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Pascal Yen Kai Sun : “J’aime créer, me lancer dans de nouvelles activités”


TAHITI, le 1er février 2023 - Tahiti, le 1er février 2023 - Après avoir quitté son emploi de salarié pendant six ans dans une entreprise locale, Pascal Yen Kai Sun n’avait pas de projets particuliers, mais de nombreuses idées et l’envie de monter une boîte. Il s’apprête à lancer Brico-Lab, un atelier partagé.

Ancien salarié et jeune démissionnaire, Pascal Yen Kai Sun avait envie de voler de ses propres ailes. Il s’apprête à développer son projet. Celui d’un atelier de fabrication partagé : Brico-Lab. “J’aurais pu parler de bricolage car c’est ce que l’on pourra y faire concrètement, mais c’était un peu péjoratif”, détaille-t-il. Dans cet atelier, se trouveront des équipements, machines et outils en libre-service pour bricoler. L’espace sera accessible aux particuliers comme aux petites entreprises. L’intérêt ? “Mutualiser les équipements ; mettre à disposition des machines qui sont trop encombrantes, trop lourdes, trop coûteuses et pourtant indispensables.” Les avantages seront financiers avant tout mais également environnementaux, car cela réduit le nombre d’équipements. Ils seront également sociaux car Pascal Yen Kai Sun tient aux échanges formels et informels. “Je pense que plus il y a de personnes dans un espace, plus c’est créatif, plus il y a des choses qui sortes.” Il imagine un espace convivial. Il ne construira pas des box mais organisera un open space où les abonnés pourront discuter et mettre en commun leurs idées, compétences, savoir-faire. Il y aura également des formations de temps en temps.

Ouverture au 1er trimestre 2023

Le porteur de projet annonce l’ouverture d’un premier espace prototype d’une cinquantaine de mètres carrés au cours de ce premier trimestre 2023. L’accès se fera comme pour une salle de sport sur abonnement. Le prix sera fonction du temps passé. Dans un premier temps, il équipera l’espace de machines pour travailler le bois : raboteuse, dégauchisseuse, scie sur table, perceuse à colonne et scie à ruban. Il y aura, en outre, tous les appareils électroportatifs comme des perceuses, visseuses ainsi que des consommables qui, eux, seront à vendre. Il veut se concentrer sur la menuiserie. Plus tard, et dans le cadre du développement de son projet, il pourra mettre à disposition d’autres équipements pour travailler d’autres matériaux comme l’acier par exemple. “Le bois est plus proche du do-it-yourself, plus commun.” Cette liste a été établie “par expérience”. Elle contient les essentiels.

Je rêvais d’être cuisinier


Pascal Yen Kai Sun, né à Tahiti, a grandi à Punaauia. Il est allé à l’école en ville, “comme beaucoup de gens je crois” : primaire, collège puis lycée. Son rêve ? : “Devenir cuisinier. Je voulais faire le lycée hôtelier.” Chez lui, il aimait cuisiner avec ses parents, expérimenter des recettes, tester de nouvelles saveurs. Il préférait le salé au sucré. “La pâtisserie, ce n’est pas mon truc.” Il admet qu’il est “gourmand” et que cela a dû peser aussi dans la balance quand il a parlé de son envie. “Mais j’étais bon en maths : j’ai dû faire une prépa.” Un temps, il a envisagé devenir contrôleur aérien, “mais j’étais myope. La question a vite été réglée.

Il a passé deux ans en région parisienne entre 2005 et 2007 pour suivre sa prépa, puis a intégré une école d’ingénieurs à Lille. Il a vécu dans cette ville du nord de la France entre 2007 et 2010. L’école était orientée industrie. “J’ai bien apprécié les travaux pratiques sur les machines industrielles de fabrication.” Son diplôme en poche il est revenu au fenua où il a passé 6 mois à Gaz de Tahiti en tant qu’ingénieur junior. “J’étais chargé de la gestion de projets.” En 2011, Pascal Yen Kai Sun a souhaité reprendre ses études pour se spécialiser. Il est allé à Brest pour suivre un master en énergie marine renouvelable dans une école d’ingénieurs en partenariat avec l’école navale et l’Université de Bretagne occidentale (UBO). Il a enchainé avec un contrat dans une start-up bretonne. Il a participé à la mise à l’eau et à l’exploitation d’une hydrolienne sous-marine sur l’île de Ouessant au large de Brest. Il ne s’agissait pas de la première hydrolienne immergée mais de la première hydrolienne immergée raccordée au réseau public. “Et puis j’ai eu une opportunité en Polynésie.” Alors Pascal Yen Kai Sun est rentré après cinq années dans la start-up. Une expérience enrichissante.

Incubé à Prism

Il a mis un premier pied chez Prism en suivant le programme Start. Il s’agit d’un module court, de deux mois, qui permet de “concrétiser l’idée que l’on a en tête, de voir si elle est réalisable”. Parmi toutes ses idées, il s’est présenté avec son projet de Brico-Lab. C’est un concept qui existe déjà ailleurs. “J’en avais aperçu en région parisienne en 2018 sans vraiment me pencher sur la question à l’époque.” Aux États-Unis les Brico-Lab sont connus sous le nom de Maker Space. Cela se rapproche par ailleurs de l’esprit Fab Lab qui est un réseau mondial de laboratoires locaux, rendant possible l'invention en donnant aux individus accès à des outils de fabrication numérique. Pour Pascal Yen Kai Sun, le Fab Lab ne convient pas exactement aux besoins du territoire : cela a une connotation trop numérique. “Mais c’est une piste de développement”, admet-il.

Par la suite, toujours chez Prism, il a été invité à se présenter au programme Test & Learn qui est “plus précis et plus concret”. Son objectif, en entrant dans ce second programme en octobre était de pouvoir ouvrir son prototype en sortant. Le programme durant cette fois-ci six mois. Durant cette période, les inscrits sont accompagnés. Ils ont accès à un espace et ont, à intervalles réguliers, des interventions de professionnels. “On peut croiser d’autres incubés, c’est vraiment intéressant.”

Se lancer dans la création d’une entreprise n’est pas simple au quotidien. “Ce qui est difficile c’est de se retrouver seul, sans cadre, de devoir tout gérer, ses objectifs, ses propres deadlines, l’administratif, le développement, la communication…” Pascal Yen Kai Sun dit avoir toujours été très autonome, même en tant que salarié, pour autant, le contexte est désormais très différent. “Il faut se motiver, se discipliner pour pouvoir avancer.” Mais il n’a “aucun regret”. Il affirme rester “épanoui”. Il n’a plus le même stress à gérer, mais il tient bon, porté par son projet.

Après l’ouverture du prototype, il se lancera dans un atelier définitif plus spacieux et mieux équipés, présentant 200 à 250 mètres carrés de surface. La cuisine reste une passion et il a toujours un grand nombre d’idées à réaliser. “Je peux au moins aller jusqu’à l’ouverture de l’atelier définitif avant de passer, peut-être, à autre chose.” Essayer est le seul moyen de savoir, “de prendre goût à l’aventure ou bien de partir en courant”. Il aura la réponse sous peu.

Contacts

FB : Brico-Lab Tahiti, les ateliers partagés
Tél. : 87 25 00 66
Mail : [email protected]

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 1 Février 2023 à 21:04 | Lu 3859 fois