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Près d'un médicament sur deux inutile, des milliards pour la Sécu, selon un livre


Près d'un médicament sur deux inutile, des milliards pour la Sécu, selon un livre
PARIS, 13 sept 2012 (AFP) - Près d'un médicament sur deux est inutile, un gaspillage qui coûte 10 à 15 milliards d'euros à la Sécu : un an après un rapport au vitriol sur le Mediator, les médecins Philippe Even et Bernard Debré lancent un nouveau coup de gueule contre l'industrie pharmaceutique.

Publié jeudi, le "Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux", écrit par le pneumologue Philippe Even, directeur de l'Institut Necker, et Bernard Debré, urologue et député UMP de Paris, relève que 40% des médicaments "ont une efficacité faible ou nulle" et que 25% présentent "un risque potentiel" dont 5% "un risque majeur".

Pourtant 70% des médicaments "peu efficaces" et 28% des médicaments "sans la moindre efficacité" continuent à être remboursés, soit un gaspillage annuel de 10 à 15 milliards d'euros chaque année pour la Sécurité sociale, selon le guide de 900 pages qui passe en revue 2.200 spécialités.

Le Pr Even s'en prend notamment aux statines, médicaments contre le cholestérol, "avalés par 3 à 5 millions de Français", qui coûtent "à la France 2 milliards d'euros par an".

Son guide épingle aussi les pilules de 3e et 4e générations dont la plus grande efficacité n'est pas "démontrée" et qui comportent des risques accrus.

Pour l'auteur d'un rapport sévère sur le Mediator publié en 2011, la faute de cette dérive est à chercher dans le "laxisme, la démagogie, l'incompétence et la corruption".

"Je crains que ce soit avant tout (lié, NDLR) à l'incompétence, arrosée par la corruption assurée par l'industrie pharmaceutique pour se procurer les 20% de bénéfices qu'elle s'accorde chaque année", dit M. Even.

"Amalgames"

"Les médecins submergés n'ont pas conscience que certains médicaments ne servent à rien et coûtent cher", a déclaré pour sa part le Pr Debré sur France Info, avant d'estimer qu'il n'était "pas là pour faire plaisir aux labos".

Bernard Debré et Philippe Even s'étaient vu confier par l'ancien président Nicolas Sarkozy une mission à la suite de l'affaire du Mediator et lui avaient remis en mars 2011 un rapport au vitriol sur la réforme du système du médicament.

L'exercice de notation des médicaments n'est pas nouveau.

Le pharmacologue Jean-Paul Giroud, auteur avec le Dr Charles Hagège d'un guide évaluant 10.000 produits - remboursables ou non - jugeait en 2001 que 45% des médicaments étaient inutiles ou insuffisants. La précédente édition datait de 1997.

L'industrie pharmaceutique (LEEM) a dénoncé de son côté "amalgames et approximations" dans cet "énième réquisitoire de Bernard Debré et Philippe Even".

Christian Lajoux, le président du LEEM, a estimé jeudi auprès de l'AFP que le livre risquait d'avoir un "impact déstabilisant" sur les patients et de les conduire à arrêter de leur propre chef des traitements pourtant adaptés.

"C'est un constat statique, les choses évoluent" tant au niveau français qu'européen, souligne de son côté le Pr Dominique Maraninchi, directeur général de l'agence du médicament ANSM

En terme de réévaluation des médicaments, "le travail qui a été fait en 2011 représente 30% de ce qui a été fait ces quinze dernières années à l'agence française" du médicament, ajoute-t-il.

Interrogé par l'AFP, Bruno Toussaint, directeur de la revue Prescrire, une publication indépendante qui évalue les médicaments, a souligné qu'il y avait encore "beaucoup trop de médicaments sur le marché, beaucoup trop d'opacité sur les effets indésirables et trop peu d'exigences pour les nouveaux médicaments".

Il a également estimé qu'une "grande partie des médicaments" faisaient "double, triple ou quadruple emploi par rapport à ce qu'on a déjà".

"Que nous consommions trop de médicaments dans notre pays, c'est tout à fait évident", a réagi Sur Europe 1 Roselyne Bachelot, ancien ministre de la Santé.

("Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux" aux Editions du Cherche-midi)

bow-ez/fa/phc

Rédigé par AFP le Jeudi 13 Septembre 2012 à 14:51 | Lu 595 fois
           



Commentaires

1.Posté par Tehei le 14/09/2012 10:18 | Alerter
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je serais aussi tenter de dire qu'au moins une consultation sur trois est inutile.
Combien de personnes qui consultent pour le moindre petit bobo

2.Posté par Roro LEBO le 14/09/2012 14:17 | Alerter
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lebororo
Les médicaments souvent sont testés par les labos, sans être reconnus officiellement.
Quand après quelques années le % de décès est important, ils sont retirés du commerce.
Tout le monde touche des sous dans le corps médical!

3.Posté par Lux le 16/09/2012 20:28 | Alerter
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Pour chiffrer l'ampleur du gaspillage dû aux médicaments inutiles, il faudrait ajouter le prix des consultations inutiles pour prescrire des médicaments inutiles plus le coût des pathologies induites par ces médicaments inutiles.

4.Posté par emere cunning le 17/09/2012 09:59 | Alerter
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à Roro,
"Tout le monde touche des sous dans le corps médical! "
A commencer par vos gouvernements et ministres, au bord du trou béant de la Sécu, et donc parfaitement au courant des magouilles de ces labos et autres maîtres-chanteurs, quand ils ne sont pas de la partie (tous les Bachelot and co).
Mais ne comptez pas qu'ils "passent à la caisse" de quelque manière que ce soit, avec une justice qui fait mine de... et finit toujours par étouffer ces petites affaires de conflits manifestes d'intérêts et détournements, trop occupée à chasser d'autres têtes pour se donner bonne conscience.