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Polynesian Battle Games, les 'aito passent la troisième


Le cross-fit pousse régulièrement ses adeptes dans leurs retranchements, un dépassement de soi qui attire les athlètes de tous les horizons.
Le cross-fit pousse régulièrement ses adeptes dans leurs retranchements, un dépassement de soi qui attire les athlètes de tous les horizons.
Tahiti, le 4 janvier 2024 – La nouvelle année a sonné la rentrée pour le cross-fit local. Les Polynesian Battle Games, événement phare qui couronne chaque année les champions de la discipline sur le territoire, annoncent leur grand retour les 28, 29 et 30 mars prochain au parc Vairai. Et fidèle à son concept, l'organisation promet une fois de plus de belles surprises pour cette troisième édition.
 
La discipline continue de rassembler bon nombre d'adeptes. En Polynésie, le cross training ou plus communément le cross-fit s'est forgé une communauté solide au fil des ans. Souvent décrié à ses débuts de par ses mouvements peu orthodoxes aux yeux des non-initiés, il a su convaincre. En effet, le cross training défend sa propre vision de la performance physique. Là où les autres sports, dits “traditionnels”, se contentent d'évaluer une ou deux aptitudes, le cross training, lui, juge un athlète sur sa capacité à exceller dans tous les domaines : endurance, force, vitesse, mobilité ou encore coordination et adresse. Littéralement à la croisée des sports, ce dernier fait se rencontrer aussi bien des haltérophiles et des bodybuilders, que des triathlètes, des marathoniens ou encore quelques individualités issues des sports collectifs. Le but, sortir les athlètes de leur zone de confort en leur proposant des tests physiques atypiques, les obligeant ainsi à varier les efforts et les techniques.
 
Au Fenua, les Polynesian Battle Games constituent désormais la compétition de référence et couronnent chaque année les athlètes, hommes et femmes, les plus “fit” du territoire. Amateurs, intermédiaires, élites, masters, en individuel ou en équipe, tout le monde y trouve son compte. “En termes d'organisation, de moyens humains et de matériels, on propose ce qu'il y a de plus gros sur le territoire pour le moment”, se félicite Taaroa Salmon, membre de l'organisation et responsable de la programmation des épreuves. “C'est tant mieux, c'est ce que l'on veut. Notre objectif premier est de réunir la communauté, les athlètes, autour d'un événement annuel qui se veut être la plus grande manifestation de Polynésie.”
 
Une programmation millimétrée et sur mesure
 
L'événement a très vite gagné ses lettres de noblesses. Avec plus de 150 athlètes à faire passer plusieurs fois dans la même journée, lors de différentes épreuves comprenant plusieurs séries chacune, l'organisation se doit d'être parfaite, respectant scrupuleusement des heures de passage à la minute près. Un challenge qui demande une préparation en amont de plusieurs mois : “Nous sommes à trois mois de la compétition et avec l'équipe, ça fait déjà un petit moment que l'on prépare l'événement et que l'on sait que pour cette année, ça se passera au parc Vairai. Nous y avons déjà fait du repérage et nous avons bien avancé sur l'organisation et la programmation des épreuves. Par rapport aux deux précédentes éditions, on s'y est pris plus tôt afin de s'assurer que cette année soit encore meilleure”, assure Taaroa Salmon. 
 
Et l'organisation sait de quoi elle parle. Les épreuves changent chaque année, afin de garder les athlètes en haleine, et sont dévoilées à la dernière minute. “C'est un sacré casse-tête, il faut le dire. Il faut éviter de se répéter, il faut essayer d'être le plus créatif possible. Ça prend du temps et beaucoup de réflexion. Rien n'est laissé au hasard”, explique le responsable de la programmation, qui invite cordialement tous les adeptes à s'essayer à la compétition : “Le cross-fit est fait pour tout le monde, pour tous les âges et tous les niveaux. Tous les mouvements et tous les exercices sont adaptables dans ce sens. Par exemple, en ce qui concerne la programmation pour les amateurs, les intermédiaires ou les élites, la différence se fait essentiellement au niveau des charges, donc moins lourdes pour les moins chevronnés, et au niveau des mouvements où ces derniers seront à la portée de tous. C'est pourquoi nous proposons diverses catégories afin que chacun s'y retrouve.”
 
Un niveau général en hausse
 
Au sein de la communauté, le constat est unanime : “Le niveau monte !” Pourtant, si le cross-fit existe en Polynésie depuis une bonne dizaine d'années, il était toutefois difficile d'envisager de sérieuses progressions par le passé. Les athlètes devant apprendre par eux-mêmes certains aspects très techniques de la discipline tels que l'haltérophilie ou encore la gymnastique. Mais avec l'arrivée, ou le retour, de certains athlètes partis s'initier à la pratique du cross-fit à l'international, tout s'est accéléré. Un phénomène justifié par la création de plusieurs salles dédiées et la mise en place de compétitions de grande envergure. Pour Taaroa Salmon, il ne fait aucun doute que “le niveau général augmente, surtout au niveau des élites. Ils s'entraînent de plus en plus et de plus en plus fort. Ça se bagarre de plus en plus en haut du classement et c'est tant mieux, c'est bénéfique pour tout le monde. Dans les autres catégories également d'ailleurs, où à l'approche de cette compétition, les gens se préparent. De manière générale, ça pousse les gens vers le haut et c'est très bien comme ça.”
 
Et si les épreuves ne se dérouleront que dans trois mois, certaines têtes d'affiche ont déjà assuré qu'elles seront au rendez-vous, à l'exemple des champions individuels en titre Hinatea Montebello et Gonzalo del Rio. Et concernant la nature de ses épreuves, le mystère reste entier. Natation ? Course à pied ? Gymnastique ? Haltérophilie ? Rien d'officiel pour le moment. Mais une chose est sûre, l'organisation a pour habitude de surprendre son public. À l'exemple des épreuves de tir l'an passé où les athlètes ont dû se transformer en snipers aguerris après s'être cramés au Ski Erg.

Ensemble dans le cross-fit comme dans la vie, les athlètes Hinatea Montebello et Gonzalo del Rio se sont installés au sommet de la discipline à l'échelle locale. Vainqueurs de l'édition 2022 des Polynesian battles games en individuel, les deux 'aito comptent bien réitérer leurs exploits cette année !
Ensemble dans le cross-fit comme dans la vie, les athlètes Hinatea Montebello et Gonzalo del Rio se sont installés au sommet de la discipline à l'échelle locale. Vainqueurs de l'édition 2022 des Polynesian battles games en individuel, les deux 'aito comptent bien réitérer leurs exploits cette année !
Interview croisée de Hinatea Montebello et Gonzalo del Rio, vainqueurs en individuel des Polynesian battle Games 2022
 
En quelques mots pour les non-initiés, les Polynesian Battle Games, c'est quoi ?
 
Hinatea : “C'est tout simplement la compétition de référence en Polynésie française en termes de cross-fit. C'est le plus gros événement ici et il désigne chaque année les athlètes du fenua dans cette discipline.”
 
Comment est-ce que l'on se prépare à ce type d'événement, réputé pour son exigence physique ?
 
Hinatea : “Le cross-fit demande une préparation à part. Il faut être polyvalent car tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber. C'est la grosse différence avec les autres compétitions et les autres sports où tu sais ce que tu dois faire. Au cross-fit, nous sommes prévenus seulement deux jours avant la compétition quant à la nature des épreuves. Ce qui fait qu'on ne s'entraîne pas en particulier sur une discipline, au contraire, quotidiennement, nous essayons de couvrir l'ensemble des aspects que ce sport suggère. C'est un sport pluridisciplinaire, qui exige de bien manger et bien dormir, c'est un véritable choix de vie qui entraîne inévitablement des concessions.”
 
Gonzalo : “D'ailleurs, nous ne nous préparons pas spécifiquement pour les Polynesian Battle Games. Notre objectif est sur l'année et l'ensemble des compétitions à venir. Il faut être prêt toute l'année. Que ce soit trois mois avant les Polynesian Battle Games, ou un mois après, nous nous entraînons toujours de la même façon. C'est l'erreur que beaucoup de gens font encore en Polynésie, ils s'entraînent plus à l'approche des compétitions, créant ainsi des pics d'intensité qui hélas mènent aux blessures.”
 
Le concept de l'événement veut que les épreuves soient dévoilées seulement deux jours avant la compétition, mais selon le site de compétition, il est possible de s'attendre à un certain type d'épreuve, non ?
 
Hinatea : “Tout est possible. Effectivement, le site du parc Vairai de cette année est propice à la natation et à la course à pied, mais les autres possibilités sont encore nombreuses. Ne serait-ce que pour l'épreuve en mer, il n'y a pas que la natation, il peut y avoir aussi des épreuves de paddleboard, en stand-up ou en prone… Il faut être prêt pour tout. Je pense que ça ne sert à rien d'essayer de savoir à l'avance quelles seront les épreuves. Il faut s'entraîner à tout et être prêt pour tout, encore une fois.”
 
“Être prêt pour tout”, plus facile à dire qu'à faire. D'ailleurs, la compétition expose bien souvent les athlètes et leurs points faibles. C'est aussi ça la beauté de ce sport ?
 
Hinatea : “D'où le fait qu'il faut être bon partout. Les compétitions, c'est bien pour te remettre à ta place. Souvent, tu rentres chez toi et tu sais ce que tu dois travailler pour t'améliorer. Tu rentres à la maison avec des devoirs, pourrait-on dire. Cela permet de réorienter ton entraînement en fonction de tes points faibles par rapport au niveau des autres. Le cross-fit est un sport où l'on cherche à améliorer ses propres performances, c'est un combat mental quotidien avec soi-même, c'est vrai, mais lors des compétitions, au contraire, on s'aligne aux autres et on se compare aux performances des autres. Cela fait partie aussi de la progression.”
 
Vous avez mis la barre très haut déjà ces dernières années sur la scène locale. Quel regard portez–vous sur le niveau polynésien général ?
 
Hinatea : “Le niveau général monte, dans toutes les box de Polynésie, c'est une certitude. Et depuis quelque temps, chez les femmes surtout. C'est un phénomène qui prend beaucoup d'ampleur. C'est de plus en plus accepté de voir une femme musclée, de voir qu'une femme soit aussi forte qu'un homme. Les mentalités évoluent et le cross-fit féminin aussi.”
 
Gonzalo : “Les choses avancent dans le bon sens. De notre côté, nous nous entraînons à la Black Box, où l'on peut compter bon nombre d'athlètes confirmés. Et on peut voir que le niveau monte, tous les jours, tout le temps. Notre objectif est de progresser tous ensemble. On vient tous les matins, on s'entraîne avec le même groupe et on repousse nos limites ensemble. À tel point que, lors des compétitions, on n'a pas vraiment de pression car on se connaît tous très bien et on sait tous de quoi chacun est capable. Souvent, à l'annonce des épreuves, on sait déjà qui sont les favoris. Mais cela n'enlève rien au challenge, bien au contraire.”
 
Du coup, si les séries sont jouées d'avance, où est le plaisir dans ce genre de compétition ?
 
Gonzalo : “Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il s'agit d'une compétition sur plusieurs jours et que, par conséquent, il faut savoir gérer son effort. Si à l'annonce des épreuves, nous savons qui sont les favoris, il peut toujours y avoir des surprises. On n'a pas la même forme physique au premier jour et au troisième, et c'est là que tout peut se jouer. Les meilleurs athlètes seront ceux qui arriveront à garder la meilleure forme du début à la fin de la compétition.”
 
L'objectif pour cette troisième édition des Polynesian Battle Games ?
Hinatea : “Gagner ! Toujours !”

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 4 Janvier 2024 à 16:22 | Lu 3231 fois