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Oscar Temaru et son témoignage de 1987


Tahiti, le 17 octobre 2020 - Le président du Tavini, Oscar Temaru, a organisé vendredi matin une conférence de presse au siège du parti en compagnie d'un ancien syndicaliste arrêté lors des émeutes de 1987, qui affirme s'être vu proposer à l'époque de témoigner contre le leader indépendantiste en échange de sa remise en liberté.
 
Le tavana de Faa'a et président du Tavini huiraatira Oscar Temaru a invité les médias vendredi matin au siège du parti pour une conférence de presse sur le thème : "La justice est-elle indépendante ?". Pas question pour autant de mentionner l'audience de référé pour atteinte à la présomption d'innocence entre le leader indépendantiste et le procureur Hervé Leroy, fixée selon nos confrères de Polynésie la 1ère au 21 octobre à Nouméa. Fidèle à lui-même, Oscar Temaru est resté maître en l'art du contre-pied.
 
Le président du parti indépendantiste est en fait revenu sur les faits du 23 octobre 1987, lors du mouvement de grève des dockers. Un évènement dont beaucoup se souviennent encore aujourd'hui puisque la ville de Papeete a été incendiée. L'état d'urgence ainsi que le couvre-feu avaient même été décrétés au fenua le lendemain de ces évènements. "On aurait pu éviter tout ce que nous avons vécu si au niveau de l'Etat on avait utilisé l'intelligence au lieu de la force, et du muscle", a d'abord taclé le leader indépendantiste, accompagné pour l'occasion d'un ancien capitaine de la marine marchande et syndicaliste : André Voirin. C'est ce dernier qui a en fait raconté avoir été arrêté et emprisonné avec une soixantaine d'autres personnes entre le 1er novembre 1987 et le 5 mars 1988, "sans qu'il n'y ait jamais eu de procès", glisse le leader indépendantiste.
 
"Une proposition" 
 
André Voirin a surtout souhaité raconter que lorsqu'il était en prison, il avait été "convoqué" par le juge d'instruction le 24 décembre 1987. A son arrivée au tribunal, il était tombé nez à nez avec son épouse et un de ses fils. Mais surtout, il affirme que lors de son entretien avec le "juge Taliercio" à l'époque : "il y avait des sous-entendus pour nous faire dire que c'est le président Oscar Temaru qui a fomenté ce coup et pour incendier la ville de Papeete". L'ancien capitaine affirme qu'un écrit était prêt et qu'il n'avait plus qu'à le signer pour sortir libre le soir même : "Il m'a dit : je te fais une proposition, nous sommes le 24 décembre (…), tu me signes cet écrit là et en sortant de mon bureau et tu rentres chez toi passer le réveillon".
 
André Voirin affirme ne rien avoir voulu signer et avoir été raccompagné à Nuutania. L'ancien capitaine dit faire le parallèle avec Pouvana'a : "c'est une répétition de l'histoire mais qui revient avec un autre personnage politique". Le président du parti bleu ciel insiste, selon lui ce témoignage "est un devoir de mémoire il faut que les jeunes sachent aussi ce qui s'est passé à l'époque". Le leader indépendantiste qui n'a pas hésité, comme à son habitude, à faire le comparatif avec sa situation : "c'est ce qui se passe aujourd'hui avec moi. C'est la même chose, il n'y a que les années qui changent mais ce sont les mêmes méthodes".
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Samedi 17 Octobre 2020 à 15:30 | Lu 3507 fois