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Présidentielle: campagne autour d'un thème international imposé


CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP
CHRISTIAN HARTMANN / POOL / AFP
Paris, France | AFP | dimanche 27/02/2022 - Gestion de crise, sanctions, conséquences économiques: la guerre en Ukraine bouleverse la campagne présidentielle en imposant aux candidats un dossier international, en attendant la déclaration officielle de candidature d'Emmanuel Macron.

Dans cette "situation assez inédite du point de vue du calendrier" électoral qui fait craindre une campagne escamotée, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a assuré dimanche qu'"on ne se passera pas d'un débat démocratique". "Il est indispensable" et "on trouvera les moyens qu'il puisse se tenir", a-t-il tenté de rassurer sur France Inter.

Pour l'ancien président François Hollande, la campagne "ne va pas être empêchée, mais elle va être contrainte", avec des débats, "à juste raison, sur les questions internationales bien davantage que sur les sujets économiques et sociaux".

Mais, le risque d'une "probable frustration" des Français et d'une abstention potentiellement "élevée" est bien réel, a-t-il mis en garde dans un entretien à Libération dimanche.

Jusque-là asphyxiée par la crise sanitaire et l'absence dans l'arène du président sortant, la campagne a pris un nouveau détour inattendu avec le déclenchement du conflit jeudi et l'irruption des questions internationales dans un débat jusque-là franco-français.

Le choix du timing et de la forme de la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron, que le chef de l'Etat sortant n'avait cessée de repousser en raison des aléas sanitaires et diplomatiques, a aussi viré au casse-tête pour lui, la date butoir du 4 mars pour se dévoiler approchant.

"Plan de résilience" 

En attendant, Emmanuel Macron, qui préside l'Union européenne pour six mois, se démultiplie sur la scène internationale pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu tout en maniant les sanctions contre la Russie.

Le conseil de défense qu'il a présidé samedi a en particulier décidé l'augmentation des livraisons par la France d'"équipements de défense" et le renforcement des sanctions économiques et financières contre la Russie.

Dimanche, la France a annoncé la fermeture de son espace aérien "aux avions et compagnies aériennes russes, emboîtant le pas à de nombreux autres pays européens.

Sur le plan intérieur, Emmanuel Macron, crédité depuis des mois par les sondages de quelque 24% des intentions de vote au premier tour, se pose en protecteur, prévenant les Français qu'il faut "se préparer" à ce que la guerre "dure", avec des conséquences "durables" sur "nos vies".

Il a ainsi annoncé samedi un prochain "plan de résilience" pour l'agriculture.

Les candidats déclarés à la présidentielle seront, eux, reçus par le Premier ministre Jean Castex lundi à 15H00 à Matignon.

Sachant qu'une présidentielle ne se joue traditionnellement pas sur des sujets internationaux, les candidats multiplient les propositions pour éviter une baisse plus marquée du pouvoir d'achat, rassurer sur l'approvisionnement en matières premieres et sur le front de l'inflation.

La socialiste Anne Hidalgo a prôné samedi le blocage des "prix de l'énergie" en France, mais aussi un "isolement politique et diplomatique" de Vladimir Poutine et une "procédure accélérée d'adhésion" de l'Ukraine à l'UE.

A droite, la candidate LR Valérie Pécresse appelle à "garantir encore plus notre indépendance énergétique et agricole" et à définir au niveau européen le soutien de  secteurs "stratégiques".

"Faire bloc" 

La guerre en Ukraine met aussi en difficultés trois candidats, Marine Le Pen (RN) et Eric Zemmour (Reconquête) à l'extrême droite et, à gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui, s'ils ont condamné l'invasion russe, restent sous le feu de critiques pour des déclarations pro-russes passées.

Ces candidats "qui ont défendu" la Russie sont "discrédités pour gouverner la France", a tranché samedi la candidate LR Valérie Pécresse, qui espère pouvoir ainsi remonter son retard dans les sondages sur Mme Le Pen et M. Zemmour.

"Notre position, c'est celle d'un non-alignement" sur la Russie ou les Etats-Unis, "au service de la paix", a assuré le numéro deux de LFI Adrien Quatennens dimanche sur BFMTV.

Marine Le Pen assure, elle, que "la ligne rouge" franchie par Vladimir Poutine avec cette invasion désormais "change en partie la vision qu('elle) peu(t) avoir de lui".

Dans la majorité présidentielle, Olivier Becht, patron des députés Agir, a conseillé dimanche sur franceinfo à Valérie Pécresse de "balayer dans son propre camp", rappelant que son lieutenant Eric Ciotti prônait ces derniers mois une sortie de la France du commandement intégré de l'Otan et un rapprochement avec la Russie.

Gabriel Attal s'est, lui, placé au-dessus de la mêlée: "On a besoin d'être soudés, de faire bloc, je ne vais pas mettre le doigt sur untel qui a changé d'avis, untel se couvre de ridicule", a-t-il glissé.

le Dimanche 27 Février 2022 à 11:00 | Lu 177 fois