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Palau a perdu l’un de ses "hôtes" Ouïgours


Adel Noori
Adel Noori
KOROR, lundi 18 février 2013 (Flash d’Océanie) – Les autorités du petit État insulaire de Palau ont confirmé en fin de semaine dernière qu’ils étaient toujours à la recherche, sans succès, d’un des six ressortissants chinois Ouïgours « relogés » sur cette îles depuis leur libération de la prison cubaine de Guantanamo, fin 2009.
Ce relogé, identifié comme un homme de 43 ans répondant au nom d’Adel Noori, aurait en fait disparu du radar des autorités depuis plusieurs semaines, a reconnu un responsable du gouvernement local, qui rappelle que cet individu ne possède aucun passeport.
Dans le cadre de sa résidence forcée à Palau, il était employé en tant qu’agent de sécurité dans un lycée local, où il ne se serait pas présenté depuis au moins deux mois, précisent les mêmes sources.
« Le gouvernement de Palau enquête actuellement au sujet de la disparition d’un des six hommes Ouïgours », a laconiquement communiqué le gouvernement local.


Arrivée à Palau des six ex-détenus de Guantanamo en novembre 2009

Palau a perdu l’un de ses "hôtes" Ouïgours
Ces six ex-détenus de Guantanamo sont arrivés à Palau en novembre 2009, après leur libération de la prison cubaine de Guantanamo, mise en place par l’administration Bush pour des individus soupçonnés d’avoir des liens avec des groupes terroristes
Les Ouïgours, originaires de la province chinoise de Xinjiang, avaient passé huit années dans les geôles de Guantanamo.
Après l’offensive américaine en Afghanistan, ils avaient fui pour le Pakistan voisin, où les autorités les avaient remises aux forces des États-Unis.
Mais rapidement, les Américains avaient acquis la conviction que les dix sept Ouïgours ne pouvaient être considérés comme des ennemis combattants », mais ils avaient dû les garder à Guantanamo en attendant qu’un pays tiers accepte de les accueillir en tant que réfugiés (ces personnes ayant affirmé qu’ils ne pouvaient rentrer en Chine, où ils seraient probablement persécutés).

Le président palauan, à l’époque Johnson Toribiong, affirmait que cet hébergement entrait dans le cadre d’un accueil « temporaire » de ces ex-pensionnaires de la prison américaine, dont l’administration du Président américain Barack Obama a annoncé courant 2009 la désaffectation progressive.

Dès la mi-juin 2009, M. Toribiong évoquait sa réponse positive, sur le principe, à une demande émanant de l’administration américaine.
Toujours sur le principe, cette mesure concernerait un groupe d’une demi-douzaine de musulmans (appartenant à l’ethnie asiatique des Ouïgours, originaire de l’Ouest de la Chine), permettrait ainsi le relogement « temporaire » des intéressés, en attendant l’identification d’un emplacement d’accueil plus définitif.

Fin janvier 2010, Johnson Toribiong, alors Président de Palau, signait une nouvelle enveloppe entrant dans le cadre du renouvellement du contrat de « libre-association » liant Koror à Washington et qui portait désormais sur un montant révisé à la hausse de quelque 250 millions de dollars US, pour la période 2010-2014.
M. Toribiong avait toutefois formellement démenti cette semaine l’existence de tout lien entre cette enveloppe accrue et l’accueil, depuis novembre 2009, de six ressortissants chinois Ouïgours libérés de la prison de Guantanamo.
Toutefois, cette réponse favorable de la part de Palau à Washington intervenait aussi sur fond de négociations, toujours non résolues, entre cet État insulaire et les États-Unis, auxquels il est « librement associé ».
Les discussions semblaient achopper, fin 2009, sur le montant de l’enveloppe américaine pour la période 2009-2024, la version courante du « pacte » arrivant à terme en 2009.
Le gouvernement de Palau avait en effet indiqué clairement son mécontentement à l’annonce du montant décidé par Washington pour la version à venir du « contrat de libre-association » : 156 millions de dollars US, que Koror qualifiait alors d’ « arbitraire ».
Palau en réclamait alors au minimum 225, invoquant, entre les lignes, l’accueil des Ouïghours.
M. Toribiong évoquait déjà comme paramètre ayant joué dans sa décision les « relations fortes et anciennes (de son pays) avec les États-Unis » et démentait formellement toute suggestion d’un éventuel lien entre cette décision et les pourparlers d’une commission paritaire avec l’administration de Washington afin de réévaluer, en qualité et en quantité, l’aide des États-Unis à cet État océanien, conformément au pacte de « libre-association » signé entre les deux parties depuis l’indépendance de Palau en 1994.


L’Australie coincée entre le Panda et l’Oncle Sam

Un autre pays, allié de premier plan des États-Unis, avait été contacté ces derniers mois par Washington concernant ce groupe d’Ouïghours : l’Australie.
Mais cette demande américaine avait, du coup, suscité de vives critiques de la part d’un autre ami et partenaire prééminent de Canberra : la Chine populaire.
Pékin n’apprécie guère les Ouïgours, qu’elle considère comme une ethnie hostile à l’empire du milieu et qui, dans la province de Xinjiang, recèle de nombreux militants (qualifiés de « terroristes » par le gouvernement chinois) luttant pour l’indépendance de cette province.
Début juin 2009, un communiqué du gouvernement chinois était sans équivoque : « Les suspects terroristes chinois détenus à Guantanamo Bay sont des membres du groupe terroriste du Mouvement Islamique du Turkestan oriental. Ils doivent donc être remis à la Chine pour être traités conformément à la loi (…) Par conséquent, notre position à nous opposer à ce que tout pays les accepte, au nom de quoi que ce soit, demeure inchangée », déclarait Pékin.
À Canberra, une démarche diplomatique, sous forme de protestation, via l’ambassade de Chine, avait même été entreprise auprès du gouvernement australien.
Auparavant, le département australien des affaires, via un porte-parole, confirmait avoir reçu une demande officielle de la part de Washington concernant un éventuel accueil de ces désormais réfugiés.
« Le gouvernement australien examinera cette requête au cas par cas et conformément aux exigences strictes de l’immigration et de sécurité nationale (…) La même rigueur qui avait été appliqué à une précédente requête, qui fut rejetée, sera appliquée à celle-ci », avait prudemment précisé un communiqué.

Rédigé par PAD le Lundi 18 Février 2013 à 06:00 | Lu 609 fois