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Pierre Caudrelier : " En Polynésie Française, la gendarmerie assure ses missions sur la quasi intégralité du territoire"


Pierre Caudrelier : " En Polynésie Française, la gendarmerie assure ses missions sur la quasi intégralité du territoire"
Arrivé en août 2013, le Colonel Pierre Caudrelier est le grand patron de la gendarmerie en Polynésie française. Auparavant, il était chef du bureau du recrutement à la direction générale de la gendarmerie. Il explique, pour Tahiti Infos, les principales missions des hommes et des femmes qu'ils dirigent.

Colonel Caudrelier, pouvez-vous vous présenter ? Quelles sont vos fonctions ?

Je commande la gendarmerie en Polynésie Française, soit environ 550 femmes et hommes, personnels militaires et civils, officiers, sous-officiers, gendarmes adjoints volontaires de gendarmerie ou du corps de soutien. Les personnels permanents représentent un effectif de 430 personnels, auxquels viennent s'ajouter 120 militaires de la gendarmerie mobile déplacés pour 3 mois.
Je commande le COMGENDPF depuis 2 ans, le commandement de la gendarmerie pour la Polynésie française (COMGEND) comprend un état-major composé de trois bureaux : bureau organisation-emploi, bureau des ressources humaines et le service technique des systèmes d'information et de communication et d'un service logistique.
Cette affectation correspondait à mon souhait d'assurer un commandement du niveau régional, après avoir commandé un département et tenu des responsabilités dans le domaine des ressources humaines à la direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN).

- Pouvez-vous m'expliquer la différence entre la DSP et la gendarmerie ?

La gendarmerie nationale et la police nationale relèvent du ministère de l'intérieur. Les gendarmes ont un statut militaire, tandis que les policiers ont un statut civil. Il en résulte une organisation et un fonctionnement différents.
En Polynésie Française, la gendarmerie assure ses missions sur la quasi intégralité du territoire, soit les 5 archipels et au profit des 4/5èmes de la population. Seules les communes de Papeete et Pirae, sont environ 40 000 habitants, sont placées sous la responsabilité de la police nationale.

- Quels sont les principes essentiels qui guident votre mission en Polynésie ?
Les priorités fixées pour la gendarmerie de Polynésie sont la lutte contre les atteintes aux personnes et aux biens, qui constituent les contentieux les plus importants. Pour la route, la baisse des accidents constitue aussi un objectif majeur avec l'accent mis sur la sécurité des deux roues et le port des équipements de sécurité. Ces priorités et objectifs ne peuvent être atteints que par une occupation importante du terrain, sous forme de patrouilles et contrôles, conjuguée à des actions de prévention notamment pour une sensibilisation des plus jeunes.

Sans vouloir stigmatiser, comment gérez-vous vos missions dans les quartiers les plus pauvres (dialogue avec la population, etc.) ?
La présence, le dialogue constituent les modes d'action principaux. A ce titre, depuis plusieurs années, nous mettons en place des patrouilles mixtes, composées de gendarmes mobiles ou territoriaux d'origine métropolitaine associés avec des gendarmes polynésiens ; ces derniers facilitent le dialogue et la compréhension réciproque dans certains quartiers où la langue polynésienne reste majoritairement employée.

- Pouvez-vous expliquer ce que signifie garde à vue ? Mise en examen ? Ce sont des processus que nos lecteurs connaissent bien mais ne voient pas toujours ce qu'ils se passent réellement derrière ces mots.

La garde à vue est le maintien à disposition, sous contrainte, d'une personne soupçonnée d'avoir commis ou tenté de commettre un crime ou un délit, par les forces de police ou de gendarmerie dans le cadre d'une enquête judiciaire.
La mise en examen est une compétence exclusive du juge d'instruction. Elle vise la personne contre laquelle il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission d'une infraction. La mise en examen permet la poursuite des investigations pour les enquêtes les plus complexes.

- Qu'est-ce qu'une comparution immédiate ?

Une comparution immédiate permet au procureur de faire juger un prévenu immédiatement après sa garde à vue. Il peut aussi le faire juger dans un délai un peu plus long, on parle alors de convocation sur procès-verbal.

- Comment est-ce que la gendarmerie gère la distance géographique entre les îles ?

La gendarmerie est implantée dans les cinq archipels polynésiens ; chaque brigade îlienne assure la surveillance et l'intervention sur les autres îles de sa circonscription par ses moyens propres (embarcation gendarmerie) ou selon les distances, grâce aux vecteurs maritimes ou aériens.

- Est-ce que le fait d’être en Polynésie amène des spécificités dans votre métier ?

Les gendarmes de Polynésie exercent le même métier que leurs homologues métropolitains ; l'éloignement constitue une contrainte géographique supplémentaire qui nécessite une certaine anticipation et surtout une réactivité face à l'événement.

- Jean François Pascal, le procureur général, a constaté une recrudescence de la primo-délinquance. Est-ce que c'est le cas sur le terrain ?

Cet aspect ne ressort pas directement sur le terrain en zone gendarmerie.

Le commandement de la gendarmerie pour la Polynésie française a en charge la surveillance de 98% du territoire où est implanté près de 90% de la population. Les formations de la Polynésie française effectuent les mêmes missions que les unités de métropole bien que la réglementation et le milieu dans lesquels la gendarmerie opère diffèrent sensiblement. La gendarmerie s'est implantée en Polynésie française en avril 1843. (Source : www.polynesie-francaise.pref.gouv.fr).

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Mardi 21 Juillet 2015 à 08:28 | Lu 3213 fois