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Pour ses 40 ans, Greenpeace donne des leçons de désobéissance civile


Pour ses 40 ans, Greenpeace donne des leçons de désobéissance civile
VANCOUVER, 19 septembre 2011 (AFP) - Greenpeace a donné, pour son 40e anniversaire, ce week-end à Vancouver, des leçons de désobéissance civile à de potentiels futurs militants: ils ont appris à s'attacher avec des cadenas autour du cou, à ériger des barrages humains ou à boîter en cas d'arrestation.

"Vous ne pouvez pas toujours attendre que quelqu'un d'autre vienne sauver le monde", a dit la formatrice Jessie Schwarz aux participants.

Ces ateliers de désobéissance civile étaient organisés dans le cadre du festival de l'organisation écologique à Vancouver, où Greenpeace est née il y a 40 ans.

Le 15 septembre 1971, un bateau, le Greenpeace, quittait Vancouver pour protester contre les essais nucléaires américains sur l'île d'Amchitka, en Alaska. Les garde-côtes américains l'avaient bloqué mais la campagne avait contribué à mettre fin aux essais en 1972, et marqué le premier acte de désobéissance civile de Greenpeacee.

Plus récemment, a raconté la formatrice de l'atelier, les militants se sont enchaînés aux camions dans les sables bitumineux d'Alberta, ont déployé sur le toit du Parlement canadien une banderole géante proclamant "L'inaction à propos du climat coûte des vies", et apposé des étiquettes "contaminées" sur des aliments génétiquement modifiés dans des magasins du monde entier.

Il faut être clair sur ses intentions lorsqu'on lance une action, a expliqué Jessie Schwarz avant de demander aux participants jusqu'où ils étaient prêts à aller.

La plupart étaient disposés à bloquer une route pour empêcher des employés de rejoindre un travail néfaste pour l'environnement.

La moitié étaient prêts à manifester sur le terrain privé d'un PDG mais rares étaient ceux à accepter de verser du sucre dans le réservoir d'essence d'un engin et un seul s'est dit d'accord pour lancer une grenade fumigène aux policiers.

La non-violence est difficile à définir, a expliqué la formatrice, mais Greenpeace s'interdit de "blesser tout être vivant". Selon elle, la violence est contreproductrice.

Au cours d'une synthèse des trois jours d'ateliers, Jessie Schwarz a notamment montré aux participants comment s'enchaîner les bras et les jambes pour éviter une arrestation, et leur a conseillé, s'ils s'attachaient un cadenas autour du cou, de bien cacher la clé dans leurs sous-vêtements.

C'est uniquement grâce à la désobéissance civile que la plupart des gouvernements se sont penchés sur la question environnementale, a expliqué à l'AFP Tzeporah Berman, une des responsables des campagnes pour le climat et l'énergie à Greenpeace international.

Greenpeace, qui a débuté dans la confrontation, rencontre désormais souvent des chefs d'entreprises et d'Etat, mais, a-t-elle estimé, "sans le conflit, on n'aurait pas obtenu la (même) collaboration".

Le directeur international de Greenpeace, Kumi Naidoo, a déclaré aux centaines de festivaliers, depuis le siège social de l'organisation à Amsterdam, qu'à travers le monde "les militants de Greenpeace sont jetés en prison (...) mais de plus en plus de jeunes disent: ça suffit".

"Nous nous battons ici pour l'avenir de nos enfants et de nos petits enfants", a-t-il insisté.

"C'est facile d'être en désaccord avec quelque chose, mais c'est beaucoup plus difficile de faire quelque chose pour cela", a dit à l'AFP Matt Hargraves, à la fin d'un atelier. Et s'il y a participé, c'est pour changer le "modèle gagnant-perdant".

dkj-mlj/chv/rap/dfg

Rédigé par Par Deborah JONES le Dimanche 18 Septembre 2011 à 21:34 | Lu 490 fois
           



Commentaires

1.Posté par Henri THEUREAU le 19/09/2011 09:12 | Alerter
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Cela fait bientôt un demi-siècle que les médias français font un contresens en traduisant "civil disobedience" par "désobéissance civile". Il s'agit en fait, en anglais, de désobéissance CIVIQUE, c'est à dire du refus de certains CITOYENS d'obéir à une loi qu'ils estiment inique. Cette démarche, initiée par H.D. Thoreau (1817-1862) en même temps que la résistance passive et non-violente à la guerre menée par les Etats-Unis contre le Mexique en 1845 (Essay on Civil Disobedience), fut reprise par Gandhi dans sa lutte pour l'indépendance de l'Inde. Jane Fonda reprendra cette façon de résister en refusant de payer la part de ses impôts qui correspondait à l'engagement des USA au Vietnam, ce qui lui valut des ennuis avec la "justice"' de son pays. On assiste en ce moment à une renaissance de cette façon de lutter contre le pouvoir en place, à travers des initiatives comme celles de INDIGNES de Madrid, ou encore celle-ci, de Greenpeace.

2.Posté par Henri THEUREAU le 19/09/2011 12:16 | Alerter
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P.S. le mouvement des Indignés espagnols est en train de faire tache d'huile en Europe. Voir à ce propos le site http://paris.reelledemocratie.fr

P.S. 2. Et c'est bien pour leurs DROITS CIVIQUES (et non pas civils, ce qui n' aucun sens en français), que se sont battus Martin Luther King et tous les activistes afro-américains dans les années 60, qui eux aussi, avaient retenu la leçon de désobéissance civique de Thoreau et la non-violence de Gandhi. Faut-il rappeler que ces combats furent couronnés de succès, et que le président des Etats-Unis en est aujourd'hui la preuve la plus voyante?

3.Posté par wakrap le 19/09/2011 14:17 | Alerter
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@ Henri,

Tu fais bien de rappeler cette question de sémantique mais bon, pour ensuite te fourvoyer en parlant de désobeïssance pour ce qui concerne l'usage de la force dans le cas de Greenpeace et non le simple refus de se soumettre à la force de lois iniques.

Jane Fonda n'a jamais été devant une perception pour empêcher les autres citoyens de payer leurs impôts, elle a refusé de payer les siens, c'est tout.
Greenpeace use de la force, c'est autre chose.