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Papy Fat : les accusés condamnés à des peines comprises entre 15 et 20 ans de prison ferme


PAPEETE, le 8 juin 2018 - Au terme de cinq jours de procès et de plusieurs heures de délibération, les jurés de la Cour d’assises ont rendu leur verdict dans l’affaire de la mort de Chong Sing Thong Fat. Les quatre accusés, dont deux étaient mineurs à l’époque des faits, ont été condamnés à des peines comprises entre 15 et 20 ans de prison.

Peu avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, les quatre accusés se sont succédé à la barre où ils étaient appelés à s’exprimer pour la dernière fois. Tremblant de tout son corps, Nick M, considéré comme le « référent », le « leader » du groupe le jour des faits, s’est tourné vers la famille de Chong Sing Thong Fat. « Je suis sincèrement désolé de ce que l’on a fait. J’ai honte. Je m’excuse aussi pour cette longue attente que vous avez vécue » a-t-il déclaré face aux enfants de la victime qui, tout au long de cette pénible semaine, auront fait preuve d’une extrême dignité. Face à ces propos, l’une des filles de Chong Sing Thong Fat a d’ailleurs acquiescé en silence, montrant ainsi qu’elle avait entendu ces excuses. Et c’est certainement l’une des images que l’on retiendra de ce procès qui aura été marqué par les souvenirs confus des accusés, par l’épreuve du temps et par les incertitudes concernant les causes précises de la mort de la victime.

Lors de ses réquisitions, l’avocat général avait tenu à hiérarchiser le « niveau de responsabilité de chacun ». Vingt ans de prison ont été requis contre Nick M, « celui qui porte la plus grande responsabilité, celui qui a giflé Papy Fat et qui a profané son corps, le « référent » vers lequel les autres se tournaient. » Le représentant du ministère public a qualifié les accusés de « gens frustres qui ont du mal à s’exprimer », indiquant qu’à l’époque des faits, les quatre jeunes passaient leur journée à « fumer du paka » et à « surveiller leur territoire. » Quinze ans ont été requis à l’encontre de Sylvestre P qui avait « déclenché l’emballement des violences. », puis dix ans de prison contre Johnson P, « le maillon faible, le seul chez lequel on a senti un sursaut d’humanité » et Rainui, le « suiveur de cette équipée qui ne s’était pas interposé face aux violences. »

Tous les avocats de la défense ont plaidé en faveur d’un acquittement. Chacun aura tenté de s’engouffrer dans les incertitudes du dossier, de démontrer, à l’image de Me Huguet, « l’absence totale d’éléments intentionnels. » Me Lavoye, qui intervenait pour la défense de Johnson P, a évoqué un « procès des peut-être, un procès des hypothèses » : « lorsque l’on ignore la cause exacte du décès de quelqu’un, comment peut-on accuser un individu de l’avoir tué ? »

Après en avoir délibéré, la Cour d’assises a condamné Nick M à 20 ans de prison, Sylvestre et Johnson P à des peines de 18 ans de prison et Raunui F à 15 ans de prison.



Rédigé par Garance Colbert le Vendredi 8 Juin 2018 à 20:50 | Lu 4233 fois