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Polémique après la destruction de cases kanak avec des bulldozers à Nouméa


Polémique après la destruction de cases kanak avec des bulldozers à Nouméa
NOUMEA (NCL), 15 nov 2012 (AFP) - La destruction de plusieurs cases kanak dans le centre de Nouméa par des bulldozers, pour occupation illégale de terrain, suscite une polémique en Nouvelle-Calédonie.

"Cette affaire est au confluent de tous les tourments de la Nouvelle-Calédonie : le délitement des structures de la société kanak, l'envie d'en découdre pour les Européens et les reliques de l'histoire", a déclaré à l'AFP Mathias Chauchat, professeur de droit public à l'Université de Nouvelle-Calédonie.

Selon M. Chauchat, la mairie a elle aussi agi illégalement car elle n'a pas "demandé l'autorisation d'un juge" pour passer à l'action.

A l'occasion de la "fête de la Citoyenneté" le 24 septembre dernier, un accord entre les autorités et le "Comité 150 ans après" (association autochtoniste) avait permis l'édification de cases, symboles de l'identité kanak, sur une place du centre-ville de Nouméa. Leur installation devait être provisoire jusqu'au 1er octobre.

Animé par des artistes, le "village kanak" dans le centre de cette ville très européenne a rapidement suscité l'intérêt des passants et des touristes.

Initié par des jeunes kanak, un collectif "Une tribu dans la ville" s'est alors créé et a réuni quelque 18.000 signatures sur une pétition demandant le maintien des cases sur le site.

"Ces cases interpellent sur la place du Kanak dans Nouméa dont la première des préoccupations est (...) d'être la vitrine de l'urbanisme français dans le Pacifique, qui étouffe son centre-ville avec des immeubles et du béton partout", avait déclaré Lucienne Moréo See, l'une de ses membres.

Ce collectif s'est cependant retrouvé isolé après l'entente entre le Sénat coutumier kanak, le "Comité 150 ans", le gouvernement collégial où siègent des indépendantistes et la mairie pour déménager les cases sur un lieu plus excentré.

Face à "l'intransigeance" du collectif, la mairie a fini par faire détruire les cases avec des bulldozers mardi, au petit matin.

En vertu de l'accord de Nouméa (1998), un processus de décolonisation est en cours en Nouvelle-Calédonie. L'un de ses grands desseins est de faire émerger une communauté de destin au sein des 250.000 habitants de l'archipel, avant un scrutin d'autodétermination entre 2014 et 2018.

Les clivages ethniques, économiques et sociaux demeurent cependant très marqués tandis qu'une partie de la jeunesse kanak, marginalisée et en perte de repères, constitue un foyer d'inquiétude.

Rédigé par AFP le Jeudi 15 Novembre 2012 à 05:55 | Lu 1569 fois