaine précédente, en augmentation depuis quatre semaines, et les nouvelles admissions en réanimation sont passées à 128, contre 122 début août et 105 fin juillet.
Alors qu'il entrait en moyenne 10 patients par jour en réanimation mi juin-début juillet, "on a atteint une vingtaine" actuellement, souligne l'épidémiologiste Catherine Hill. "L'épidémie repart, ça c'est une chose à peu près certaine". Elle déplore une politique de tests encore trop centrée sur les personnes présentant des symptômes et leurs cas contacts.