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Poenaiki Raioha, champion d’exception


Poenaiki Raioha, un waterman polynésien
Poenaiki Raioha, un waterman polynésien
TAHITI, le 26 décembre 2019 - Poenaiki Raioha est revenu à Tahiti lundi soir avec le titre de champion du monde de SUP surf. Le champion de seulement 22 ans, originaire de Papenoo, a pu nous en dire plus sur son parcours, son quotidien, sa famille et ses motivations.

Poenaiki Raioha est revenu à Tahiti lundi soir avec le titre de champion du monde de stand up paddle surf professionnel. Il avait déjà remporté le titre de champion du monde amateur en 2014. Alors que les championnats du monde amateur sont organisés chaque année par l’association internationale de surf (ISA), le championnat professionnel est organisé par l’association des paddleurs professionnels (APP) à travers un circuit qui a comporté cette année quatre étapes.
 
Après avoir terminé à la deuxième place de l’APP World Tour en 2018, Poenaiki Raioha avait débuté l’année 2019 en remportant la première étape à Hawaii, sur le spot de Sunset Beach. Il a pu continuer sur sa lancée en accédant à la finale - perdue - de la deuxième étape new-yorkaise, ce qui lui permettait de conserver sa première place au classement cumulé des deux premières étapes. Il a obtenu ensuite une quatrième place à La Barbade, dans les Caraïbes, lui permettant d’aborder la dernière étape aux îles Canaries avec une légère avance sur le deuxième, le Brésilien Luis Diniz. Le titre s’est joué lors des demi-finales : Poenaiki Raioha et Luis Diniz se sont tous deux fait éliminer en demi-finale, ce qui a permis à Poenaiki Raioha de devenir champion du monde 2019.
 
Le stand up paddle surf est bien moins développé que le surf classique dont le championnat du monde - organisé par la World Surf League en onze étapes - propose aux compétiteurs de grosses dotations financières. Le SUP surf est également moins développé que le SUP race car il est moins accessible au grand public. Le SUP surf n’en reste pas pour autant une des disciplines emblématiques de l’esprit "waterman".
 
La pratique du SUP surf demande un matériel de pointe spécifique. C’est également une discipline qui demande une dextérité exceptionnelle et une bonne connaissance de l’océan.      

" Le réveil est dur le matin mais cela a payé"

Poenaiki Raioha, un champion aussi humble que talentueux
Poenaiki Raioha, un champion aussi humble que talentueux
Poenaiki Raioha, 22 ans, champion du monde de stand up paddle professionnel :

Comment as-tu débuté le stand up surf ?

 "J’ai commencé le surf à huit ans et j’ai commencé à faire des compétitions. Vers l’âge de 12 ans, mon grand-père et mon père m’ont acheté ma première planche de paddle et j’ai commencé à prendre des vagues. J’ai vu que j’avais du potentiel en stand up, du coup j’ai décidé d’essayer d’aller plus loin. Depuis que je suis petit, c’est mon grand-père qui s’occupe de moi."
 
Tu as vu la discipline évoluer depuis tes débuts ?

"Il y a de moins en moins de monde qui pratique le stand up surf. Le foil lui commence à monter, beaucoup s’y sont mis mais le stand up est toujours présent malgré tout. Cette année, on était une trentaine à chaque étape du championnat du monde, de différentes nationalités."
 
Que représente ce titre pour toi ?

"Des années d’entraînement et de sacrifices. Je m’entraîne tous les jours. Le réveil est dur le matin mais cela a payé. (…) Cette année, étant premier au classement depuis la première épreuve, cela a été assez stressant. J’ai eu du mal à bien dormir. Heureusement, je m’entends bien avec tout le monde."

Comment se passe une  journée type ?

"Le matin, je fais beaucoup de cardio, je vais faire du vélo en montagne sur longue distance. Ensuite, dans la journée, je vais surfer et, parfois, je vais faire du stand up paddle race. J’habite à Papenoo. Je surfe plutôt des vagues de plage car les étapes du championnat du monde se déroulent plutôt en beach break, sauf à La Barbade, où il y a un peu de récif. Du coup, je m’entraîne soit à l’embouchure, soit à la baie. "
 
Ton frère Mauiki est également un surfeur-compétiteur ?

"Oui, il a été heureux pour mon titre. Je vais souvent surfer avec lui. Il est fier de moi, de mon parcours. Il me suit et me soutient tout le temps. C’est un très bon surfeur mais il a son travail en parallèle donc ce n’est pas évident, il a de moins en moins de temps pour la compétition. En tous cas, c’est agréable de partager cette passion avec lui. "
 
Comment as-tu vécu la demi-finale entre Salazar et Diniz ?

"J’ai ressenti beaucoup de stress et beaucoup d’émotion. J’avais des copains français qui étaient là et qui étaient déjà prêts avec des fumigènes et une bouteille de champagne. Je ne savais plus quoi faire. J’étais carrément content. J’ai pleuré de joie. Ce titre est spécial pour moi car c’est en professionnel. Cela faisait cinq années que j’essayais d’avoir ce titre, que je me suis mis à fond pour l’avoir. Je l’ai eu, finalement."
 
Comment vois-tu ma suite de ta carrière ?

"Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. J’ai quitté l’école il y a deux ans, en décidant de me consacrer à 100% au stand up parce que cela n’allait pas à l’école. C’était difficile de gérer l’école et le stand up. Au niveau sponsoring, pour l’instant, je n’ai que du matériel, pas d’argent, donc ce n’est pas évident. Le Pays me donne une bourse mais c’est plus une aide ponctuelle qu’un salaire. Les épreuves de l’APP World Tour ont des "prize money", cela permet de rembourser une partie des frais engagés. Air Tahiti Nui m’aide pour les billets, le reste c’est mon grand-père qui paye. J’essaye de trouver de nouveaux sponsors grâce au titre de champion du monde professionnel. J’attends leur réponse. C’est difficile d’être sportif professionnel."
 
Tu as également une passion pour la musique ?

"Oui, j’ai connu ça avec mon grand-père, quand j’étais plus jeune, à travers le ukulele, le kamaka, la guitare et le synthétiseur.
Mon tonton Heifara joue dans un groupe, donc j’ai décidé d’évoluer aussi de ce côté-là. J’aime bien la musique, c’est aussi une passion."
 
C'est une fierté de représenter la Polynésie ?

"Oui. J’ai toujours été fier de porter les couleurs de la Polynésie. Quand je vois les gens me soutenir sur les réseaux sociaux, cela me fait chaud au cœur. Cela me motive. Je suis plutôt discret mais j’essaie de partager des informations pour montrer que je passe telle ou telle série…D’ailleurs je remercie tous ceux qui m’ont supporté cette année, mes sponsors, ma copine, ma famille et bonnes fêtes à tous, attention sur la route, boire ou conduire, il faut choisir !"

Des années de sacrifices pour un titre de champion du monde pro
Des années de sacrifices pour un titre de champion du monde pro
Waterman (homme de la mer) : adepte des sports nautiques liés à l’océan comme le surf, le stand up paddle, la pêche, le bodyboard, la pirogue, le longboard, le windsurf, le kitesurf, kitefoil…
 
Stand up paddle surf (SUP surf) : surf avec une planche de stand up paddle
 
Stand up paddle race (SUP surf) : course d’endurance avec une planche de stand up paddle
 

Rédigé par SB le Jeudi 26 Décembre 2019 à 17:24 | Lu 2173 fois