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Perle de Tahiti : une stratégie visant à centraliser les achats et les ventes


Temauri Foster avec Robert Wan
Temauri Foster avec Robert Wan
La première Rencontre de la Perle s’est tenue jeudi 7 juin à la présidence Broche. L’événement, organisé à l’initiative de la Maison de la Perle a été animé par Gaetano Cavalieri, consultant spécialisé dans le commerce de la joaillerie, des pierres précieuses et de la perle, et président de la CIBJO, la Confédération internationale de la bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, perles et pierres précieuses.
Une soixantaine de producteurs et de négociants notamment Francky Tehamatai et Robert Wan ont assisté à cette conférence, dans les locaux de la présidence Broche à Papeete.
Gaetano Cavalieri a été missionné pour imaginer une stratégie apte à sortir le secteur de la perle de la crise dans laquelle il se trouve depuis plusieurs années. Sa suggestion stratégique repose sur la création d’une société internationale de distribution de perles de Tahiti, agissant pour le compte d’un consortium de producteurs de perles. Ce modèle s’inspire de celui développé par le Consorzio del prosciutto di Parma (Consortium du jambon de Parme), créé en 1963 par 23 producteurs et qui en compte 156 aujourd’hui.
L’étude menée par le cabinet de consultants Gaetano Cavalieri & Co estime qu’en éliminant les intermédiaires chinois et japonais, la perle de Tahiti pourrait accroitre sa valeur ajoutée de 100% sur le marché, au bénéfice des producteurs.

Temauri Foster, ministre des Ressources marines
Temauri Foster, ministre des Ressources marines
Temauri Foster : « un consortium qui pourrait centraliser tous les produits perliers »

Tahiti infos : Quel est l’objet de la présence de M. Cavalieri, le président de la CIBJO ?

Temauri Foster : M. Cavalieri a rencontré et rencontre aujourd’hui un certain nombre de professionnels du secteur. Il a ses idées et sa vision des mesures que nous devons, ensemble, prendre pour redresser cette filière de la perle qui, je vous le rappelle, est la deuxième source de devises pour notre pays, et la première en terme d’exportations. Je pense que ses idées sont intéressantes et pourraient aider la filière à se redresser.

Tahiti infos : Que préconise-t-il ?

Temauri Foster : Il y a eu des idées qui ont été évoquées il y a quelques années, mais qui cette fois-ci reviennent mais avec une stratégie beaucoup plus solide. Il s’agit de réfléchir à un consortium qui pourrait centraliser tous les produits perliers afin que la production soit exclusivement vendue à Tahiti. Cette idée n’a pas encore été approuvée. Nous devons la partager avec les professionnels. M. Cavalieri doit rencontrer le président du pays demain (vendredi 8 juin, ndlr) pour évoquer sa vision auprès du gouvernement, à propos de cette stratégie qui lui semble être en mesure de redresser le secteur de la perle.

Tahiti infos : Pensez-vous que le moment est venu aujourd’hui d’organiser le secteur de cette manière là ?

Temauri Foster :Je pense que le refus d’organiser le secteur il y a quelques années est l’objet de l’échec que nous rencontrons aujourd’hui. Si les opérateurs avaient accepté de se mettre ensemble, la situation que nous connaissons aujourd’hui ne serait pas là. Tout le monde prône le rassemblement, mais personne n’a accepté, parce qu’il y a des problèmes de personnes, de méfiance, et personne n’a voulu se lancer. Aujourd’hui, il nous faut prendre des décisions. Soit nous avons confiance en l’avenir et nous souhaitons vraiment redresser la barre – parce qu’on est vraiment au fond du gouffre -, ou alors on laisse les choses courir et on continue à voir des sociétés disparaître, petit à petit.
(…) Je pense que les professionnels et les autorités du pays doivent se comprendre et travailler ensemble sur une même stratégie.

Gaetano Cavalieri
Gaetano Cavalieri
Gaetano Cavalieri : « Lorsque l’on se trouve confronté à un cas de force majeure, il faut savoir faire des concessions. »

Tahiti infos : Comment expliquez-vous la chute du prix de la perle au cours de ces dernières années ?

Gaetano Cavalieri : La situation est assez simple : il y a ici un certain nombre de personnes impliquées dans la production et le commerce de la perle. Le fait est que malheureusement cette industrie est prise en otage par ceux qui achètent directement la perle. Et l’industrie a pris le parti de produire en quantité au détriment de la qualité des perles produites. Elle s’est mise dans une situation aujourd’hui – et je pèse mes mots – d’esclavage vis-à-vis des acheteurs de perles. Les acheteurs de Chine et du Japon maîtrisent le jeu par le simple fait qu’ils arrivent avec de l’argent et sont confrontés à de nombreux perliculteurs qui ont un grand besoin d’argent et qui ne sont pas en position de négocier. Automatiquement les prix baissent et continueront à baisser sans cesse. A travailler isolément et dans le besoin, on se trouve vite l’otage des acheteurs étrangers. (…)
La perle de Tahiti se trouve traitée à la manière d’un simple produit de consommation sur le marché.


Tahiti infos : Pensez-vous que pour combattre ce phénomène, il serait habile de centraliser les achats et les ventes ?

Gaetano Cavalieri : Vous en venez directement au cœur du sujet, parce que j’ai, dans mes propositions, suggéré quelque chose de cet ordre là. Mais il est important de ne pas confondre cette entité avec une simple centrale d’achat. Parce que l’idée de compétition est très importante. (...) La perle de Tahiti n’est produite que dans cette région de monde. Par ce fait même, je pense qu’il n’est pas nécessaire d’aller organiser des ventes à Hong Kong ou ailleurs, mais que les acheteurs intéressés doivent se déplacer pour acquérir le produit.
Les problèmes que rencontre la perle de Tahiti aujourd’hui ne peuvent pas être résolus entièrement dans le privé, pas plus que par des initiatives d’ordre politique. Cela devra se faire dans le cadre d’une collaboration entre tous les intervenants du secteur, et dans un but unique.


Tahiti infos : La création d’une telle entité avait été faite il y a quelques années. Elle avait alors rencontré une vive opposition de la part de nombreux opérateurs locaux de l’industrie de la perle. Pensez-vous qu’aujourd’hui cela sera accueilli différemment ?

Gaetano Cavalieri : N’oubliez pas que la situation du secteur est particulièrement critique aujourd’hui. Si vous considérez qu’au cours des trois dernières années, pas seulement les prix, mais l’industrie elle-même ont été réduits de plus de 25%, à ce rythme-là d’ici trois à quatre ans l’industrie sera en voie de disparition.
Lorsque l’on se trouve confronté à un cas de force majeure, il faut savoir faire des concessions. Il faut immédiatement que le secteur réagisse.


Tahiti infos : Dans ce contexte, que peut promettre votre organisation ?

Gaetano Cavalieri : Mon organisation ne pourra aider que si le secteur accepte l’aide. Après une catastrophe, il y a toujours un moment où il faut se relever et avancer. Avancer dans ce contexte demande toujours des sacrifices.

Perle de Tahiti : une stratégie visant à centraliser les achats et les ventes

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 7 Juin 2012 à 16:29 | Lu 1951 fois
           



Commentaires

1.Posté par zoom le 07/06/2012 16:59 | Alerter
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eeeeehhh man! il compare le modèle économique de la perle avec celui du jambon de parme! non, mais t'as raison mec, faut prendre modèle sur l'Italie, y'a qu'a voir ou ils en sont...ou de la chine histoire de faire plaisir à Temaru, t'es un as toi dis donc!!! t'es venu pourquoi déjà? ah oui business..ton business... chaque fois qu'il y a un représentant de commerce dans le coin pour nous prendre pour des dindons il faut réunir la presse et les professionnels alors? c'est quoi ce bordel?

2.Posté par place Yannick le 08/06/2012 07:59 | Alerter
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Personne ne prend qui que ce soit pour des dindons !!! Cette initiative est de qualité et correspond certainement aux espoirs et à l'emploi de plusieurs centaines de personnes. Le prix de la perle a tellement baissé qu'il est grand temps de lui redonné un nouveau souffle. La comparaison n'est qu'à titre d'exemple. Les journalistes ont été gentils car ils n'ont pas parlé des ventes souterraines qui représentent des dizaines de millions et qui font du mal au business directement. Revenir à la qualité et non à la quantité est une sage décision. il ne faut pas rejeter sans cesse tout ce qui arrive de l'étranger en se regardant le nombril, mais il faut avancer.....Bonne initiative !!!!!!!!!!!!

3.Posté par tupai le 08/06/2012 09:20 | Alerter
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le bordel c'est de ne pas avoir une politique pour la perle,
il est clair que les perles doivent être vendues à Tahiti et non pas en Chine ou au Japon, c'est aussi une recette et une promotion touristique
on parle de l'exemple du jambon de Parme, mais le modèle pourrait être celui du diamant en Afrique du Sud.
les normes de qualités sont définies par les professionnels et déterminent le prix,
il est temps que les perliculteurs se ressaisissent

4.Posté par lunettes le 08/06/2012 12:32 | Alerter
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pour aider "ZOOM" à y voir mieux faut des simples lunettes !!!...voyager / regarder / étudier / réfléchir et discerner.....
Le jambon Parme et très protégé ,excellent et vendu à un prix. Proposer cet exemple est justifié et crédible ;voici un exemple de ce qui peut être bénéfique pour la Polynésie , nos perles et nos emplois avant d'être vendu à la Chine qui voit ,elle, nos terres rares.......réveillons nous !!! n'est-il pas déjà trop tard ?
...........

5.Posté par Teiva 33 le 08/06/2012 19:02 | Alerter
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Ouai, y a quand même eu un petit malaise. L'italien a proposé que les ventes des perles de Tahiti ne se fassent qu'à Tahiti et uniquement à Tahiti alors que l'on sait tous que c'est le tsar déchu de la perle (Empereur c'est beaucoup trop pour Wan) qui a lancé les ventes de perles de Tahiti à Hong Kong... Il a eu tout faux...
N'importe quel pékin vous dira que c'est chez soi que l'on maitrise mieux les choses et non pas à l'étranger... Nul !
Ensuite tant que l'on ne comprendra pas que c'est quand on a commencé a faire venir les greffeurs chinois (Foster premier exportateur de greffeurs chinois) que la chute du prix de la perle à commencé, c'est qu'on a rien compris et que l'on ne comprendra jamais rien à la perliculture...
Ce n'est pas Wan qui il y a 20 ans disait : "En perliculture on ne s'amuse pas. Les meilleurs greffeurs sont les japonais, je prends les meilleurs..." à peine trois ans après il renvoyait ses greffeurs japonais et les remplaçait par des greffeurs chinois...
Foutez les greffeurs chinois dehors faites revenir les japonais sinon donnez du travail aux jeunes polynésiens en tant que greffeurs...