Tahiti Infos

Pour Jacques Raynal, il n'y a pas de stratégie d'immunité collective en Polynésie


Tahiti, le 10 septembre 2020 - Premier décès, nouveaux clusters, anti-masques, immunité collective... Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, a balayé les sujets d'actualité liés au Covid-19 ce jeudi. Verbatim...
 
  • Premier décès
 
"Depuis plus de six mois, nous luttons contre cette maladie, contre l'introduction de ce virus. Et c'est malheureusement aujourd'hui, le décès d'une personne qui vient marquer les événements. Bien sûr on savait qu'un jour on aurait malheureusement à déplorer un certain nombre de décès. J'espère que la liste restera la plus courte possible. (…) Ce triste événement n'est pas une surprise, comme je le disais. On sait que le Covid est une maladie qui potentiellement peut être grave. Jusqu'à présent, les malades passés en réanimation ont pu se sortir d'affaire et surtout parce qu'ils n'avaient pas trop de comorbidités. C'est à dire d'autres maladies qui viendraient fragiliser leur état de santé. Ces maladies sont connues puisque fréquentes ici. Ce sont des maladies cardio-vasculaires, pulmonaires, de l'obésité, du diabète par exemple… Ce sont des maladies qui fragilisent le corps et pour ce qui concerne ce premier décès, la personne était porteuse d'un certain nombre de ces pathologies."
 
  • Quelles mesures pour l'inhumation d'un cas Covid
 
"Il y a des consignes que nous avons déterminées dès le début de l'épidémie avec des conditions particulières d'inhumation et de mise en bière. Avec notamment le placement du corps dans un sac étanche qui est refermé assez rapidement. Pour ce qui concerne les familles, bien évidemment elles ne sont pas autorisées à venir près du corps. Mais il peut y avoir avant la fermeture du cercueil, une personne de la famille qui vienne pour s'assurer que tout a bien été mis en place. Ces personnes étant équipées de moyens de protection. Ce cercueil est ensuite fermé le plus rapidement possible. Il est étanche. Il est ensuite nettoyé. Et ensuite, il peut éventuellement faire l'objet d'une exposition en fonction de ce que souhaite la famille. Néanmoins les rassemblements de personnes sont limités. (…) Il n'y a pas de risques de contagion par le cercueil. Par contre, les recommandations sont celles d'une inhumation dans les 48 heures."
 
  • Deux clusters à Papeete
 
"Nous avons à déplorer deux clusters. L'un important dans un quartier de Papeete (Vaitavatava, NDLR) et l'autre qui commence à démarrer en rapport et en contact avec ce cluster. Donc de nombreux tests ont été réalisés ces derniers jours. Plus de 1 200 tests à l'heure actuelle dans ces zones là. Et à ce propos, je préciserai lors de mon prochain point presse les nouvelles stratégies de test. On a testé un certain nombre de personnes et vous le savez nos capacités sont restreintes. Donc on va adapter notre stratégie. Ce qui compte surtout, c'est que nous arrivons encore à l'heure actuelle à cerner les populations touchées. Je vous disais l'autre jour qu'on frôlait le stade 4. Il nous paraîtrait logique, en tant que service de santé, que l'on puisse contraindre cette population à restreindre ses déplacements. Or ça, c'est du domaine de l'État. Pour l'instant, on n'en est pas encore là."
 
  • Pas question "d'immunité collective"
 
Le ministre a démenti que le Pays avait opté pour une stratégie d'immunité collective, comme annoncé par les partenaires sociaux en début de semaine. "Dans un pays comme la Polynésie française, éclaté géographiquement, il est difficile d'obtenir une immunité collective. Parce que les gens qui sont dans les îles, s'ils ne rencontrent jamais le virus ne seraient jamais protégés ou auto-protégés. C'est pour ça que les gens qui habitent Tahiti et Moorea pourraient à la limite être concernés. Mais difficilement ailleurs. Ou alors c'est une épidémie qui va traîner pendant deux, trois à quatre ans. Ce que nous ne souhaitons pas bien sûr. (…) On n'est pas encore au stade du vaccin, mais bien sûr qu'il faciliterait les choses pour éviter une ré-infestation. On observe déjà une baisse de la force d'infection du virus. Le vaccin permettrait de protéger l'ensemble de la population d'une ré-infestation. Néanmoins, on le sait, ce sont des procédures très longues."
 
  • Les anti-masques ? De "l'individualisme forcené"
 
"Les messages anonymes ne m'intéressent pas. Les pseudos collectifs anti ceci, anti cela… Vous n'avez peut-être pas connu parce que vous êtes plus jeunes que moi, mais j'ai connu le début de la ceinture de sécurité. Et il y avait des tas de gens qui protestaient au début contre la ceinture de sécurité. Maintenant tout le monde la porte… C'est l'individualisme forcené qui fait qu'il y a certaines personnes qui s'estiment avoir le droit de faire ceci ou de faire cela. S'ils sont du nombre d'une petite dizaine, ça n'a aucune importance. Ils peuvent le faire s'ils le veulent. Néanmoins, ils peuvent être soumis à une réglementation de portée générale pour protéger la population et ils peuvent être verbalisés. Après, ils ont le droit de s'exprimer. Notre République protège la liberté d'expression."
 
  • Pas de comparaison avec la métropole
 
"Comparaison n'est pas raison. On ne peut comparer que ce qui est comparable. Comparer une population de 270 000 habitants, et encore ce ne sont que les 180 000 de Tahiti et Moorea qui sont touchés, à une population de 67 millions d'habitants, ce n'est pas possible. On peut comparer par exemple à une population comme celle de La Réunion, et encore… C'est difficile de faire ces comparaisons, parce qu'il y a d'autres facteurs que celui de la population, il y a le climat, l'habitat… Donc je ne joue pas à ce jeu là. Je regarde la courbe et ce qui m'intéresse, c'est le nombre des hospitalisations en cours et en réanimation."
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 10 Septembre 2020 à 21:20 | Lu 2253 fois