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Pêche dans le Pacifique : le thon sur le « banc »


La surpêche du thon rouge dans le Pacifique met en exergue des habitudes néfastes installées depuis plusieurs décennies. A tel point qu’aujourd’hui, les stocks affichent une réduction de 96 % de la population de ce poisson. Le thon n’a plus « de temps » devant lui. L’heure est aux mesures qui s’imposent.

Le thon rouge du Pacifique -espèce distincte de son homologue de l'Atlantique- est principalement consommé dans les restaurants de sushis au Japon. Il atteint des prix très élevés, toujours plus attrayants pour les pêcheurs. Par exemple, le 8 janvier 2013, un thon rouge a ainsi été vendu 1,3 million d'euros lors d'enchères à Tokyo, au marché aux poissons de Tsukiji. Du jamais vu, mais dont l’effet se traduit par une surpêche de plus en plus dévastatrice.

En 2013, L’ISC, le Comité Scientifique International a publié un rapport d’évaluation pour les espèces de thon et de thonidés dans l’océan Pacifique Nord. Ce dernier mettait en cause le comportement des pêcheurs. Il semblerait que la majeure partie des prises, soit 90 % des thons rouges capturés, n’ont pas atteint l’âge de 4 ans, au moment de leur reproduction. « Il est donc temps d’agir avant que ce poisson ne soit visible que par le biais de photos et de dessins. » a expliqué un armateur polynésien, spécialisé dans la pêche du thon. « En Polynésie, on est plus ou moins protégé contre la surpêche, mais pour peu de temps encore, avant que la commission des pêcheries ne cède et décide d’augmenter les quotas. Comme le soulignait Tearii Alpha lors d’une réunion, c’est là que le danger arrivera, lorsque les bateaux étrangers verront que nous, ici, on a un quota inférieur en terme de productivité, ils s’engouffreront dans la brèche. »

En octobre 2013, la WCPFC (Commission des Pêcheries pour le Pacifique occidental et central) avait été pointé du doigt par un groupe d’experts en charge de passer en revue les mesures mise en place dans le cadre de la gestion des ressources halieutiques dans le Pacifique. Ces derniers ont dénoncé le rythme insoutenable des activités de pêcheries par plusieurs organismes régionaux tels que le groupe des PNA (Accords signés entre huit régions du Pacifique Sud). Pour 2012, le volume estimé de prises a atteint un volume record, avec 2,6 millions de tonnes, dont la plus grosse partie est représentée par le thon. Une des solutions préconisées par les pays concernés, réduire le nombre de jours de pêche et de navires ; ce qui, semble-t-il serait le meilleur moyen pour permettre aux pays membres de tirer un plus grand bénéfice des droits de pêche tout en préservant la ressource en thon.

De ce fait, les membres du PNA envisagent de mettre en place un système qui remplacerait les licences de pêche par une vente aux enchères de jours autorisés à la pêche, système qui existe déjà pour la pêche à la bonite, un poisson dont la population est abondante et qui est couramment utilisé par les conserveries. En l'étendant à la pêche aux thons les plus en danger, l'albacore et le thon obèse, majoritairement destinés au marché japonais des sushis et du sashimi, les pays du PNA protégeront deux espèces menacées par la surpêche qui pourraient disparaître si aucune mesure n'est mise en place pour diminuer le nombre de captures.

La Polynésie est encore préservée aujourd’hui, mais reste à savoir pour combien de temps encore ?

TP


Rédigé par TP le Jeudi 6 Mars 2014 à 16:10 | Lu 2874 fois
           



Commentaires

1.Posté par Popoti le 07/03/2014 04:51 | Alerter
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Je lis "La Polynésie est encore préservée aujourd’hui, mais reste à savoir pour combien de temps encore ?". Arrêtez de regarder votre "pito"

Le stock a baissé de 96 pour 100 et nous se serions pas concerné ??? vous croyez encore au père Noël .

Les moyens de surveillance maritime de nos eaux territoriales sont dérisoires. 2 à 3 bateaux militaires datant de la seconde guerre mondiale. Le bateau de la douane qui demeure à quai le 3 quart de l'année et limite globalement ses rares sorties au fameux triangle " Taapuna, Moorea, Iles sous le vent".

Quoique que l'on en dise, nos eaux sont pauvres en espèces pélagiques, sinon pourquoi les thoniers resteraient ils à quai ?

2.Posté par Jean Pierre le 07/03/2014 09:03 | Alerter
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La surpêche est une plaie mondiale, par contre ce que dit Popoti est faux dans la mesure ou la surveillance de la ZEE ne se fait pas avec les deux patrouilleurs ou la vedette des douanes, mais par satellite et que ce sont les gardians qui sont dépêchés sur place pour prendre des photos, ce n'est que par la suite que les bateaux en faute sont contrôlés et éventuellement sanctionnés, si les photos montre une activité illégale.
Nos thoniers hélas restent à quai, si nous avions des équipages capables de rester un à deux mois dans les 50em rugissants ce ne serait pas le cas, l'océan Pacifique n'est pas un océan très riche, mais certaines zones concentrent les pélagiques, et la pêche y est d'un bon rapport.

3.Posté par Popoti le 07/03/2014 11:04 | Alerter
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@ Jean Pierre,

Combien d'infractions relevées sur les dernières années ? presque rien et je reste persuadé que les pécheurs illégaux sont informés des mouvements de nos rares navires de contrôle.

Vous parlez des avions "guardians" combien d'heures annuelles effectives de contrôle des zones de pêche ??
La majeure partie des leurs missions concernent la recherche de bateaux égarés(merci à eux).

L"Etat et le pays n'ont pas les moyens d"éviter le pillage de nos eaux.

4.Posté par Tehei le 07/03/2014 13:47 | Alerter
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j'ai lu ,quelque part , qu'aujourd'hui , nous pêchons plus que le renouvellement du stock de poissons dans les océans !!!
Plus de poissons , d'abeilles ,de respect , je ne voudrais pas naître aujourd'hui ......§

5.Posté par Jean Pierre le 07/03/2014 18:24 | Alerter
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@Popoti, je n'ai pas le bilan des deux dernières années mais en 2011 ça n'a pas été moins de 1450 infractions constatées dont une soixantaines pour pêche illégale et 5 contraventions supérieure à 8 millions Cfp. les dépenses pour les avions étaient de 600 millions et pour les bateaux patrouilleurs de 1,5 milliards. C'est sur que l'on doit pouvoir faire mieux, quand tu vois la carte satellite avec la pression de pêche autour de notre ZEE ça fait peur.

6.Posté par Phil le 08/03/2014 13:46 | Alerter
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La concentration de bateaux de pêches étrangers est essentiellement autour des Marquises et aux limites de la ZEE entre Les Marquises et les Tuamotu. Les moyens de contrôle de l'Etat sont tous à Tahiti : 1,9 millions de XPF l'heure de vol du Gardian, combien le coût du Prairial ? Si l'Etat mettait des moyens nautiques aux Marquises, genre P400, cela coûterait moins cher et les contrôles plus réguliers, non ?