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Polémique autour du site du Petit Mousse à Papara


Les pêcheurs ont été condamnés l'an dernier à quitter les lieux du Petit Mousse
Les pêcheurs ont été condamnés l'an dernier à quitter les lieux du Petit Mousse
PAPARA, le 06/09/2016 - Les pêcheurs de Papara ont été condamnés l'an dernier, par le tribunal, à quitter le site du Petit Mousse, situé non loin du restaurant Nuutere. Une décision qui n'a toujours pas été respectée un an plus tard, malgré les relances du pays. L'association de protection de l'environnement Tamarii Ma'ohi no Papara leur laisse 15 jours, sans quoi, un autre recours sera déposé devant la justice.

L'association de protection de l'environnement Tamarii Ma'ohi no Papara monte au créneau. David Tuhiri, son président invite les membres de l'association des pêcheurs Nuutere Rava'ai à quitter le site de Nuutere, plus communément connu sous le nom de Petit Mousse.

Une décision qui fait suite au jugement rendu par le tribunal en septembre 2015, en faveur du Pays, propriétaire du site. "Cette association a été notifiée par le pays en décembre 2015. Ils avaient un mois pour appliquer la décision du tribunal. En mars 2016, le ministre de l'Équipement leur a remis une mise en demeure de six mois, pour sortir de là. Ils avaient donc jusqu'à la fin du mois d'août. Aujourd'hui, ils sont toujours sur le site", déplore David Tuhiri.

Les défenseurs de l'environnement donnent donc un dernier avertissement aux pêcheurs. "On leur laisse encore 15 jours à compter de la publication de cet article dans votre journal. Sans quoi, on saisira de nouveau le tribunal pour faire appliquer la loi", prévient le président de l'association.

Un appel qui ne pourra pas être respecté par les pêcheurs. "Nous ne sortirons qu'à une seule condition. Que la personne qui occupe aussi le site sorte", lance Jaros Otcenasek, président du syndicat des pêcheurs professionnels. Selon le syndicaliste, un autre occupant est présent sur le site depuis plus de 15 ans. Un compromis aurait été signé entre lui et l'ancien maire, Tuianu Legayic, pour la mise en place d'un hôtel. "Et aujourd'hui, il n'y a rien. Pour nous, il y a un vice de forme dans la procédure du Pays. S'ils veulent qu'on parte, et bien qu'ils fassent la même chose avec l'autre occupant du site, qui devait faire un hôtel. S'ils ne le font pas, c'est de la discrimination envers nous", réplique Jaros Otcenasek.

L'association Tamarii Ma'ohi no Papara a, de son côté, déposé un courrier à la direction de l'Environnement, "pour qu'elle mette en place une enquête sur l'état du site, si l'eau n'est pas polluée, par exemple. Nous voulons que cet endroit soit accessible à la population de Papara. Qu'il y ait une plage pour que tout le monde puisse s'y retrouver. Nous ne voulons pas de marina à Nuutere", déclare David Tuhiri.

UN PROJET DE MARINA DEVRAIT SORTIR DE TERRE A PAPARA


Si les pêcheurs sont encore à Nuutere, c'est parce que le maire leur a demandé de rester sur place. "Que l'association Tamarii Mā'ohi no Papara patiente encore un peu, on ne va quand même pas faire perdre le gagne-pain des pêcheurs. Je ne peux pas les mettre dehors alors que le site de Tiama'o n'est pas prêt. Le ministre est au courant de cette affaire, aujourd'hui, l'affaire est entre leurs mains", explique Putai Taae. Et de poursuivre, "nous projetons d'installer l'association des pêcheurs sur le site Manuia à Tiamao, au PK 32. C'est un terrain de près de 3 000 m². Mais avant que tout cela se mette en place, il faut que le Pays prenne des arrêtés, en amont".

Mais là aussi, les choses se compliquent. Selon Jaros Otcenasek, les habitants du site de Maruia ne veulent pas d'une marina. "Alors qu'à Nuutere, il n'y a pas à creuser ou quoi que ce soit. Nous pourrions y rester dans l'attente d'une grande marina." Toujours selon le syndicaliste, une pétition regroupant plus de 500 signatures a été faite contre le projet de marina à Tiamao.

"DE L'ARGENT GASPILLE"

En revanche, l'idéal pour les pêcheurs serait de mettre en place une marina à la Pointe Eric. "En 2007, on devait faire une marina à la Pointe Eric. On devait mettre trois plots, un pour les rameurs, un coin pour les baigneurs et là où il y a la boue, on creuse pour mettre les pêcheurs. Mais quand il y a eu un changement de gouvernement, les 280 millions de francs sont partis dans la construction de la marina à Tatutu qui se trouve à Papeari. De l'argent gaspillé puisqu'il n'y a aucun bateau qui est amarré là-bas."

Mais les projets du tāvana de Papara ne sont pas les mêmes. "Les habitants de la Pointe Eric, qui sont plus nombreux que ceux du site Maruia, ne veulent pas non plus de cette marina. Comment vais-je faire ? Ma décision est prise, on le fera à Tiamao. Le ministre, Teva Rohfritsch, est au courant, et nous attendons que tout se mette en place, puisque ces terres appartiennent au Pays".

Sur le site de Nuutere, neuf bateaux sont amarrés. Chaque année, les pêcheurs paient l'ancrage de leur bateau à hauteur de 10 000 francs. "On ne peut pas nous faire payer plus, parce qu'il n'y a aucune structure qui peut nous accueillir, et les pontons que nous avons mis en place peuvent être démontés", prévient Jaros Otcenasek.

Le 1er septembre 2015, l'association des pêcheurs Nuutere Ravaai a été condamnée à payer une amende de 200 000 francs au Pays, elle doit aussi remettre en état ce domaine public.

Le maire reste confiant quant à la suite des événements. Il attend juste que le Pays prenne les mesures nécessaires pour voir l'aboutissement de cette affaire.

L'alcool, au cœur du débat

Selon le président des "Tamarii Ma'ohi no Papara", David Tuhiri, un autre souci se pose concernant le site du Petit Mousse. Il s'agit de la consommation d'alcool.

"Nous avons demandé à la mairie de sécuriser ce site parce qu'il y a des personnes qui boivent de l'alcool là-bas, alors qu'il y a un panneau qui interdit la consommation d'alcool sur place. Il faudrait que la mairie prenne les mesures nécessaires pour faire respecter cela", prévient-il.

Le maire, de son côté, en est conscient. "Je ferai ce qu'il faudra pour que la règlementation soit respectée."

En effet, il y a moins de quatre mois, le service de la pêche a mis en place un panneau interdisant la consommation d'alcool, les nuisances sonores et l'abondance de déchets sur le site. Des consignes que les pêcheurs respecteraient, selon Jaros Otcenasek.

Le président de l'association de défense de l'environnement "Tamarii Ma'ohi no Papara" lance un ultimatum aux pêcheurs. Il leur laisse quinze jours pour faire appliquer la décision du tribunal, sinon un autre recours sera déposé au tribunal.
Le président de l'association de défense de l'environnement "Tamarii Ma'ohi no Papara" lance un ultimatum aux pêcheurs. Il leur laisse quinze jours pour faire appliquer la décision du tribunal, sinon un autre recours sera déposé au tribunal.

le Mardi 6 Septembre 2016 à 18:22 | Lu 7339 fois