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Pascal Ramounet, directeur de l'Institut Malardé : "On ne peut pas continuer à fonctionner de cette manière"


"C'est important d'avoir un outil de recherche et de diagnostic local car on est isolé", souligne Pascal Ramounet, directeur général de l'Institut Louis Malardé. "Il faut compter d'abord sur nos propres moyens."
"C'est important d'avoir un outil de recherche et de diagnostic local car on est isolé", souligne Pascal Ramounet, directeur général de l'Institut Louis Malardé. "Il faut compter d'abord sur nos propres moyens."
PAPEETE, le 1er septembre 2016. Le conseil des ministres a annoncé la semaine dernière la mise en place d’un dispositif de départs volontaires anticipés à la retraite à l'Institut Louis Malardé (ILM). Six personnes sont concernées. Le gouvernement a attribué à l'Epic une subvention exceptionnelle de 53 millions pour financer ces départs. En 2015, le déficit de l'établissement a atteint 45 millions de Fcfp. " Il faut trouver un mode de financement qui nous permette d'avoir de la visibilité sur plusieurs années", indique Pascal Ramounet, directeur général de l'Institut Louis Malardé.

Dans quel contexte la décision d'un plan de départs à la retraite a-t-elle été prise ?
"L'équilibre financier de l'Institut Louis Malardé est toujours difficile à trouver. En dehors des périodes d'épidémie, puisqu'on réalise la plupart des analyses dites spécialisées comme pour le chikugunya et le zika, on est déficitaire depuis quelques années.
Un des objectifs de développement c'est de faire des économies. Le plus gros poste de dépenses à l'ILM c'est les ressources humaines. C'est normal puisqu'on est un organisme de recherche : la part de la matière grise est importante.
Depuis 2009, une politique de diminution des effectifs a été engagée. En améliorant les dispositifs de fonctionnement, on pouvait faire l'économie d'un certain nombre de personnels. En 2009, il y avait 102 agents permanents. A l'issue de ce dispositif, on arrivera à 72 personnes. C'est assez remarquable en termes de productivité. On a modifié les modes de fonctionnement en rendant les agents davantage polyvalents qu'ils ne l'étaient.
Un certain nombre d'agents sont partis. On en a recruté d'autres. Cela nous a permis aussi de recruter des jeunes Polynésiens."

Combien de personnes seront concernées par ce plan de départs volontaires ?
"Six agents. Cela nous fera une économie substantielle dès 2017, de l'ordre de 24 millions. Pour comparaison, le déficit a été de 45 millions en 2015."

Est-ce réaliste qu'un établissement comme l'ILM soit à l'équilibre ?
"C'est la bonne question. Nous sommes un établissement public -certes industriel et commercial- mais un établissement public. Notre première mission est de rendre des missions de service public. Il faut trouver un juste équilibre entre le financement de ces missions de service public. Une part est financée par des prestations et une autre part est financée par la puissance publique. Tout le débat est de savoir où doit se situer le curseur. (…) La question qui se pose donc est : est-ce que la puissance publique doit donner plus d'argent ? Est-ce que nos missions doivent être modifiées ?.. Le débat est là."

Mais vous qu'en pensez-vous ?
"Il est évident qu'on ne peut pas continuer à fonctionner de cette manière. C'est trop aléatoire. On n'a pas de visibilité, cela nous entrave dans nos projets d'avenir. Il faut trouver un mode de financement qui nous permette d'avoir de la visibilité sur plusieurs années. Il y a plusieurs options, moi je propose des solutions mais c'est au gouvernement de trancher."

Quelles pourraient être ces options ?
"Je ne peux pas rentrer plus dans le détail tant que ce n'est pas validé par le gouvernement. Mais il y a deux voies possibles : une modification des missions ou un abondement de la subvention. Au niveau de la maitrise des dépenses, je pense qu'on a fait pratiquement tout le chemin, on peut toujours s'améliorer mais ce sera à la marge. Après, on peut jouer au niveau des recettes avec un soutien accru de la puissance publique ou en modifiant les activités de Malardé.
Si au niveau de la collectivité on veut optimiser les dépenses publiques, on doit réfléchir à mon sens sur les missions de chacun pour éviter les chevauchements et faire en sorte que ce soit le bon organisme qui réalise les bonnes missions.
Il faut donner les missions à ceux qui sont experts dans le domaine donné. Il y a différents acteurs en matière de santé : le CHPF, la Direction de la santé, l'ILM… Il y a une recherche de cohérence à faire déjà là. Au niveau de la recherche, il faut concentrer la matière grise et les équipements en un seul lieu. On est dans une situation qui appelle des décisions."

Une série de mesures depuis 2009

Le conseil des ministres a approuvé le 24 août l’attribution d’une subvention exceptionnelle en faveur de l’Institut Louis Malardé d’un montant de 53 millions Fcfp pour le financement d’un dispositif de départs volontaires anticipés à la retraite.
"Engagé depuis 2009 dans une politique de maîtrise des dépenses, l’Institut Louis Malardé a mis en œuvre diverses mesures de nature à maîtriser ses charges de personnel", indiquait la semaine dernière la présidence. "On retiendra notamment une baisse de l’effectif permanent de 24% depuis 2009 (de 99 à 75 agents), le passage aux 35 heures de 2012 à 2014, le gel des bonifications d’avancement, la suspension des congés administratifs ou encore la suppression des primes d’encadrement et d’ordonnancement." L’économie engendrée par la mise en œuvre de ce nouveau dispositif devrait s’élever en 2017 à 24 millions Fcfp. Le déficit de l'institut a été de 45 millions en 2015.



Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 1 Septembre 2016 à 13:36 | Lu 2685 fois